Il est de bon ton d’affirmer que l’économie israélienne va bien et qu’elle a été épargnée par la crise mondiale.

Effectivement elle a affiché une sortie de crise remarquable.

Les prévisions de la Banque d’Israël ont été dépassées avec 3,1% de croissance en 2012 tandis qu’elle est prévue à 3,5% en 2013.

L’inflation reste fixée à 2,6% pour l’année.

Les chiffres du chômage, qui ont connu une légère remontée de 5,4% à 5,9%, restent en dessous de la moyenne des principaux pays de l’OCDE.

Cependant la thèse qu’Israël a été épargné de la crise mondiale ne tient plus.Crédit resserré

En effet, certaines décisions sonnent comme un signal d’alerte pour les observateurs financiers.

Les banques semblent décidées à resserrer le crédit d’affaires.

Au premier trimestre 2012, le crédit aux entreprises a chuté de 0,9% après une hausse de 5,2% en 2011.

Les alternatives au crédit bancaire comme les émissions obligataires sur le marché des capitaux et des placements privés sont complètement fermées à de nouvelles offres ce qui aggrave les problèmes de financement des entreprises et freine leur développement.

En effet le crédit aux entreprises est passé de 78,51 milliards d’euros à 77,8 milliards alors que les prévisions de croissance impliquent une augmentation des crédits de 1%.

Les banques semblent toutes réticentes à accorder des crédits toujours en baisse.

La première banque, la Bank Hapoalim, qui se place en tête des organismes prêteurs aux grandes entreprises, affirme ouvertement dans son rapport financier la réduction de 1,5% de ses distributions de crédits.

Toutes les autres grandes banques ont suivi la même trajectoire. L’explication est double.

En raison d’un début de ralentissement de l’économie israélienne liée à la crise mondiale, la demande est plus faible.

Par ailleurs, les banques sont incitées par la Banque d’Israël à augmenter leurs ratios de fonds propres et à les renforcer en réduisant les fonds qu’elles mettent à la disposition du public.

Pénurie de logements


Construction à Gilo

Le ministre du logement, Ariel Attias, s’inquiète de la baisse des mises en chantier des constructions de logements qui ont toujours été en croissance ces dernières années.

La construction a toujours été le moteur de l’économie israélienne et l’un des secteurs où l’investissement en provenance de l’étranger est grand.

Elle est aussi un argument politique vis-à-vis des palestiniens puisqu’elle se développe dans les implantations et à Jérusalem-Est.

La baisse des crédits influe de manière drastique sur la commercialisation de l’immobilier.

Le ministre tend à défendre, auprès du gouverneur de la Banque d’Israël et du ministre des finances, sa thèse qu’il faut débloquer les crédits dans ce secteur.

La baisse de la mise en chantier des constructions risque d’aggraver la pénurie de logements qui a été le déclencheur des manifestions des tentes de l’été dernier.

La pénurie de travail et l’augmentation des prix qui en découlent risquent de plomber une économie qui a toujours été en croissance. Les jeunes couples seront les premiers à souffrir d’une restriction des crédits hypothécaires.

Le ministre estime qu’ils ne doivent pas payer l’aventurisme des banques.

Prudence des banques


Bank Happoalim

a première banque, la Bank Hapoalim, vient d’annoncer une baisse de 26% de son bénéfice net pour le premier trimestre 2012 mais elle précise que le ratio de fonds propres a continué de s’améliorer et s’établit à 14,7% contre 14,1% à la fin de 2011.

Les autres banques affichent des résultats similaires puisque le résultat de la Bank Léumi a baissé de 22% et celui de la First International Bank de 21%.

La Bank Léumi est la plus exposée aux difficultés des pays européens en crise : la Grèce, l’Italie, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, avec une créance de 190 millions d’euros.

Elle a certes réussi à baisser son exposition de 8% en 2011 mais elle reste fragilisée.

La baisse des bénéfices des banques et la restriction des crédits risquent d’entrainer une stagnation de l’économie israélienne qui a toujours besoin de croissance pour absorber chaque année les quelques 20.000 immigrants et surtout pour répondre aux besoins d’équipements de Tsahal.

Les jeunes seront les victimes d’un crédit rare dans une situation financière pourtant maitrisée mais il n’est pas impossible qu’ils marquent leur mauvaise humeur en se lançant dans des manifestations qui prendront une autre forme que les tentes de 2011.

Jacques Benillouche Article original


Stanley Fischer, directeur banque d’Israël

Tags : Economie Récession Credit Crunch Benillouche Tentes Social

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