1. Quelles cibles sont visées ?

François Hollande a précisé dimanche après-midi que les frappes avaient visé un camp d’entraînement de djihadistes près de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie. « Nos forces ont atteint leurs objectifs : le camp a été en totalité détruit », a ajouté le chef de l’Etat.

Mais selon nos informations, de premières frappes auraient été lancées dès le 24 septembre – ce que démentent les autorités –, et auraient visé les environs de Rakka, la « capitale » autoproclamée de l’Etat islamique.

M. Hollande a souligné dimanche que « d’autres frappes pourraient avoir lieu dans prochaines semaines si nécessaires ».

Dans un entretien au Monde le 18 septembre, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, évoquait comme cibles prioritaires les « centres de formation des combattants étrangers » qui préparent ces derniers « non plus uniquement en vue de contribuer aux combats de Daech au Levant, mais pour intervenir en Europe, en France en particulier ».

2. Quels moyens sont engagés ?

Dans le cadre de l’opération Chammal, engagée en septembre 2014 contre l’Etat islamique et initialement cantonnée à l’Irak, la France a mobilisé six Mirage 2000 (positionnés en Jordanie), six avions Rafale et un avion de patrouille maritime Atlantique 2 (positionnés, eux, aux Emirats arabes unis).

3. Quel cadre juridique ?

 

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, en septembre 2015.

Dans l’entretien accordé au Monde, Jean-Yves Le Drian a affirmé que « le cadre légal est l’article 51 de la charte des Nations unies qui porte sur la légitime défense ». Cet article précise qu’un Etat a le « droit naturel » de se défendre en cas « d’agression armée », jusqu’à ce que le Conseil de sécurité « ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».

Il y a un an, Paris refusait d’intervenir en Syrie et estimait alors qu’aucun cadre juridique et politique ne pouvait légitimer une intervention. Les attaques en France commanditées depuis l’Irak et la Syrie lors de cette dernière année contribuent à accréditer la légitime défense : Sid Ahmed Ghlam à Villejuif, Yassin Salhi en Isère, Ayoub El-Khazzani dans le Thalys Amsterdam-Paris

La légitime défense est également le moyen invoqué par le Royaume-Uni dans le cadre de ses frappes contre l’Etat islamique et plus particulièrement contre des djihadistes britanniques.

4. Que se passe-t-il si l’armée française tue un Français en Syrie ?

Le ministre de la défense a éludé la question, affirmant que l’armée « ne cible personne en particulier ».

« Nous combattons non des individus mais un groupe terroriste composé de ressortissants de différentes nationalités, dans le respect du droit international humanitaire. »

Dans les faits, il est peu probable qu’une famille d’un individu s’étant rendu dans une zone de guerre aux côtés d’une organisation terroriste, risquant notoirement sa vie, non seulement attaque l’Etat mais surtout se voit donner raison.

5. Pourquoi la France frappe-t-elle maintenant la Syrie alors qu’elle s’y refusait il y a un an ?

En s’engageant dans la coalition internationale contre l’Etat islamique en Irak, Paris avait alors expliqué qu’il mettait dans le même sac l’Etat islamique et le régime de Bachar Al-Assad, accusés de centaines de milliers de morts depuis le début de la guerre syrienne en mars 2011. Et pour la France, bombarder l’EI en Syrie ne pouvait servir que les intérêts du régime syrien.

Mais depuis deux ans, « Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] a considérablement développé son emprise », a déclaré François Hollande le 7 septembre pour justifier le changement d’orientation de sa politique. Constatant la menace de plus en plus grande de djihadistes formés en Syrie pour frapper la France sur son territoire, les autorités ont fait volte-face. De plus, « le périmètre d’action des forces loyalistes à Bachar s’est réduit et aujourd’hui, frapper Daech ne signifie pas militairement favoriser Bachar », assurait Jean-Yves Le Drian le 18 septembre.

Cela ne fait toutefois pas de Bachar Al-Assad un allié, s’emploie à expliquer le gouvernement. Jean-Yves Le Drian a assuré qu’il n’y avait « aucun » échange d’informations avec les Syriens et les Russes. Mais le nombre croissant d’Etats bombardant la région tenue par l’Etat islamique rend probable, à terme et de manière plus ou moins officielle, une certaine coordination entre les acteurs.

 Alexandre Pouchard – Le Monde.fr

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