« Si vous le voulez, ce ne sera pas une légende. » (Théodore Herzl)

Le 29 novembre 1947, le plan de partage de la Palestine élaboré par l’UNSCOP est approuvé par l’Assemblée Générale de l’ONU, à New York.

Ce plan propose le partage de la Palestine en deux États : un « État juif » et un « État arabe ». À noter que le concept « État juif » apparaît 27 fois dans la Résolution 181, sans que jamais une périphrase ne vienne le remplacer.

Il n’y est jamais question de l’État du peuple juif, mais bien de l’État juif.

Et pendant près d’un demi-siècle, l’existence d’Israël en tant qu’État-nation juif était acceptée de tous.

Du moins le croyait-on puisque jamais on n’a eu à débattre de la légitimité d’Israël en tant qu’État juif, ni même en tant qu’État.

Après tout, le droit à l’existence de quelque pays que ce soit ne s’est jamais posé.

Et pourtant… Et pourtant, Israël est l’exception qui confirme la règle, et ce alors même que son appartenance à l’ONU devrait suffire à le légitimer.

Les Juifs avaient cru fuir les persécutions en fondant l’État d’Israël mais, depuis sa création, c’est l’État d’Israël qui est l’objet de persécutions sans fin. La question juive, aujourd’hui, c’est Israël.

Aujourd’hui, les medias laissent entendre que si Israël n’existait pas, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, autrement dit c’est l’existence même d’Israël qui serait la cause de toutes les crises qui déchirent le monde .

Il suffirait donc qu’Israël disparaisse pour que tous les problèmes, quels qu’ils soient, se résolvent comme par enchantement. Donc le monde serait un paradis n’eût été l’existence de l’État juif.

En fait sans vouloir verser dans la paranoïa, on est portée à se demander si en acceptant que soit créé l’État juif, l’ONU ne pensait pas que cet État aurait la vie courte puisque tous savaient que les pays arabes se ligueraient pour le rayer de la carte. Mais au grand désarroi des États arabes, Israël a résisté et a même suscité l’admiration des non-juifs.

Seulement, aussitôt qu’il y a une crise, de quelque ordre que ce soit, force est de constater que le Juif est toujours le bouc émissaire. Ainsi, comme à la fin du XIX è siècle, la crise économique actuelle ravive l’antisémitisme, cette bête que jamais on ne réussira à éradiquer.

Et quand les médias européens et des intellectuels gauchistes commencent
à poser la question : Israël-Palestine : Un ou deux États?, il y a réellement
de quoi s’inquiéter. On remet en question le droit d’Israël à exister alors
que la question de la légitimité d’Israël ne devrait même pas se poser, fût-il
une dictature.

Devant la tentative généralisée de délégitimation de l’État d’Israël, Netanyahou a réagi : il impose comme condition préalable à la reprise des négociations la reconnaissance par les Palestiniens d’Israël en tant qu’ « État juif et démocratique ».

Dans un discours à l’Agence Juive, Netanyahu a déclaré: « Je me tiens devant mon peuple et je dis: Je vais accepter un Etat palestinien. A présent, le Président Abbas a besoin de se tenir devant son peuple et dire, « je vais accepter un Etat Juif. »

En même temps, le gouvernement israélien s’est prononcé en faveur d’un projet de loi qui exige que tout candidat à la citoyenneté israélienne promette loyauté « à l’Etat juif et démocratique d’Israël » .

Exiger qu’Israël soit reconnu comme un État juif est le moyen qu’a trouvé le gouvernement pour mettre fin à l’entreprise de délégitimation et obtenir la reconnaissance de l’histoire juive. Ainsi les médias, les « nouveaux historiens » et les intellectuels de gauche ne pourront plus se livrer à leur jeu favori : la falsification de l’histoire juive qui a pour effet de délégitimer Israël.

Les réactions à cette demande qui semble pourtant parfaitement légitime ne se sont pas fait attendre et prouvent bien que l’identité d’Israël n’est pas acceptée, même si elle figure dans la Résolution 181.

La demande du gouvernement israélien d’être reconnu comme État juif et démocratique a essuyé un refus. De farouches adversaires se rencontrent aussi bien chez les non-Juifs que chez les Juifs. Ils se sont lancés dans une véritable bataille sémantique et refusent obstinément le concept d’ « État juif ».

Qui dit NON au concept « État juif »?

La Gauche juive, incluant la gauche israélienne. Dans leur entreprise de délégitimation, les antisionistes ont pu compter sur une aide inespérée : celle des Juifs eux-mêmes. En effet, de nouveaux historiens, comme Shlomo Sand par exemple, contestent la légitimité d’Israël.

Ce dernier, dans un ouvrage intitulé « Comment le peuple juif fut inventé », ouvrage qui connut un succès phénoménal en Occident, prétend que le peuple juif n’a jamais existé.

Et récemment, il a adressé une Lettre ouverte à Alain Juppé, l’implorant de ne pas reconnaitre Israël en tant qu’État juif.

L’écrivain Shlomo Avineri clame que la délégitimation n’existe pas, que c’est une invention du gouvernement israélien pour ne pas retourner aux frontières de 67.

D’autres intellectuels juifs prônent l’idée d’un seul État, un État binational, et nombreux sont les nouveaux historiens qui partagent cette idée. Tony Judt, professeur d’université à New-York, scande qu’Israël est « un anachronisme ».

Les élites intellectuelles de la Gauche israélienne falsifient l’Histoire et laissent entendre, au grand bonheur des medias et des antisionistes, que l’État d’Israël
ne s’est pas bâti sur sa propre terre.

