À la lumière de ce qu’est le judaïsme, nous pouvons constater que le terme « État juif » renvoie à un peuple, à une entité nationale non religieuse. -Le droit historique: le concept État juif établit clairement le lien historique qui unit le peuple juif à la Terre d’Israël, sa présence millénaire sur cette terre.

Il renvoie à l’identité d’Israël telle que définie par les premiers sionistes. C’est ainsi que l’avait voulu Herzl, le père du sionisme, dans son ouvrage « Der Judenstaat », traduit en anglais sous le titre « The Jewish State », donc « L’État juif », alors que certains l’ont traduit en français par « L’État des Juifs ».

Herzl et les Pères fondateurs voulaient d’un État dont l’identité serait juive,
un État qui serait « un abri permanent pour le peuple juif », un État pour ce
peuple honni de tous, un État avec le droit pour tout juif de s’y installer.

Dans son discours du premier Congrès à Bâle, Herzl parle du Retour à la Judéité comme condition du Retour en Israël, autrement dit la prise de conscience de l’identité juive, du lien qui unit le peuple juif à la Terre de ses ancêtres.

Faut-il rappeler que de tout temps, les Juifs ont envisagé le retour à Sion pour mettre un terme aux persécutions dont ils étaient l’objet ?

Ils n’ont pas attendu la Shoah pour revendiquer leurs droits sur la Terre de leurs ancêtres.

Et il est scandaleux d’entendre un Juif, israélien de surcroît, Uri Avnery, proclamer en octobre 2011 que « dès sa fon¬dation, l’État d’Israël devint l’État de l’Holocauste ».

Le sionisme existait avant la lettre et des vagues d’immigration ont eu lieu à différentes époques : au Ier siècle, au VII è siècle avec la conquête islamique, à l’époque des Croisades, sous le règne d’Isabelle la Catholique, etc.

D’ailleurs, la Ligue des Nations a reconnu « le lien historique du peuple juif avec la Palestine » et son droit de reconstituer « son foyer national dans ce pays». Dans son rapport, l’UNSCOP, le Comité spécial des Nations Unies sur la Palestine qui a recommandé le partage, mentionne à plusieurs reprises le lien historique des Juifs à la Terre d’Israël.

Le 29 novembre 47, l’État d’Israël tire sa légitimité et son identité juive de la Résolution 181 par laquelle la communauté internationale reconnaît l’État juif dans « sa patrie historique ».

Puis, dans la Déclaration d’Indépendance, c’est le terme État juif qui est employé : « En vertu des droits naturels et historiques du peuple juif, ainsi que de la Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, proclamons la fondation de l’État juif dans le pays d’Israël, qui portera le nom d’État d’Israël. »

C’est un Etat juif dont les valeurs – les valeurs juives, cela s’entend- sont universelles, et « dans lesquelles n’importe quel citoyen peut se reconnaître, quelle que soit sa culture régionale, ou sa religion ».

On y affirme également « l’égalité de tous les citoyens devant la loi, quelles que soient leurs origines culturelles, ethniques, religieuses ou autres, en conformité avec la Résolution 181 ».

Ce faisant, Ben Gourion déclare donc que chrétiens et musulmans font partie du nouvel État et, comme rien ne semblait pouvoir remettre en cause le caractère juif de l’État, Ben Gourion choisit de l’appeler l’État d’Israël, appellation qui permettrait de ménager les minorités et , ajoutons, les susceptibilités. 



– La Torah : Il est vrai que le concept« État juif » présente une certaine ambiguïté puisqu’il a une connotation religieuse.

Même si la dimension religieuse est totalement absente du sionisme tel que le conçoit Herzl, même si ni lui ni les Pères fondateurs n’entendaient par État juif, État de religion juive, mais plutôt État de tous les Juifs, on ne peut exclure la dimension religieuse dans un État où religion, histoire et peuple ne font qu’un.

Il faut dire que le lien qui unit le peuple juif à sa terre n’est pas le même que celui qui unit les autres peuples à leur terre.

Alors que c’est avec le temps que se développe le lien qui unit les peuples à leur terre, celui qui relie le peuple juif à sa terre est d’un tout autre ordre puisqu’on considère qu’il est voulu par Dieu.

