Après le discours d’Edouard Philippe: la montagne accouche d’une souris par M-R Hayoun

 

 

 

 

 

Réflexions sur l’incurie en politique. De temps en temps il faut descendre des cimes élevées de la philosophie pour se confronter aux difficultés pratiques, quotidiennes de la vie de la cité. Et comme le notait Platon il a plus de deux millénaires et demi, la cité doit être gouvernée, c’est presque un mal nécessaire, on ne peut pas s’en laver les mains comme Ponce Pilate… Avec les conséquences que nous connaissons. L’action politique est donc incontournable.

Quarante-huit heures après nous avoir délivré l’oracle gouvernemental, la situation est encore plus grave qu’auparavant.

Le gouvernement, conseillé par je ne sais qui, a voulu nourrir le suspens, on allait voir ce qu’on allait voir, le chef du gouvernement actuel promettant de pourfendre les rumeurs qui circulent et acceptant enfin de livrer le projet complet du président de la République concernant les retraites.

La France entière s’est donc arrêtée de respirer pour écouter la bonne parole… Et, si j’en crois les commentateurs professionnels dont je ne suis pas, le compte n’y est vraiment pas. Pire : loin de dissiper le climat d’incertitude, nourri par les atermoiements du gouvernement, ne s’est toujours pas dissipé.

Mais pourquoi donc ce gouvernement est il poursuivi par cette atmosphère, ce climat de défiance ? Chaque fois qu’il dit quelque chose, et le discours du Premier ministre contenait des choses, trop peu, mais tout de même, eh bien chaque fois les citoyens lui prêtent de noires arrière-pensées qu’il n’a pas ou qu’il n’a plus ?

La réponse semble simple ; le gouvernement, désuni sur ce point, ce véritable enjeu de société, a commencé par adopter une démarche tâtonnante, comme s’il n’avait pas encore de religion sur le sujet. Et qu’on ne nous dise pas qu’il a simplement voulu poursuivre les consultations : celles-ci durent depuis presque deux ans !

Et je ne reviens pas sur les contradictions des différentes sources habilitées à s’exprimer sur le sujet. Comment voulez vous que le peuple suive et ne s’inquiète guère de ce qu’on lui prépare ?

Je me demande encore et encore qui conseille les décideurs sur ce point crucial des retraites. A aucun moment, le pouvoir n’a mesuré ce que cela représente pour les gens : de quelles ressources vais je disposer pour vivre durant mes vieux jours ? Comment ferais je pour joindre les deux bouts, surtout si je tombe malade, si je dois intégrer un hospice ou, pire encore, si je n’ai plus la santé que j’avais avant ? En une phrase : A quoi ressemblera ma vie ? Cela va bien au-delà de simples caculs budgétaires…

A toutes ces questions, le gouvernement a fait semblant de répondre alors qu’il n’avait même pas une vue générale, globale de la situation. Un exemple particulièrement éclairant (si j’ose dire) de l’incurie et de l’impéritie de ce gouvernement : la situation de la communauté enseignante qui a dû consulter des simulateurs pour se projeter sur le sort qu’on lui réservait.

Et qui découvre l’ampleur du manque à gagner ! C’est seulement après cela que le gouvernement a reconnu, par la bouche d’un ministre très mal à l’aise, qu’il fallait revaloriser les salaires, distribuer des primes afin, justement, que les enseignants ne perdent pas de leur pouvoir d’achat. C’est inouï.

Si les enseignants n’avaient pas réagi, le gouvernement aurait gardé le silence, nous réservant des lendemains amers. Aujourd’hui, il reconnaît qu’il doit délier les cordons de la bourse mais ne donne ni l’enveloppe ni le calendrier. Or, le ministère en question est un mammouth, plus d’un million deux cents mille personnes qu’on mécontente. Ce risque, au moins, aurait dû être pris en compte, il ne l’a pas été. C’est pourquoi je repose la question ; mais qui conseille ce gouvernement ?

Ces atermoiements, ces incertitudes, ces hésitations ont généré un climat ; et il est très difficile de lutter contre un climat. C’est un peu comme une peste insidieuse ou un gaz asphyxiant… Pour assainir l’atmosphère, il faut ouvrir grand les fenêtres et allumer les lumières : deux choses que le gouvernement va peut être tenter de faire.

Mais ce n’est pas tout. Le plus grave est à venir. Alors qu’il disposât d’une carte maîtresse pour briser le front syndical et enfoncer un coin entre ses adversaires (opinion publique, syndicats, etc…) le gouvernement a commis un impair qui va nous coûter cher : Laurent Berger, furieux de ne pas avoir été entendu, se lance à son tour dans la grève.

Alors qu’on pensait débloquer la situation ce week end, on nous promet pour mardi une immense journée d’action qui va peser encore plus sur la vie des gens. J’ai écouté à la radio et à la télévision les plaintes de dames qui se disent épuisées par des réveils matinaux, des marches épuisantes, un emploi du temps bouleversé, pour vaquer à leurs occupations… Et tout cela le gouvernement ne semble pas s’en soucier. Attention, les élections municipales ne sont plus très éloignées et le peuple a la mémoire longue.

Revenons au discours : au lieu d’opter une fois pour toute pour la clarté et la droiture, ce gouvernement a choisi l’ambiguïté et le contournement. Au lieu de dire qu’il faudra rester plus longtemps au travail et ne partir en retraite qu’après 64 ans (ce qui est raisonnable et rationnel) on entretient la fiction des 62 ans, ce qui parasite la communication gouvernementale. Il faut se limiter à la réalité : 64 ans ou plus ce n’est pas 62 ans… Qui croire ?

