Attentats planifiés de Paris : Cachez cette défaite cinglante de Shingal que Daesh ne saurait voir

Les attentats de Paris commis par Daesh, le 13 novembre 2015 étaient certainement planifiés de longue date, mais attendaient le moment propice pour être exécutés.

On comprend les motivations derrière la bombe vraisemblablement présente à bord de l’Airbus A 321 russe, au départ de Sharm el Sheikh, qui a fait 224 morts au-dessus du Sinaï le 31 octobre : c’est une réplique logique au commencement de l’intervention russe en Syrie et une punition contre le tourisme égyptien, dont l’armée du Président Abdel Fattah al Sissi inflige de lourdes pertes dans un combat pied à pied en plein désert de la Péninsule, contre les Djihadistes de l’ex-Ansar Baït al Maqdis, désormais Wilayat Sinaï, branche de Daesh (mais aussi d’Al Qaïda) dans cette plaque tournante entre l’Afrique, par la Libye, et le Moyen-Orient (Mer Rouge, Canal de Suez).

C’est à l’aune de la même lutte implacable contre les bastions de Daesh qu’il faut interpréter les opérations terroristes-suicide et la dissémination de kamikazes en plein coeur de Paris. Jeudi dernier, nous annoncions le lancement et la reprise, dans la même foulée, de la ville centrale de Shingal ou Sinjar (en arabe) par les forces des Peshmergas, place stratégique à mi-chemin de Raqqa (QG frappé hier soir par 10 Rafale et Mirage français), Tel Afar et Mossoul, qui contrôle les routes reliant le bastion irakien de Daesh à sa place forte en Syrie.

Il convient, néanmoins, de relativiser l’étendue stratégique de la victoire de Singhal, où les documents photographiques attestent que la ville entière a été réduite en ruines par Daesh, d’une part. En un mot, il ne restait plus un os à ronger pour ces prédateurs terroristes. D’autres part, lorsqu’on insiste sur l’axe stratégique de la voie entre Raqqa et Mossoul, Daesh contourne, la plupart du temps cette route, à cause des frappes de la coalition et s’est, depuis leur début, trouvé des modes d’acheminement plus clandestins de l’approvisionnement. Le défi, à ce stade, reste donc entier, même si le plan symbolique est accompli, par la reconquête du « marché aux esclaves sexuelles » de Daesh…

L’ensemble de ces forteresses du Mal Absolu, incarné par le Califat est actuellement menacé par la contre-offensive kurde, tant celle qui provient d’Erbil, dans le Nord de l’Irak, que celle qui se renforce à Hassakeh, Kobané, Jarabulus, Afrin, par les YPG, les Kurdes de Rojava, tant redoutés par Recep Tayyip Erdogan, comme bras armés du PKK, au nord-est syrien. Les Kurdes d’Irak sont épaulés par les frappes de la coalition internationale, mais aussi entraînés par les forces spéciales françaises au maniement des missiles antitanks Milan (de fabrication franco-allemande).

Ainsi, prendre pour cible le match amical franco-allemand, auquel assistait François Hollande prend t-il le sens meurtrier de représailles contre l’armement des Kurdes (qu’il a pu éviter de prendre, malgré l’aspect surtout spectaculaire des explosions), dans la phase d’ouverture du « ballet » morbide organisé le même soir par Daesh dans la capitale française.

On sait, par ailleurs, que le Bataclan a fait l’objet des menaces des Pro-Palestiniens, depuis des années, parce que son propriétaire est Juif et qu’il prête sa salle au gala de soutien des Gardes-Frontières, le Magav, particulièrement à l’oeuvre, actuellement, à cause des nombreux attentats au couteau et à la voiture-bélier contre les citoyens israéliens.

L’emploi des islamikazes, d’origine française et il est important de le souligner, pour se suicider au milieu de la foule, dans des bars ou au Bataclan même, au moment de l’assaut des forces spéciales de la police, est un appel direct au recrutement des « desesperados » de l’intégration manquée, pour qu’ils se fassent, régulièrement, exploser parmi les foules françaises qui les ont accueillis. La société française se trouve alors face à un danger équivalent à celui auquel s’est trouvé confronté Israël, au moment du « chantage » de Camp David de juillet à octobre 2000 : si la France ne cède pas aux injonctions des partisans de Daesh, éparpillés au beau milieu de sa propre population, alors une partie d’entre eux appelle les autres à se lever pour frapper là où cela leur sera possible, là où cela fera le plus de morts. D’autant que si Daesh recule sur certains terrains au Moyen-Orient, les conséquences devront être à la mesure de ces revers, cette fois transposés sur les théâtres européens et dans les capitales des pays-meneurs de la guerre qui lui est menée sur son propre « terrain ».