Pour les Juifs, la période de l’Exil doit être suivie de la rédemption avec le retour du peuple juif en Eretz-Israël.

Puisqu’il existe indiscutablement des liens historiques entre le peuple juif et la Terre d’Israël, puisque religion et histoire juive sont indissociables, il en résulte que le peuple juif est aussi uni à la Terre d’Israël par des liens religieux.

Mais contrairement à ce que prétendent les nouveaux historiens, à savoir que les rabbins remplacent les mollahs, Israël n’est nullement un État théocratique sur le modèle de l’Iran, un pays réservé aux Juifs pratiquants.

Sous le concept « État juif », celui qui figure dans la Déclarationd’indépendance, il faut entendre, un pays avec :

– une population majoritairement juive

– un calendrier établi en fonction des fêtes religieuses

– le respect des valeurs et des prescriptions qui figurent dans la tradition religieuse : shabbat, fêtes et cacherout

– l’hébreu pour langue officielle

– des tribunaux régis par la loi juive. Toutefois, les Rabbins ne sont pas seuls à voter les lois, elles sont soumises aussi à la « Haute Cour de Justice de Jérusalem » qui est une Cour laïque

. Et Israël respecte le Droit international, lequel droit s’inspire largement des valeurs véhiculées par le judaïsme.

À cela, il faut ajouter une Loi, la Loi du Retour qui donne à tout Juif, de quelque pays que ce soit, quelle que soit sa langue, le droit de s’établir en Israël et d’acquérir sur le champ la nationalité israélienne.

Comme on peut le constater, cet État ressemble en bien des points aux États européens qui sont chrétiens.

À une différence près : alors que le dimanche est décrété en Europe jour de repos hebdomadaire pour tous, en Israël tout citoyen a le droit de demander à son employeur de choisir son jour de repos en conformité avec sa religion.

Pourtant, si on croyait que la communauté internationale avait accepté l’idée d’État-nation juif, force est de reconnaître qu’il n’en est rien.

Les conséquences de cette reconnaissance

– Il est vrai que ce concept implique qu’Israël est l’État-nation du peuple juif, et donc de ce seul peuple.

Certains diront que dans cet État les Palestiniens ne sont pas inclus, qu’Israël n’appartient pas à tous les Israéliens mais, comme l’a dit Avnery, à la diaspora juive.

– Il est également vrai que cette reconnaissance implique l’abandon de facto du « Droit au Retour » des réfugiés palestiniens.

Les Palestiniens savent que leur demande est totalement irréaliste. De toute façon, avec ou sans cette reconnaissance, qui peut encore croire qu’Israël consentira au retour des réfugiés ?

Comme l’avait déclaré Tzipi Livni lors d’une conférence de presse, « l’avenir des citoyens arabes d’Israël est dans le futur Etat palestinien, pas en Israël même ».

De toute façon, déjà en octobre 49, le ministre égyptien des Affaires étrangères, avait dit : « Chacun sait et comprend que les Arabes, quand ils exigent le retour des réfugiés en Palestine, veulent que ces derniers rentrent chez eux en maîtres du pays et non en esclaves.

Pour être tout à fait clair, ce retour signifie la liquidation de l’Etat d’Israël ».

Enfin, rappelons que Stig Jagerskiold, dans une étude parue en 1987, a expliqué, à propos du Droit au Retour que, selon la Déclaration des Droits de l’homme de 1948, il est clair que « Ce droit ne s’applique qu’à des individus faisant valoir leurs droits individuels.

Il n’y a jamais eu ici aucune intention de répondre aux demandes des masses humaines qui ont été déplacées par suite d’une guerre ou d’un transfert politique de territoire ou de population (…) la Convention ne traite pas de ces problèmes, et ne peut être invoquée pour asseoir un Droit au Retour».

Alors face au problème que soulève la demande d’Israël, face à l’intransigeance des Palestiniens, l’Union européenne, convaincue que la paix ne peut se faire sans son intervention, propose d’autres appellations.

Ainsi, Sarkozy, qui est allé jusqu’à déclarer « »État juif », je ne sais pas ce que ça veut dire», suggère « État du peuple juif » : «État du peuple juif, c’est déjà plus intéressant, dit-il. « État nation du peuple juif », c’est une discussion qu’on peut avoir, mais « État juif », ça n’a pas beaucoup de sens».