Cette affaire risque de coûter très cher. Le fait que Berger et d’autres syndicats réformistes rejoignent le clan des durs change entièrement la donne, puisque le gouvernement a renforcé le front syndical contre lui. Encore une fois ; mais qui donc le conseille ?

En fait, cette histoire a mal commencé, elle a été mal engagée. De simple réforme, la question des retraites est devenue un enjeu de société (Alain Duhamel) qui remet tout en cause. C’est ainsi que je m’explique cette cascade de revendications à la chaîne, un peu comme un patient qui va consulter pour un simple mal de gorge et auquel on découvre bien d’autres maux nécessitant une hospitalisation. Tout le monde s’y est mis, même la police, même les CRS qui se font porter pâles.

Si le gouvernement avait dit la vérité au tout début, il n’aurait pas suscité ce mur de pierre, cette loi d’airain qui l’emprisonne et réduit sa marge de manœuvre drastiquement.

Alors que faire ? Certes, la réforme s’impose, et pas uniquement par orthodoxie comptable. IL y a un problème démographique qui est têtu. De plus en plus de retraités et de moins en moins d’actifs. Et, disons le honnêtement ; l’habitude malsaine de vivre durablement au-dessus de ses moyens. Aucun gouvernement, depuis plus de cinquante ans, n’a eu le courage de le dire publiquement, excepté François Fillon (je suis à la tête d’un pays en faillite.)

Dans tout cela il faudrait que l’appétit n’entre pas en collision avec l’intelligence. Souvenons nous que cette dernière réside dans le cœur. Il faut une intelligence du cœur pour sortir de cette crise. Cette intelligence du cœur sauvera l’intelligence politique qui fait cruellement défaut…

Maurice-Ruben Hayoun

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève. Son dernier ouvrage: Joseph (Hermann, 2018)

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
ROCHETTE

FAUX ET SANS INTERET ! EGOISTE ET SANS CARACTERE ! QUE CE SOIENT ET L’ARTICLE ET LE SEUL COMMENTAIRE.

JE REPONDS AU COMMENTATEUR D’ABORD QUI PARLE DE LA SEULE ISSUE « LA GUERRE CIVILE » IL EST TRISTE SANS AME ET SANS CONSCIENCE QUE D’ECRIRE DE TELLES INEPTIES JE LUI DIS QU’IL FERAIT MIEUX DE TRAVAILLER DONNER AUX PAUVRES PLUTOT QUE D’ETRE OISIF

QUANT AU PROFESSEUR EN PHILOSOPHIE JUIVE IL FERAIT MIEUX DE CHERCHER A DEVENIR PROPHETE JUIF DANS LE VRAI SENS DU TERME CAR LE PROPHETE PROPHETISE DE REVENIR AU DIEU QUI PARDONNE LES PECHEURS AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD . VOILA LA SEULE SOLUTION ! EN EFFET LE MARASME DONT IL NOUS ENTRETIENT A SA SOURCE DANS LA CORRUPTION D’UNE SOCIETE QUI S’EST DETOURNEE DE DIEU . CE QUI EST VRAI POUR LA FRANCE EST VRAI AUSSI POUR ISRAEL . D’AILLEURS JE ME DEMANDE SI MR HAYOUN VIT EN FRANCE OU EN ISRAEL OU LES 2 . PEU IMPORTE ! UN JUIF QUI NE SAIT PAS CELA NE SAIT RIEN EN REALITE ET SES COMMENTAIRES SONT « NIET » !

Asher Cohen

Il n’y a pas besoin d’être agrégé en économie pour comprendre que le gouvernement est dans la position du chef d’entreprise qui face à une stagnation de chiffre d’affaires chronique depuis plus de 10 ans, cherche à réduire les charges de fonctionnement de l’entreprise pour en équilibrer le bilan. Le rabotage des retraites, injustifiées et actuellement abusives, des privilégiés, n’est qu’une solution à court terme et ne réglera pas le problème de fond qui est d’obtenir une croissance du PIB et donc de la production de richesse nationale. Or, on ne peut pas obtenir de développement de la richesse nationale avec un pays putréfié de corruption, de violence, délinquance et criminalité, et la France ne pourra pas emprunter indéfiniment pour assurer ses charges de fonctionnement public.

Les gens qui ont les moyens d’assumer le budget d’un moyen de transport individuel, automobile, 2-roues, etc.., ne sont pas affectés par le manque de transports publics, ce sont les plus pauvres qui en souffrent. De même pour l’inefficacité de l’enseignement public, les gens qui ont les moyens partent étudier à l’étranger. Il faut dégraisser le mammouth de l’Education Nationale, notamment dans les universités, et casser ce pouvoir des communistes sur les transports publics, au besoin en privatisant. En Israël, le Likud a dès 1977 cassé les monopoles inacceptables de la Histadrut et les résultats économiques sont-là. Et bien sûr, la Justice Juive ne sépare-pas le Droit de la Morale, comme en France. Regardez ce que Trump a déjà réalisé aux Etats-Unis. Il faut tirer la chasse d’eau dans ce pays, et jeter tous les corrompus et les destructeurs, à la trappe. A l’effondrement politique va succéder l’effondrement économique, et la seule issue sera alors la guerre civile.