
5782: les agriculteurs israéliens durant cette année sabbatique
LA SHEMITA : L’ANNEE SHABBATIQUE
LE LIEN AVEC LA FÊTE DE SHAVOUOTH
Les jours de la semaine dans tous les calendriers (sauf les calendriers hébraïques et coraniques) portent des noms de planète, aussi Lundi est le jour de la lune…. Ainsi, on désigne dans la littérature rabbinique ou lors de la rédaction d’actes comme les actes de mariage « yom revii le shabbat » : c’est-à-dire donc, que le jour de la semaine est rattaché au shabbat. Les jours étant premier, deuxième….
Pour la shemita, toutes les 7 années, la terre d’Israël doit chômer et les années sont aussi décomptées par rapport à la shemita tout comme pour les jours de la semaine sont décomptés par rapport au shabbath. On dira ainsi : la première année de la shemita, la deuxième de la shemita, etc jusqu’à la sixième année de la shemita…..
Le peuple d’Israël est contraint d’observer le shabbat, avec toutes les dispositions à prendre, et toutes les infractions à ne pas commettre. Il en est de même pour le shemita et tout ce qui est à observer ; mais, entre deux années, il y a aussi des dispositions à prendre pour la tsedaka à faire spécialement en ces années, ainsi qu’il est écrit ci-dessous dans la grille ; et nous nous astreindrons à donner de manière claire et concise ce que chacun d’entre nous doit faire, et ce qu’HaShem espère nous voir accomplir, et ce que nos frères et sœurs défavorisés attendent de nous :
PREMIÈRE ANNÉE DE LA SHEMITA MA’ASSER SHENI
DEUXIÈME ANNÉE DE LA SHEMITA MA’ASSER SHENI
TROISIÈME ANNÉE DE LA SHEMITA MA’ASSER ANI
QUATRIÈME ANNÉE DE LA SHEMITA MA’ASSER SHENI
CINQUIÈME ANNÉE DE LA SHEMITA MA’ASSER SHENI
SIXIÈME ANNÉE DE LA SHEMITA MA’ASSER ANI
SEPTIÈME ANNÉE ANNÉE DE LA SHEMITA
L’année 5782 du calendrier juif, commençant le 6 septembre, est une année sabbatique pour la Terre d’Israël. Comment les agriculteurs israéliens religieux suivent le commandement biblique de ne pas cultiver leurs champs la septième année. Il existe même une unité du ministère israélien de l’Agriculture pour l’agriculture selon la Torah.
Nous nous trouvons aujourd’hui dans la sixième année de la shemita, et donc nous devons nous préparer, et préparer nos jardins/champs à observer cette année « shabbatique ». De plus, cette année est aussi l’année du ma’asser âni.
Dans les lignes qui suivent, se trouveront les informations pratiques.
La Torah, avec ses 613 commandements, consacre du temps, de la pensée, et des moyens, pour trouver à tous ceux qui se trouvent dans notre entourage et qui sont des personnes défavorisées, de quoi se nourrir, de manière légale et honorable.
La Meguilah de Ruth, cite les « lois » imposées aux exploitants agricoles : ne pas moissonner les angles des champs, ne pas glaner les épis tombés des sacs de ceux qui travaillent dans les champs, et ne pas ramasser de gerbes qui auraient pu être oubliées à l’intention des veuves, des orphelins et des étrangers ; qui ainsi, peuvent se constituer un petit stock personnel, pour se nourrir un certain temps.
La sixième année (donc celle avant l’année de la shemita), la nature doit donner des récoltes trois fois plus abondantes (pour les sixième, septième et huitième années).
C’est au cours de cette sixième année, que l’on doit prélever le ma’asser âni (pour le pauvre) sur les fruits de l’arbre, sur les fruits/légumes de la terre, et sur les moissons et vendanges.
MA’ASSER : vient du verbe « léha-asser » prélever un dixième (du mot esser = 10).
MA’ASSER SUR L’ARGENT : Sur nos revenus, quels qu’ils soient, nous devons prélever un dixième ; c’est-à-dire sur l’argent que nous encaissons, déduction faite des frais fixes (loyer, eau, gaz, électricité…..) Le ma’asser ne doit pas dépasser les 20%…de manière à ce que la personne ne devienne pas indigent par elle-même.
