« Désormais, ce que je veux c’est repartir à zéro », confie à l’AFP Art Spiegelman, président du Festival d’Angoulême et auteur de « Maus », BD culte sur la Shoah qu’il vient de revisiter dans « MetaMaus », afin de clore définitivement un chapitre et se libérer du passé.Vingt-six ans après la parution de son best-seller, seule BD jamais couronnée par le Pulitzer, en 1992, l’Américain Art Spiegelman a souhaité avec « MetaMaus » (Flammarion) « répondre définitivement à toutes les questions qu’on (lui) pose : pourquoi des souris ? Pourquoi la BD ? Pourquoi l’Holocauste ? », explique-t-il dans un entretien à l’AFP en marge d’une rétrospective exceptionnelle qui lui est consacrée au 39e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

« Maus » (souris en allemand) raconte la Shoah à travers les souvenirs de son père, survivant des camps nazis, auquel il donne la parole. Les Juifs y sont représentés en souris, les nazis en chats. Dans « MetaMaus », qu’il a mis cinq ans à réaliser et s’accompagne d’un DVD, Art Spiegelman répond à une interview fleuve de l’universitaire américaine Hillary Chute sur la construction de « Maus ». Une oeuvre qui a bouleversé la bande dessinée du monde entier… et sa vie.

« Maus était déjà une longue interview de mon père, MetaMaus découle aussi d’une interview, à laquelle s’ajoutent de nombreux documents, et maintenant les journalistes me posent des questions sur ce livre, c’est une véritable mise en abyme ! », s’exclame le frêle sexagénaire, cigarette insolente aux lèvres et feutre sur la tête.  » J’en ai assez d’être considéré comme l’homme d’un seul livre. J’ai passé ces dernières années à tenter d’échapper à la réussite de Maus » , avoue-t-il.

Spiegelman a depuis illustré de nombreuses couvertures du New Yorker, dont sa femme, la Française Françoise Mouly, est directrice artistique, et l’accompagne à Angoulême. Il aussi réalisé des BD pour enfants, « des contes de fées, sans fée », sourit-il. Depuis le 2e tome de « Maus », en 1991, il a également publié « A l’ombre des tours jumelles », album consacré au 11-Septembre.

« Moi, j’en ai terminé avec Maus depuis longtemps. Même si ce que j’ai voulu, c’est faire un livre que l’on peut lire et relire. C’était une vision. Je ne voulais donner aucune leçon à personne », poursuit Spiegelman.

« Désormais, ce que je veux vraiment c’est repartir à zéro. Redevenir libre de faire ce que je veux. Après MetaMaus, mon but est de retourner à mon studio. J’adorerais redessiner mais je ne sais pas encore si je vais finir des projets que j’ai en tête ou, peut-être, faire tout à fait autre chose, comme du ballet ! », plaisante-t-il.

La grande rétrospective d’Angoulême –une autre exposition est consacrée à son « musée personnel de la BD »– met en valeur tous les aspects de son oeuvre, bien au-delà de « Maus ». On y voit notamment comment l’auteur est réceptif à tous les courants de la BD.

« Je n’habite pas en Amérique, je vis à New York. C’est une petite île à côté de l’Amérique, bien plus ouverte sur la culture européenne et les autres ! », s’amuse-t-il.

Rétif jusqu’ici à toute rétrospective de son œuvre, Spiegelman explique avoir d’abord « dit non. Je ne veux plus regarder en arrière » aux responsables du Festival. « J’ai finalement accepté seulement parce que la commissaire en est l’épouse de mon ami (l’auteur) Lorenzo Mattotti, et que l’exposition va à Paris, au Centre Pompidou.

Elle ira ensuite en Allemagne et dans d’autres pays », se réjouit l’ex artiste underground des années 70-80, soucieux de sa postérité mais qui refuse l’encombrant statut de mythe vivant.

Lundi 30 janvier 2012
AFP Relax News

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