Troupes americaines en marche vers Paris, 1917 --- American troops march through Paris, 1917

Ce 11 novembre, de fête du souvenir, nous sommes nombreux en France à avoir ressenti une grande honte et un grand chagrin pour notre ingratitude nationale

« Lafayette, nous voilà! » Est-ce le général Pershing ou le colonel Stenton qui lança ce salut célèbre devant la tombe du marquis français, héros de la guerre d’indépendance américaine, lorsqu’ils vinrent lui rendre hommage le 4 juillet 1917 au cimetière de Picpus? Les historiens en débattront longtemps.

Mais l’essentiel, c’est que 2 millions d’Américains -dont quelques centaines de milliers de volontaires qui n’attendirent même pas l’engagement du président Wilson le 6 avril 1917 devant le Congrès (« l’Amérique doit donner son sang pour les principes qui l’ont fait naître!« ) vinrent à notre secours cette année-là en débarquant à Brest et en remontant vers le front. 125.000 d’entre eux, dont quelques milliers reposent dans quatre cimetières sur le territoire français, furent tués. 235.000, blessés.

Jamais nous ne devrions les oublier

On eut rêvé, lors des célébrations du centenaire, que de grandes voix (pourquoi pas celle du président américain Donald Trump lui-même?) nous lisent l’adresse bouleversante du général Pershing au général Foch sur le front, avant la bataille décisive: « Je viens vous dire que le peuple américain tiendrait à grand honneur que nos troupes fussent engagées dans la présente bataille. Il n’y a en ce moment pas d’autre question que de combattre. Infanterie artillerie, aviation, tout ce que nous avons est à vous. Disposez-en comme il vous plaira. Il en viendra d’autres encore, aussi nombreux qu’il sera nécessaire. Je suis venu tout exprès pour vous dire que le peuple américain sera fier d’être engagé dans la plus belle bataille del’Histoire… »

On eut aimé aussi avoir les larmes aux yeux tandis que des voix d’enfants (ou pourquoi pas celle d’Emmanuel Macron lui-même?) nous auraient lu le discours prononcé par le maire de Chalons-sur-Marne, le 24 octobre 1921 devant le cercueil du soldat inconnu américain qui allait quitter la France pour reposer au cimetière d’Arlington: « Il n’est pas un Français, grand ou petit, qui ne sache ce qu’il doit à la libre Amérique. Vos soldats, coude à coude, ont mêlé leur sang au sang des Français. Leur courage enflammé a sa part dans la victoire…« 

Au lieu de quoi, ingratitude, bouderie et petitesses

Macron avait-il besoin de choisir ce beau moment de fraternité pour avertir (sur CNN) « Je ne veux pas voir les pays européens augmenter leur budget de défense pour acheter des armes aux Américains »?

Avant de célébrer les « poilus » mais aussi les volontaires américains dont les propres enfants ou petits enfants avaient tenu à faire le voyage, ne pouvait-il pas s’empêcher d’exprimer son ressentiment envers Trump en martelant « On ne protègera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne… Il faut nous protéger à l’égard de la Chine, de la Russie, et même des Etats-Unis!« 

Comme si le président français avait voulu régler un compte personnel. Comme s’il voulait encourager les manifestants qui, place de la République, sifflaient sa baudruche gonflable en réclamant le départ de Trump.

Après cela, on comprend que le président américain ait boudé et se soit rendu seul au cimetière de Suresnes où reposent 1300 soldats américains.

On aurait même compris qu’il reprenne sur le champ son « Air Force One » et lance une rafale de tweets vengeurs. A propos de l’ingratitude française.

Que dire aussi de notre attitude vis-à-vis de nos alliés anglais?

Le Brexit devrait-il faire oublier que 400.000 d’entre eux furent volontaires pour venir nous défendre, avant la conscription qui allait envoyer plus de 3 millions de sujets de Sa Majesté combattre aux côtés de nos « poilus »?

Notre jeune président sait-il seulement que plus de 600.000 Britanniques se firent tuer dans les tranchées de Verdun et les plaines de la Somme pour notre liberté?

Le 22 août dernier, en vacances à Brégançon, il laissa Theresa May et le Prince Harry célébrer seul, dans la cathédrale d’Amiens (sa ville natale, pourtant!) le souvenir de la grande bataille d’Amiens, qui allait conduire cent jours après à la victoire.

Dimanche, à Londres, le Premier ministre britannique et le Prince Charles ont donc célébré l’armistice seuls sous les yeux de la reine Elisabeth en déposant des couronnes de coquelicots au Cénotaphe à la mémoire de Un million de soldats britanniques.

A leur côté, se trouvait le président allemand Frank-Walter Steimeier. Mais pas même le Premier ministre français.

Sans nos alliés britanniques et américains, pourtant, la France aurait été écrasée. Clémenceau n’aurait pas été notre « Père la Victoire ». Et nous n’aurions pas été libres de manifester contre Angela Merkel. Ni contre Donald Trump.

On dit que l’ingratitude est la marque des grands peuples. Et si elle était la marque des peuples ignorant de l’Histoire? Et celle des chefs d’Etat davantage animés par un ressentiment personnel que par le sens de ce que le Général de Gaulle appelait « l’Intérêt supérieur de la Nation »?

Que nos amis anglais et américains le sachent, pourtant: nous sommes nombreux en France, même parmi les adversaires à la fois du Brexit et du populisme façon Trump, à avoir ressenti en ce dimanche de fête du souvenir une grande honte et un grand chagrin pour notre ingratitude nationale.

Nombreux aussi à vouloir leur exprimer notre profonde reconnaissance envers leurs pères. Merci à nos sauveurs américains et anglais!

Christine Clerc Journaliste, grand reporter et auteur

Le HuffPost

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דוב קרבי dov kravi

Quelle attaque sordide contre les USA.
Lors du 70e anniversaire du débarquement du 6 juin, la cour et la basse-cour de la bureaucratie gouvernementale française française avait occupé toutes les chambres des hôtels. Il ne restait aucune place pour loger les vétérans alliés (âgés d’au moins 80 ans) qui avaient eu cette réponse formidable : « ce n’est pas grave, nous coucherons sur la plage. Nous avons l’habitude. »

La honte.

JL GRIFFON

Un excellent article .N’oublions pas que nous subissons UN PRESIDENT par défaut 26% ne peut être représentatif.Et nous sommes nombreux a éprouver plus qu’un malaise avec de telles fautes proférées envers nos alliés.

Bonaparte

Seule la France n’aurait gagné aucune guerre .

Oui beaucoup d’ingratitude .

Quant à ses paroles de paix lors de la cérémonie , elles annoncent l’apocalypse qui nous attend .

L’histoire se renouvelle aprés un moment de répit : Ce ne sont pas les poudrières qui manquent .

Élie de Paris

Quel opprobre, quelle honte et quelle ingratitude, en effet…

Cela tient à l’actuel premier des Français,
Amoureux de la forme, et ignorant du fond,
Sans choisir, l’orgueilleux, un sage parolier. Composant le bon texte sur la bonne chanson .

Nous souvient-il, déjà, de l’ego déjanté,
Du fraîchement élu, par si peu de Français ,
Seul au milieu du Louvre, sur le chemin tracé,
Triomphal, musique des rois, au pas assuré ?

Que ces tristes bévues le remettent à sa place. Choisi par les Cieux pour châtier l’aînée,
Il se voit le sauveur, sans dégainer l’épée,
Acclamé de son peuple, approuvé de sa race.

N’est-ce point là, parfaitement, le coq et la scène,
À chanter fièrement et dans la fiente son pied ?
Devant sa basse cour du mépris qu’il assène,
Ses célèbres invités, sans l’honneur qu’il lui sied.

Pardon, frères humains, britanniques et ricains,
Pardon pour vos enfants, qui sont venus mourir , Tombant jusqu’à la tombe, la mitraille en vain,
Remboursant jusqu’au bout, et vers la mort courir…

Pour vous la vie, éternelle.

emmanuel

ELIE DE PARIS VOUS ETES SUBLIME ! ! !

TODA RABA.

alexandra

Entièrement d’accord avec cet article.
Et encore un zéro pointé à Macron, nul en histoire.