MA’ASSER SUR LES FRUITS, LES LEGUMES, LES CEREALES, VENDANGES…: En Israël, en général, les « mo’etsoth datiot » rendent visite chez les marchands de fruits et légumes, dans les marchés et toutes les grandes surfaces, pour y faire le prélèvement du ma’asser, qui devait, au temps où le Temple existait, parvenir au Temple ; et aujourd’hui, puisque nous n’avons pas encore de 3ème Temple, ces produits sont détruits. Mais il ne s’agit pas d’un dixième.
MA’ASSER SHENI : Chaque année, il fallait présenter le ma’asser shéni à Jérusalem et il existait une possibilité de « rachat en argent » de cette dîme.
MA’ASSER ANI : Deux fois en sept ans, on observe le ma’asser âni, et il faut toujours se fier à ce que précise le rabbinat quant à la somme à offrir au cours de ces années là , ainsi qu’aux périodes indiquées ; car la période de l’offrande suit de très près la période de la production des fruits. La somme demandée pour le ma’asser âni, cette année, est assez minime pour un particulier (aux environs de 80 shekels).
SHEMITA : à partir du premier jour de Rosh HaShana, commencera la septième année, ou année shabbatique, et un article particulier consacré à ce sujet paraîtra avant Rosh Hashana.
LA SHEMITA : L’ANNEE SHABBATIQUE
Tous les 7 ans, en Israël, nous devons observer l’année shabbatique pour toute l’agriculture : les arbres, (y compris les vignes) fruitiers ou pas, l’agriculture en général : légumes, fruits de la terre : pastèques, melons, cacahuètes, etc, et, évidemment, les céréales de toutes sortes, car, de même que l’homme doit se reposer chaque shabbat ou 7ème jour de la semaine, la terre d’Israël devra chômer chaque septième année.
En Diaspora les agriculteurs observent ce principe un peu différemment : ils mettent en jachère un tiers ou un quart de leurs possessions agricoles tous les 7 ans pour chacune des parcelles. Ainsi, la terre se repose et ne nécessite pas, ou moins, par la suite, de soins intensifs (comme les engrais) pour livrer une production régulière.
Le Shabbat, nous appliquons un certain nombre de règles édictées par la Torah et aussi par le rabbinat qui a su développer, dans d’infinies précisions, ce que nous pouvons faire sans risque… « d’infractions ».
Il en va de même pour l’année shabbatique de la terre : entre la Torah et le Talmud, les règles rabbiniques détaillent toutes les indications nécessaires à notre comportement durant cette période qui, en réalité, s’étend sur plus d’une année comme nous le constaterons plus bas1 :
JARDINS PRIVES, JARDINS PUBLICS, CHAMPS ET PROPRIETES AGRICOLES/VITICOLES
-
-
PLANTATION D’ARBRES :
Si vous projetez de planter un arbre dans votre jardin ou plus vaguement dans un coin de votre propriété, et que, comme cette année תשפ« ב 5782 (soit, du 6 septembre 2021 au soir jusqu’au 25 septembre 2022 au soir) sera une année shabbatique, vous pourrez procéder à cette plantation jusqu’à la date limite du 15 Ab 5782 soit vendredi 12 août 2022 jusque vers 12h (pour ne pas risquer d’empiéter sur le shabbat).
-
Pourquoi le 15 Ab ? Car on pense que la plantation, pour être considérée comme effective, nécessite un laps de temps de 40 jours. Auquel cas, si tout a été bien fait, l’arbre planté est tenu pour un arbre d’UN AN.2
-
-
ELAGAGE, EMONDAGE, TONTE DU GAZON, ARROSAGE…….
En principe, ces opérations, visant à l’entretien régulier du jardin ou des propriétés, est interdit SAUF, si le fait de ne pas élaguer, tondre arroser favorise la venue de nuisibles (serpents, rongeurs et autres) ou, si, par manque d’entretien, les plantations existantes peuvent entraîner la mort de ces arbres, arbustes, haies et même certaines sortes de gazon… auquel cas, il sera permis de procéder à certaines opérations car on craint pour la salubrité du lieu ou pour la perte de ces plantations. IL EST NECESSAIRE DE VERIFIER AUPRES D’UNE AUTORITE RABBINIQUE ET SURTOUT NE PAS CRAINDRE D’INTERROGER.
- « VENTE » DES PROPRIETES AGRICOLES pour cette disposition, il est aussi recommander de QUESTIONNER car faire faire tous ces travaux par un goy n’est pas toujours valable ni approprié.
