28 July 2020, Saxony-Anhalt, Magdeburg: The defendant Stephan Balliet sits in the hearing room of the regional court. The Federal Prosecutor's Office accuses the assassin of Hall 13 of criminal offences, including murder and attempted murder. On October 9, 2019, on the highest Jewish holiday Yom Kippur, he had tried to cause a bloodbath in the synagogue in Halle. Photo: Ronny Hartmann/POOL/AFP (MaxPPP TagID: dpaphotosfour636969.jpg) [Photo via MaxPPP]

Antisémitisme en Allemagne : « Le procès de Halle ne suffit pas »

Reportage

Fortement médiatisé, le procès de l’auteur présumé de l’attentat antisémite de Halle, en octobre 2019, met en scène un jeune homme radicalisé, qui se présente comme un loup solitaire. Une vision des faits très critiquée dans un pays où certains réclament un « indispensable travail de la société ».

Delphine Nerbollier à Magdebourg (Allemagne), le 29/07/2020 à 10:31

 

Stephan Balliet prend un plaisir évident à répondre aux questions des avocats. Celui qui a scandalisé l’Allemagne, il y a neuf mois, en attaquant une synagogue, le jour de la fête juive de Yom Kippour, dans la ville de Halle, ne renie quasiment rien depuis l’ouverture de son procès, le 21 juillet dernier, devant la cour pénale de Magdebourg, en Saxe-Anhalt.

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Le 9 octobre 2019, cet homme de 27 ans avait tenté de faire exploser la porte de la synagogue, dans laquelle étaient rassemblées 52 personnes, avant de lancer une grenade dans le cimetière adjacent pour faire sortir les fidèles. Faute d’y parvenir, il tue une passante, en pleine rue, puis abat un homme dans un restaurant turc, tout en filmant ses actes. Il sera arrêté à l’issue d’une course-poursuite.

Tuer « le plus de Juifs possible »

Neuf mois plus tard, ce jeune homme de petite taille, au crâne presque rasé et au visage effilé, habillé de noir et menotté aux chevilles, assène sa vision du monde, entre un rire et un sourire. Oui, il a voulu tuer « le plus de Juifs possible », ses « ennemis », tonne-t-il de sa voix légèrement éraillée.

« Auriez-vous tué sans distinction hommes et femmes si vous étiez entrés dans la synagogue », lui demande un avocat ? « Oui, les Juifs veulent l’égalité des sexes, n’est-ce pas ? » répond-il. « Des enfants aussi ? », ajoute l’avocat. « Oui, si cela avait empêché un jour mes propres enfants d’avoir à le faire eux-mêmes », dit-il, sans ciller.

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Devant les juges, Stephan Balliet se qualifie « évidemment » d’antisémite mais refuse de répondre au qualificatif de « nazi ». « C’est pourtant ce que vous êtes », lui rétorque une avocate, après qu’il a accusé « les Juifs d’avoir créé communisme et féminisme » et « de conquérir l’Europe depuis 2 000 ans en soumettant l’homme Blanc ».

L’accusé concède par ailleurs deux regrets : avoir tué une « Blanche », en pleine rue, et avoir « échoué à atteindre son objectif » dans la synagogue. « Je ne suis pas un bon guerrier, vous l’avez vu », déplore-t-il. Très loquace sur ses motivations, l’accusé rechigne en revanche à répondre aux questions concernant l’influence de sa famille sur sa radicalisation. « Aucune. Nous ne parlions jamais de politique à la maison », assure-t-il.

Radicalisé depuis la crise migratoire et l’attentat de Christchurch

Certains avocats n’y croient pas et rappellent que jusqu’à l’attentat, le jeune d´homme vivait encore chez sa mère. Stephan Balliet maintient, lui, la ligne du loup solitaire et « asocial », radicalisé sur Internet depuis la crise migratoire de 2015 et l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande, en mars 2019. L’avocate Assia Lewin le reconnaît : « Stephan Balliet tente de transformer son procès en tribune. C’est inévitable. À nous, avocats, de le contrer. »

Malgré la période estivale, l’ouverture de ce procès a reçu un fort écho de la part des médias allemands. À l’extérieur du tribunal toutefois, la frustration est perceptible parmi un groupe de manifestants. « Ce procès ne doit pas remplacer l’indispensable travail de la société pour lutter contre l’antisémitisme », explique un militant.

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La semaine dernière, Christina Feist, partie civile dans ce procès, ne cachait pas sa colère : « Lorsque je regarde l’Allemagne, je vois un pays qui n’a pas tiré les leçons de son passé, malgré la Shoah. L’antisémitisme est enraciné dans ce pays. Parler de cas isolés et de loups solitaires est un affront qui nous est fait », dénonçait-elle.

https://www.la-croix.com/Monde/Antisemitisme-Allemagne-proces-Halle-suffit-pas-2020-07-29-1201106882

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