L’association « Une autre voix juive » s’élève également contre la demande du gouvernement israélien sous prétexte que les non-juifs israéliens souffriraient de discrimination et que les droits des Palestiniens seraient bafoués.

Notons bien que le sort des réfugiés dans les camps ne semble nullement les perturber. Pas plus d’ailleurs que l’existence de dictatures qui bafouent les droits de l’homme. Mais Israël… Selon cet organisme, la demande d’Israël « remet en cause le statut d’égalité des citoyens palestiniens d’Israël, soit 20% de la population israélienne.

Cela ouvre la voie au transfert, au nettoyage ethnique ».

Les idées que répandent ces Juifs de gauche ont des conséquences graves : ainsi, parmi les antisionistes, certains ont déjà rayé Israël de leur carte : le Mouvement des Travailleurs chrétiens, un journal belge (Le Soir), et l’entreprise Leger Marketing, une firme canadienne, qui remplace Israël par la Palestine !

– Les non-juifs : À la demande de reconnaissance d’un État juif, côté palestinien , la réponse est on ne peut plus claire « Ne nous forcez pas à reconnaître un État Juif, nous ne le ferons pas ! » a dit Abbas.

Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, déclarait en juillet 2011, à Bruxelles, lors d’une réunion : « Je pense en particulier que la mention d’un “État juif” peut poser problème ; que je sache, aujourd’hui en Israël, il y a des Juifs, mais il y a aussi des Arabes… ».

Et pour le président français Nicolas Sarkozy, «Un « État juif » n’a pas de signification, parce qu’un État n’est pas juif ou catholique».

En revanche, ajouterons-nous, il considère sans doute qu’un État peut être musulman.

Il refuse de considérer Israël comme un « Etat juif » sous prétexte que cette définition est d’ordre essentiellement religieux.

D’une part, ce n’est pas le cas et, d’autre part, fût-il un État religieux, pourquoi dire Non à Israël quand on dit Oui aux États islamiques ? Et les États européens ne sont-ils pas des États chrétiens ?

Peut-être pas pour longtemps certes, mais ils le sont encore.

Serait-ce à cause des 20% d’Arabes qu’on refuse le concept « État juif »? Mais il existe des États qui se définissent comme musulmans bien qu’ils abritent des minorités.

Et que dire du futur État palestinien qui annonce d’ores et déjà sa couleur : État arabo-musulman et, de surcroît, judenrein, avec une Charte qui prône l’éradication d’Israël.

Qui a réagi à la demande palestinienne?

Quel pays s’est empressé de demander que des corrections soient apportées ?

Et l’Occident ose se défendre d’appliquer la politique de « deux poids deux mesures » !

Peut-être faudrait-il expliquer à Sarkozy et aux autres nations ce qu’ils savent, mais qu’ils feignent d’ignorer, à savoir que la comparaison avec « État chrétien » ou « État musulman » ne s’applique pas à Israël parce que le mot « Juif » ne se définit pas de la même façon que chrétien ou musulman : le judaïsme ne se limite pas l’appartenance religieuse, il inclut l’appartenance à une nation.

Pourquoi « État juif »?

Pour comprendre ce qu’il faut entendre par État juif, il faut d’abord tenter de répondre à la question « Qu’est-ce qu’être juif ?

Véritable question existentielle.

Rien n’est plus difficile à définir parce que le mot Juif en lui-même est très complexe : il englobe l’appartenance à un peuple, à une nation, à une communauté spirituelle, à une religion, ou plus précisément à une culture :

– Le judaïsme n’est pas une race puisque les Juifs n’ont pas une base biologique commune.

– Le judaïsme n’est pas une idéologie : il existe des Juifs non-sionistes, et même antisionistes, tout comme il existe des non-juifs qui se définissent comme sionistes.

– Le judaïsme n’est pas une religion, ou disons plutôt qu’à la différence des autres religions, le judaïsme n’est pas qu’une religion : il existe des Juifs athées ou agnostiques. D’ailleurs, il n’existe même pas de mot en hébreu pour dire « religion ».

C’est pour cette raison que Juif devrait s’écrire avec une majuscule, contrairement à chrétien ou musulman.

Combien de Juifs ignorent tout du judaïsme !

Et combien parmi les Juifs sont athées !

Comme on peut le constater, on n’a défini que négativement le peuple juif.

Est-il dès lors possible de dire ce qu’il est ?

Il y a une phrase de Manitou que j’aime beaucoup et qui répond à la question :

« On était simultanément juif par la relation à la Terre d’Israël, à la Torah d’Israël et au peuple d’Israël. ».

On a là trois façons d’être juif : on peut soit adhérer à ces trois aspects soit à une seul comme les sionistes politiques qui ne sont Juifs que par leur relation à la Terre.

Nous pourrions définir le judaïsme comme étant la religion d’un peuple qui partage une histoire commune marquée par la souffrance, une culture commune et un rêve deux fois millénaire : le retour en Eretz Israel.

Car même si tous les Juifs ne sont pas pratiquants, la religion fait partie du patrimoine national, et en aucun cas Israël ne pourrait briser le lien qui le relie au judaïsme, une religion qui prône des valeurs universelles.

Je rappellerai à ce propos pour les non-juifs qui me liraient- si tant est qu’il y en ait- la demande qu’avait adressée un idolâtre à Hillel : « Il faut que tu m’enseignes toute la loi pendant que je me tiendrai sur un seul pied. », ce à quoi le Maître répondit « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.

C’est toute la Loi, le reste n’est que commentaires ; va et apprends »

Disons donc avec Manitou que «Le judaïsme, lui, est une nation au milieu des autres, mais à vocation universelle ».

Dora Marrache
Chroniqueuse, Radio-Shalom, Montréal

10/02/2012

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