-
PRODUCTION DES ARBRES/VIGNES…ET CHAMPS..:
Il est strictement interdit de tirer un profit de la production (des fruits) d’arbres ou des légumes produits pendant la 7ème année. Le propriétaire d’une vigne, par exemple, s’il craint pour les productions à venir de ses vignes devra à l’entrée de son domaine préciser que les Vignes sont « HEFKER » (abandonnées) ce qui signifie que chacun peut se servir comme il le désire mais, s’il préfère produire son vin comme à l’accoutumée, il devra « céder » son vin au conseil rabbinique le plus proche pour demander comment procéder. La Rabbanout, en général propose à la vente le vin de la 7ème année et celui qui l’acquerra devra déclarer qu’il s’agit d’un achat de la shemita. Il devra faire en sorte que ne soit pas versé (gaspillage) stupidement (comme quelqu’un qui ferait mousser une bouteille de champagne et arroser les invités présents)…. Car, toute la production de la 7ème année est considérée comme SAINTE il faut donc la « traiter » avec égards3. C’est pour cela que l’on mettra de côté une petite poubelle dans laquelle seront, dans un sachet disposés épluchures et déchets provenant des légumes/fruits de la shemita jusqu’à ce qu’ils présentent des signes de moisissure par exemple auquel cas ce sachet pourra être jeté normalement avec les autres ordures ménagères.
-
QUAND ET QUOI CONSOMMER ?
Il est clair que se trouvant en septembre/octobre tous les fruits proposés en cette saison n’appartiennent pas à la shemita car la floraison de ces arbres a eu lieu pendant la 6ème année. Quels sont les fruits concernés ? Tous ceux dont la floraison et la production se feront après Tou Bishvat 5782 (janvier/février 2022) et jusqu’en septembre 2022 ce qui fera que la production de la vigne, des orangers/citronniers (et autres agrumes), des afarsemonim (kakis ou « persimon » ou plaquemines ou encore « sharon »), dattes, olives…. Seront de la shemita mais consommables avec les mêmes précautions jusqu’en janvier 2023 ou avant Tou bishvat 5783.
-
CONSERVATION DE FRUITS/LEGUMES :
Là encore il faut questionner son rabbin mais, pour le cas où ces fruits ou légumes sont conserves en pots ou en confitures pour être consommés lors de cette année de shemita il ne semble pas qu’il y ait de précautions particulières. Cependant il est bon de s’entourer de conseils en précisant les intentions.
-
-
-
EN ERETZ ISRAEL IL EXISTE SOIT L’IMPORTATION DE FRUITS ET LEGUMES DE L’ETRANGER et CE QUI S’APPELLE OTSAR BEITH DIN’ OU OTSAR HAARETZ :
-
Depuis une vingtaine d’années une société qui est « OTSAR HAARETZ » se soucie de proposer à la clientèle du pays des produits agricoles cultivés par des Juifs, dans le pays, selon des critères autorisés (nous n’allons pas entrer ici dans des détails techniques comme les salaires des employés etc…)
« OTSAR BEITH DIN » est une sorte de société dirigée par des autorités rabbiniques pour distribuer à toute la population des fruits et légumes provenant aussi d’une culture tout-à-fait permises malgré les restrictions de cette année shabbatique….
Selon ces deux sociétés tout gaspillage et destruction des fruits/légumes seront évités.
Il est appréciable de savoir que pendant la période de la shemita, les règles sont appliquées rigoureusement dans les supermarchés ou chez les « primeurs » de qualité de manière à proposer à ceux qui le désirent des légumes et des fruits sans aucun « soupçon » de « sheviith » (septième année).
LA CULTURE HYDROPHILE : Dans plusieurs contrées on essaie de lutter contre l’appauvrissement et la pollution de la terre en favorisant la culture hydrophile ce qui apparaît être une solution miracle pour la 7ème année puisque la terre n’entre pas en ligne de compte….
Le vignoble Kerem Meirav de Tom Winery. Photo de Tom Winery
Caroline Elishéva REBOUH
1 Il est inutile de préciser qu’il ne s’agit ici que d’un abrégé des lois concernant la shemita.
2 Ceci est important pour le décompte des années de la « ORLA » des arbres (il est interdit de consommer les fruits d’un arbre jusqu’à 3 ans et il y a aussi l’interdit de la 4ème année que l’on pourra éviter selon une certaine procédure de rachat : se renseigner auprès d’une autorité rabbinique).
3 Ceci obligera d’ailleurs à traiter les pelures, les pépins, les graines et autres , différemment des épluchures ménagères d’une autre année que celle de la shemita.
![]() |
![]() |