État juif, État- nation du peuple juif, État israélien…

Certains rétorqueront que c’est du pareil au même. Pourquoi s’engager dans une guerre sémantique dont on ne voit pas vraiment les tenants et les aboutissants ?

Pourtant, on sait que le choix des mots, surtout quand il s’agit de parler d’Israël, n’est pas neutre, et on sait que ces trois concepts n’ont pas le même sens.

– État israélien : « Nous proclamons la fondation de l’Etat juif dans le pays d’Israël, qui portera le nom d’Etat d’Israël ». Cette déclaration nomme « Israël »
le pays qui vient de naître: Israël parce que le pays s’appelait Israël, avant de s’appeler plus tard Judée. Le « peuple d’Israël » est, selon la Bible, le nom donné par D.ieu aux habitants d’Israël et il conserva ce nom pendant des milliers d’années avant d’être remplacé par le « peuple juif ».

Bien sûr, le concept « État israélien » serait le plus approprié si on tient compte de l’histoire juive. En fait, l’histoire d’Israël est inséparable de l’histoire juive, elle ne commence ni avec la Déclaration Balfour ni en1947 : l’histoire d’Israël commence avec Abraham.

Mais le concept « État israélien » ne revêt aujourd’hui ce sens que pour les Juifs qui connaissent leur histoire. Pour les autres, sous l’adjectif « israélien », il faut entendre aussi bien les Juifs que les non-juifs, chrétiens et musulmans.

État-nation du peuple juif:

C’est la proposition française, mais elle n’est pas synonyme de État juif.

La différence, nous dira-t-on, ne tient qu’à l’opposition adjectif/ nom. Oui, mais l’adjectif traduit l’identité de l’État, tandis que le complément de nom occulte l’identité juive de l’État et implique, par conséquent, que cet État est aussi celui des chrétiens et des musulmans

Conclusion
Le chef de l’État français prétend défendre l’idée de deux États nations. En réalité, nombreux sont les pays qui verraient d’un bon œil la création d’un État binational (Israël actuel) et d’un État palestinien judenrein.

Par conséquent, il faut revenir aux origines de l’État et, puisque l’identité de l’État d’Israël est aujourd’hui remise en question, il faut exiger qu’Israël soit reconnu non pas comme un « État pour les Juifs », mais bien comme l’ « État Juif ».

Aucun compromis possible!

Il faut donc que le gouvernement israélien ait le courage de poser ses conditions de reprise des négociations :

(1) l’État d’Israël doit être reconnu comme un État juif ;

(2) le Droit au Retour et le statut de Jérusalem ne peuvent faire l’objet de négociations.

Et si, comme on pouvait lire le 25 janvier dernier, « Les Palestiniens ne veulent plus négocier » qu’importe !
Ont-ils voulu un jour négocier ?

Si oui, quand ?
En réalité, il faudrait lire : « Les Palestiniens ne veulent toujours pas négocier ».

S’ils avaient voulu la paix, ils auraient accepté le plan de paix de Clinton qui leur offrait presque tout ce qu’ils demandaient. Mais ils n’en ont pas voulu !

Il existe deux raisons qu’on n’invoque jamais pour justifier leur refus.

D’abord, un traité de paix leur ferait perdre les sommes faramineuses qui leur sont versées.

Comment pourraient-ils vivre sans cette aide ?

Ensuite, la reconnaissance de l’État juif les obligerait à renoncer au rêve qu’ils caressent depuis plus de soixante ans: non pas celui de créer leur propre État, mais celui de jeter les Juifs à la mer et d’occuper tout Israël.

Comment le Fatah et le Hamas pourront –ils diriger leur peuple si le rêve qui les fait vivre s’écroule?

Dora Marrache
Chroniqueuse, Radio-Shalom, Montréal
10/02/2012

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Ghnassia.patrick

quelle légitimité avons nous sur Erets Israel etat Juif ,si il n’est pas fondé sur les bases de la Torah et pour répondre à Avneri l’ alya a existé bien avant la Shoah j en veux pour preuve mon arriere grand qui l a faite d’Algerie en1860 à Tiberiade