La région Grand Est va faire ériger d’ici à l’automne à Schirmeck, dans le Bas-Rhin, un mur sur lequel seront gravés les noms des quelques 52.000 Alsaciens et Mosellans, civils ou militaires, morts pendant la Seconde Guerre mondiale, a annoncé lundi son président Philippe Richert (LR).
Ce « Mur des noms », qui coûtera 1,2 millions d’euros entièrement financés par le conseil régional, rendra hommage à toutes les victimes locales du nazisme, quelles que soient les circonstances de leur mort.
Il vise à souligner la spécificité de l’histoire de la région: directement annexées à l’Allemagne nazie à partir de 1940, l’Alsace et la Moselle ont subi pendant cette période une mortalité « sans commune mesure avec celle du reste de la France », a souligné Philippe Richert.
« En proportion de la population, la mortalité a été trois fois plus importante ici », a précisé l’historien alsacien Jean-Laurent Vonau.
À quelques kilomètres du Struthof. Le monument de 80 mètres de long sera aménagé en contre-bas de l’actuel « Mémorial de l’Alsace-Moselle », sorte de musée historique implanté à Schirmeck, à quelques kilomètres de l’ancien camp de concentration du Struthof.
Ce musée, inauguré en 2005 et actuellement fermé pour rénovation, doit rouvrir à l’automne. « On s’inscrit dans une tradition mémorielle, dans le sillage de Yad Vashem (« la main et le nom » en hébreu, ndlr) en Israël, du Mémorial de la Shoah à Paris, ou de celui consacré aux morts du Vietnam à Washington », a expliqué de son côté Pascal Mangin, président de la commission culture au Conseil régional.
Recenser tous ces noms, « c’est un travail utile et émouvant. On va par exemple trouver des gens d’une même famille qui se seront battus sous des uniformes différents », a-t-il ajouté.
Sur les 51 à 52.000 morts – le recensement n’est pas encore définitif en ce qui concerne les civils de Moselle -, on compte plus de 30.000 « Malgré-Nous », incorporés de force sous l’uniforme de l’Allemagne nazie, et souvent tombés sur le front de l’Est. Beaucoup n’ont pas de sépulture connue.
« Il nous manquait en Alsace un endroit pour représenter tous ces noms qui manquent dans les cimetières et dans les familles. C’était très important pour nous », a expliqué aux journalistes Gérard Michel, président de l’association OPNAM (orphelins de père Malgré-Nous d’Alsace-Moselle). « Cette histoire, on l’a vécue dans notre chair ».
Les disparus « auront au moins quelques centimètres sur ce mur. C’est la moindre des choses, leur rendre hommage », a ajouté Gérard Michel, dont le père Emile a été enterré dans la fosse commune d’un camp polonais, à l’âge de 33 ans. « Je ne l’ai jamais connu, je suis né quelques semaines après son départ ».
Sur le mur, les victimes figureront par ordre alphabétique, avec leur année de naissance, mais sans mention de la raison de leur décès.
Des informations plus précises sur chaque cas seront en revanche disponibles dans une base de données informatisée, accessible depuis le Mémorial tout proche.
LORACTU

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires