L’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne avait promis qu’il ne pactiserait jamais avec le chef du Likoud.De sa carrière dans les parachutistes, Shaul Mofaz a conservé le sens de la manœuvre et de l’initiative.

L’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, récemment devenu le chef de Kadima , le premier parti de la Knesset, a opéré dans la nuit de lundi à mardi un retournement politique hardi.

Après avoir promis qu’il n’entrerait jamais dans un gouvernement dirigé par Benyamin Nétanyahou , Mofaz a annoncé un accord de coalition avec le Likoud qui a fait l’effet d’un miniséisme.

Israël , qui s’apprêtait lundi à vivre une classique dissolution de la Knesset, déjà votée en première lecture, et des élections anticipées début septembre, s’est réveillé avec la plus vaste coalition de gouvernement que le pays ait jamais connue, et le scrutin anticipé annulé.

Depuis, les critiques se sont déchaînées.

Les éditorialistes ont rappelé les précédents revirements de Shaul Mofaz. Entré en politique au Likoud au côté d’Ariel Sharon, dont il avait été le ministre de la Défense entre 2002 et 2006, Mofaz avait d’abord refusé de le suivre au sein de sa nouvelle formation, Kadima, créée pour circonvenir l’opposition d’une partie de la droite israélienne au plan de retrait de Gaza.

«On n’abandonne pas sa maison», avait-il alors expliqué aux membres du Likoud.

Quelques semaines plus tard, Mofaz se ralliait pourtant à Sharon et rejoignait Kadima.

Sharon ayant été terrassé par une attaque cérébrale peu de temps après, et remplacé par Ehoud Olmert au poste de premier ministre, Mofaz avait tenté de prendre la tête de Kadima.

Mais il avait été battu de peu aux primaires du parti en 2008 par Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères.

Cette dernière, après avoir remporté les législatives de 2009, a été reléguée dans l’opposition par Nétanyahou, et Kadima a entamé une dégringolade dans les sondages.

Modération sur l’Iran

Mofaz a finalement saisi son heure en mars dernier, en évinçant Livni de la direction du parti.

Il avait assuré auparavant qu’il refuserait toute alliance avec Nétanyahou, qu’il qualifiait de «menteur».

«Je n’entrerai pas dans une coalition dirigée par Bibi, ni maintenant, ni demain, ni après mon élection à la tête de Kadima.

C’est un mauvais gouvernement, que Kadima remplacera sous ma direction», écrivait-il en janvier dernier.

Mofaz assure à présent que l’intérêt supérieur du pays a déterminé sa nouvelle volte-face.

Les Israéliens en sont moins convaincus.

Selon un sondage du quotidien Haaretz, seules 23 % des personnes interrogées estiment que l’accord a été motivé par des considérations d’intérêt national, 63 % attribuant le ralliement de Mofaz à des manœuvres politiciennes et personnelles.

L’entrée de Mofaz au gouvernement comme vice-premier ministre sans portefeuille lui octroie un siège au cabinet restreint, où se prennent les plus importantes décisions sécuritaires en Israël.

Ancien membre du Sayeret Matkal, le commando de l’état-major, avec lequel il avait notamment été engagé dans l’opération d’Entebbe en 1976, sous les ordres du frère de Benyamin Nétanyahou, Mofaz a de solides états de service et devrait être un membre écouté sur les questions de défense.

Les observateurs estiment que l’influence de l’ancien chef d’état-major pourrait être modératrice, notamment sur le dossier du nucléaire iranien.

Né en Iran en 1948, avant d’immigrer en Israël avec ses parents, Mofaz n’a rien d’une «colombe».

Il avait dirigé, comme chef de l’armée puis comme ministre de la Défense, la répression de l’intifada palestinienne au début des années 2000.

Mais il a régulièrement exprimé des opinions relativement modérées sur la menace nucléaire iranienne, tempérant sans s’opposer frontalement aux déclarations alarmistes de Nétanyahou et du ministre de la Défense, Ehoud Barak.

Adrien Jaulmes/ LeFigaro.fr Article original

Shaul Mofaz Kadima Ariel Sharon Tsippi Livni Netanyahou

Coalition gouvernementale Israël Likoud Knesset Intifada Entebbe

Sayereth Markal Politique Défense Compromis

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires