Le 10 TeVeT marque le début du siège de Jérusalem…(vidéo)

Le 10 Tevet, cette année,  mardi 14 décembre 2021, est classé comme l’un des quatre jours de jeûne qui commémore les périodes sombres de l’histoire juive. Le jeûne commencera au lever du jour  se terminera à la tombée de la nuit.

Les trois autres jours sont le 9 Av (le jour de la destruction des deux Temples de Jérusalem), le 17 Tammouz (le jour de la première brèche dans les murailles de Jérusalem par Titus et les légions romaines, en l’an 70) et le 3 Tichri (le jour de l’assassinat de Guedalya ben Ahiqam, le gouverneur de Judée nommé par Babylone. Il fut en fait tué le jour de Roch Hachana mais, en raison de la fête, le jeûne fut reporté au jour suivant).

Le 10 Tevet marque le début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, le roi de Babylone, et les premiers assauts de la bataille qui allait détruire la ville et le Temple de Salomon, et voir également partir les Juifs pour un exil de 70 ans à Babylone.

La date nous a été rapportée par le prophète Ézéchiel qui se trouvait déjà à Babylone car il faisait partie du premier groupe de Juifs exilés par Nabuchodonosor onze ans avant la destruction du Temple.

On peut s’interroger sur la pertinence de ce jeûne, qui marque un événement vieux de plus de deux millénaires et demi, événement qui n’avait, qui plus est, rien de catastrophique. Si le jeune du 9 Av, qui marque la destruction du 1er et du 2ème Temple s’applique à un désastre de l’histoire juive, ce n’est nullement le cas de celui du 10 Tevet qui correspond à un fait historique beaucoup moins important, alors pourquoi jeûner ?
Le Rambam (Maimonide) explique la signification essentielle de nos jeûnes [dont celui du 10 tevet] et ce n’est pas de marquer les événements catastrophiques auxquels ils s’appliquent.
Le but de nos sages est d’éveiller les cœurs vers le repentir et de nous rappeler à la fois les fautes de nos ancêtres et les nôtres, ainsi qu’il est écrit (Lévitique 26, 40) : « Ils confesseront leur crime et le crime de leurs pères… » (Références Rabbi Moché Bar Maimon z.t.l. dans Michné Torah Hilkhot Taâniyoth chapitre 5 Halakha 1.)
Les jeûnes se transformeront en jours de joie, il est mentionné dans Zékharia (Chapitre 8, Verset 19): « Ainsi parle Hachem : Le jeûne du 4ème mois (17 Tamouz), le jeûne du 5ème mois (9 Av), le jeûne du 7ème mois (jeûne de Guédalia) et le jeûne du 10ème mois (10 Tévèt) se transformeront pour la maison de Yéhouda en jours d’allégresse et de joie, en fêtes de réjouissance ».

Autour du 10 Tevet se rapportent aussi plusieurs faits marquant l’histoire du monde juif.

La Septante

On a également associé tacitement au jeûne du 10 Tevet le souvenir d’autres événements dont la date anniversaire se situe juste avant. Le 8 Teveth, le roi d’Egypte Ptolémée a obligé 70 sages juifs à se rassembler pour traduire la Bible hébraïque en grec.

Bien que le Talmud rapporte que cette entreprise donna lieu à un véritable miracle (les 70 sages occupaient chacun une cellule séparée et ils donnèrent pourtant tous une traduction identique), l’opinion générale des rabbins de l’époque envers cette initiative fut nettement défavorable.

Le Talmud rapporte que lorsque cette traduction fut rendue publique, « les ténèbres descendirent sur le monde ».

La traduction grecque de la Bible servit à favoriser le projet des Juifs hellénisés d’introduire la culture grecque dans la vie juive.

Cette traduction, la Septante, fut utilisée quelques siècles plus tard lorsque l’Ancien Testament devint l’une des parties de la Bible chrétienne.

La traduction grecque de la Bible servit également à favoriser le projet des Juifs hellénisés d’introduire la culture grecque dans la vie juive, et d’adapter le judaïsme aux valeurs et au mode de vie grecs.

Le fait que la Bible ait pu être traduite en grec donna à cette langue une respectabilité, une « cacherout », pour ainsi dire, qui eut de nombreux prolongements dans la société juive de l’époque, et sapa les efforts des rabbins qui luttaient contre la séduction exercée par la Grèce sur l’Israël d’alors.

La mort d’Ezra le Scribe

Le 9 Tevet est considéré comme étant le jour de la mort d’Ezra le Scribe. Ce grand homme juif peut être comparé à Moïse lui-même d’après le Talmud : « Si la Torah n’avait pas été donnée grâce à Moïse, elle aurait pu être donnée à Israël par l’intermédiaire d’Ezra ».

Ezra ramena à Jérusalem les Juifs qui avaient vécu en exil à Babylone. C’est sous sa direction et son inspiration , avec l’aide du Juif de cour Néhémie, que le second Temple fut construit , quoiqu’ à une échelle beaucoup plus modeste et qu’il fût loin d’égaler la majesté du Temple de Salomon.

Ezra renouvela également l’alliance de Moïse entre Israël et Dieu, il mit un terme aux mariages mixtes qui s’étaient multipliés parmi les Juifs revenus à Jérusalem, il renforça l’observance publique et privée du Chabbath et créa les écoles et l’environnement intellectuel nécessaires pour faire progresser la connaissance et le développement de la loi orale du Sinaï parmi le peuple juif.

Ezra le Scribe était un homme plein de compassion, incorruptible, c’était un visionnaire inspiré, un érudit doué d’un grand charisme, et c’est grâce à lui que le judaïsme et les Juifs ont survécu jusqu’à ce jour. Il n’est donc pas étonnant que nous considérions le jour de sa mort comme un jour de tristesse dans le calendrier juif.

Dans la mesure où il aurait été déraisonnable de jeûner trois jours de suite, les souvenirs qui s’attachent aux 8 et 9 Tevet furent incorporés dans le jeûne du 10 Tevet.

Regrouper les jours de deuil?

Les autorités rabbiniques ont choisi d’intégrer la commémoration de la Shoah au 10 Tevet
Les rabbins ont cherché à relier aux jours de jeûnes existants d’autres événements tragiques, de manière à ne pas charger le calendrier de trop de jours d’affliction.

C’est ainsi que le massacre des communautés juives de Worms, Speyers et Mayence par les Croisés en 1096 est commémoré lors du jeûne du 9 Av, bien que cette destruction ait eu lieu en d’autres mois.

Peu après la déclaration d’indépendance de l’état d’Israël, ses deux Grands-Rabbins, Yitzhak HaLevi Herzog et Bentzion Ouziel, décrètent le 10 tevet « Yom HaKaddish HaKlali » (« jour du Kaddish public »), à la mémoire des victimes de la Shoah, dont la date du décès est pour la plupart inconnue.

Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi explique qu’un jour de jeûne est aussi un jour de bienveillance divine. Comme l’obligation de jeûner le 10 Tévet est, à certains égards, plus stricte que pour les autres jeûnes, on peut comprendre que la bienveillance divine est aussi plus forte ce jour-là.

Donc la Techouva, le retour à D.ieu, que doit amener le jeûne, sera aussi d’un niveau plus élevé.

Cette tendance à réduire le nombre de jours commémorant des événements sombres devint une pratique courante dans le monde juif jusqu’à la Shoah.

Cependant, l’ampleur de la tragédie de la Shoah étant sans précédent dans l’histoire du peuple juif en diaspora, il était légitime que la Knesset décide de choisir un jour particulier pour en commémorer le souvenir.

Toutefois, cette tendance des rabbins à réduire le nombre de jours de deuil a prévalu lorsqu’ils ont choisi d’intégrer la commémoration de la Shoah au 10 Tevet pour tout un secteur de la population israélienne.

Par le mérite des Tsadikim, qu’Hachem protège tout le Âm Israël, Amen

Par Jforum avec Monique SIAC  www.lamed.fr et  Rav Chlomo Atlan
Temple de Salomon (vue)

 

 

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