Un large sourire, le V de la victoire et des pas de danse.

À sa sortie de prison, Hagaï Amir, le frère d’Ygal, l’assassin d’Yitzhak Rabin, n’a pas fait profil bas.

Au contraire, il a participé à la joie bruyante des militants d’extrême droite venus l’accueillir.

À leur tête, Noam Federman, qui, après un affrontement avec des jeunes militants de gauche venus protester, a qualifié Hagaï d' »innocent que l’on se doit de congratuler ».

Rendant le défunt Premier ministre « responsable de la mort de milliers de Juifs » et répétant qu’il ne verserait pas une seule larme sur son sort, Federman a annoncé une grande fête pour la mise en liberté de Hagaï.

Condamné à plus de 15 ans de prison pour complicité de meurtre et détention d’armes, Hagaï Amir n’a jamais regretté son acte, ni présenté d’excuses.

Il a déclaré à plusieurs reprises en être fier.

En 2004, lorsque Ariel Sharon avait décidé le retrait de Gaza et préparait l’évacuation des colonies juives qui s’y trouvaient, il s’était vanté auprès de ses gardiens d' »avoir un seul coup de fil à donner pour que l’on tue Sharon, pour qu’on l’explose… »

Ces menaces lui avaient valu une nouvelle peine de prison.

En tout, il est resté derrière les barreaux durant 16 ans et demi.

Considéré comme dangereux, il a fait plusieurs centres pénitentiaires.

Toujours en isolement, seul dans une petite cellule, avec le strict nécessaire, plus une télévision et une radio.

Il pouvait rendre visite à son frère Yigal – condamné à la perpétuité -, une fois par trimestre.

Controversé

Âgé aujourd’hui de 43 ans, comment voit-il son avenir ?

Réponse laconique et tranquille :

« Fonder une famille et travailler. »

Mais, selon son avocat, pas question d’entrer dans l’anonymat. Il projette des actions publiques pour défendre ses positions, sa vision du monde ultranationaliste religieuse et mettre sur pied un comité pour la défense des droits des détenus en Israël.

En attendant, il ne lui aura fallu que quelques heures de liberté avant de défrayer de nouveau la chronique.

En effet, pour son premier shabbat – le jour chômé dans la religion juive – de liberté, sa famille lui a offert deux jours à Shaveï Shomron, une colonie de Cisjordanie, dont certains habitants n’apprécient guère sa présence.

« Tu ne tueras point », « L’assassinat, ce n’est pas notre façon d’agir », peut-on lire sur des pancartes accrochées à proximité de la maison où il séjourne.

Sur place, on parle de « honte », de « tache » sur l’ensemble de l’implantation.

« Certes, confie un homme, il s’agit d’une visite privée.

Mais nous aurions souhaité que cela ne se passe pas chez nous. »

Un mécontentement auquel un de ses frères, Amitaï, a répondu par un haussement d’épaules :

« Ils peuvent mettre toutes les pancartes qu’ils veulent et protester, on s’en fiche !

Il s’agit d’un événement privé. Ils n’ont aucun droit de refuser notre venue ! »

« C’est la démocratie, je sais »

La famille Rabin n’a pas voulu faire de grands discours et parle d’un jour triste.

Noah, la petite-fille de Rabin qui avait ému le monde par son discours et ses larmes lors des funérailles de son grand-père, a tout de même écrit dans un journal populaire :

« Hagaï Amir sort de prison.

C’est la démocratie, je sais. Mais que faire ? Aujourd’hui, mon coeur saigne. »

Pour la gauche israélienne, pas question d’oublier ni de pardonner.

Dans le camp de la paix, certains vont plus loin en affirmant :

« N’oublions pas que, aujourd’hui, Hagaï Amir et son frère ne sont pas des exceptions.

Il y a pas mal de gens en Israël qui partagent le même point de vue extrémiste et mettent la religion et la loi juive au-dessus de la démocratie… »

Des propos qui font écho à ce qu’avait déclaré la semaine passée Youval Diskin.

Pour cet ancien chef du Shin Bet, la Sûreté intérieure, l’évacuation des implantations juives de Cisjordanie, si elle se faisait, pourrait mener à un nouveau meurtre politique…

« Dans les milieux de l’extrême droite israélienne, il y a des dizaines de gens qui, en cas de démantèlement des implantations, seront prêts à tirer sur leurs frères juifs. »

Diskin met en cause des rabbins qui, « s’ils condamnent personnellement cette violence, ne l’ont jamais fait publiquement ».

Et comme si cela ne suffisait pas, l’ex-homme de l’ombre traite Netanyahou et Barak de « messianiques » refusant un État palestinien au côté d’Israël.

Furieux, plusieurs ministres du Likoud ont réagi très violemment.

L’un d’entre eux accusant même Youval Diskin d' »être responsable, en raison de ses erreurs de jugement, de la captivité prolongée de Gilad Shalit et du lourd prix payé par Israël pour obtenir sa libération ».

Danièle Kriegel/ LePoint.fr Article original

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David

BEHATSLAH’A !!!