S’il faut en tirer toutes les conclusions, sans trop se hâter, le changement culturel qui se profile, en France, dans sa confrontation avec le spectre de Daesh, prend cette configuration aux contours imprécis :

L’appui des Occidentaux, dont la France, à l’autonomie croissante de peuples minoritaires comme les Kurdes ou, à Shingal, les Yézidis, -dont l’extermination en cours a été l’origine de l’intervention américaine à reculons, dans cette guerre que les Etats-Unis d’Obama désiraient moins que tout au monde- est ressentie par Daesh comme la menace primordiale sur les tranches territoriales de Califat qu’il a établies. Or, ce soutien (« à reculons ») demeure bien timide, si on excepte les Milan et les conseils, l’appui bombardier, depuis le ciel. La France devra exprimer qu’elle soutient sans réserve aucune cet écrasement en cours des hordes djihadistes par ses amis Kurdes. Et pour cela, elle ne devra plus avoir peut de froisser le dictateur d’Ankara qui choie tant les Islamistes de Daesh, quitte à leur permettre de prendre le bateau sous les haillons des « migrants ». Maintenant, de cette défaite rapide de l’Etat Islamique-Daesh sur le terrain dépend la vie de citoyens français partout dans le monde.

Daesh révèle à la France, qui feignait de l’ignorer, que le fameux conflit palestino-israélien, avec ses signes avant-coureur de « chant du cygne » [« l’Intifada des couteaux », qui n’est que le signe que les fenêtres d’opportunité pour le génocide des Juifs voulu par le Hamas se referment], n’est qu’un galop d’essai, un « retour d’expériences » (un Retex, dit-on!) ou laboratoire, qui a permis la mise au point de certains modus operandi comme les hommes-bombes ou attentats-suicide, arme privilégiée du Hamas, comme rejeton palestinien des Frères Musulmans. Ces techniques de guerre psychologique et de démocide (crime contre la démocratie) sont désormais disponibles à toutes les franges de population radicalisée en Europe, depuis Molenbeek et ailleurs, qui brûlent de passer à l’action contre l’Occident. Ce feu de Daesh qui les consume est transterritorial, terroriste sans frontières et ne s’arrêtera jamais à la définition d’une souveraineté ou de frontières, seraient-elles celles « sacrées », d’un Califat! Il les fera, au contraire, voler en éclats!

La France est en tête de ligne, pour ses prises de position dans la guerre actuelle, contre le Niqab ou à cause des rondeurs rabelaisiennes de son débonnaire Président, mais aussi, malheureusement, parce qu’à l’époque d’autres événements ailleurs (en Israël et dans les « territoires disputés », objet des Accords d’Oslo), elle n’a pas su lire « le message sur le mur » ou a préféré feindre, pour nombre de ses élites politico-intellectuelles, qu’il pouvait y avoir une justification à l’illégitime du terrorisme, tant qu’il ne touche que d’autres peuples : hier les Israéliens, ou même les Américains, par le refus français cinglant de penser la guerre anti-terroriste de concert avec les Américains, en Irak.

A ce titre, la France apparaît comme « le ventre mou » de l’Occident et de l’Europe, à cause de sa forte population arabo-musulmane, armée de réserve de Daesh et première exportatrice en chiffres absolus de djihadistes pour le Califat, via la Turquie et les frontière syro-irakienne. La France a, en contrepartie, aussi été très tôt du côté des Kurdes, à l’époque d’Hallabja et du gazage de la population kurde de cette ville, en 1988. On se souvient du voyage protecteur de Danielle Mitterrand sur place à l’époque.

Contrairement aux images d’Epinal cultivées par le Quai d’Orsay à l’époque, l’Irak de Saddam Hussein n’était déjà plus ce pays « laïc » qui résisterait à l’influence de l’Islam et des Frères Musulmans, mais au contraire, une plaque tournante, où se rendaient en visite les émissaires de ce mouvement, dont Hassan El Tourabi du Soudan. Les services spéciaux de Saddam Hussein frayaient déjà avec les extrémistes islamistes présents jusque dans l’Université islamique de Bagdad, dont Abu Bakr al Bagdadi est bien diplômé, et d’où il tire la plupart de ses fatwas et de sa tradition issue de l’enseignement d’Ibn Tammyiah. Très rapidement, avant, mais surtout après l’intervention américaine de 2003, les réseaux clandestins, mixtes d’anciens généraux de Saddam Hussein, rompus aux techniques de propagande du KGB et de néo-salafistes proches d’Al Qaïda, ont pu passer à l’action, parce qu’ils bénéficiaient déjà de l’infrastructure nécessaire et suffisante pour le faire. C’est ainsi qu’on assiste à la naissance de Daesh, par l’entremise d’Al Qaïda en Irak, d’abord représenté par Abu Musab Al Zarqawi, ce Palestino-jordanien vivant en Irak, qui, par ses atrocités, s’oppose à la branche officielle de Ben Laden et Ayamn al-Zawahiri, à l’époque.

Il faut, désormais rompre avec les légendes qui datent cette naissance de l’été 2014, par l’offensive « surprenante » de Daesh contre Mossoul et le Nord de l’Irak. Cette culture de la mort est bien plus ancienne, dispose d’une profondeur historique et d’un terreau et, sans l’intervention américaine à l’époque, elle aurait néanmoins éclos pour déstabiliser d’autres puissances régionales, dont les pays du Golfe, la Jordanie (de Zarqawi), etc. La politique étrangère de la France doit donc enterrer ces « vues de l’esprit » qui lui faisaient préférer la « poigne de fer de Saddam Hussein », le prétendu « laïc » au risque d’éclosion de « l’Islam radical » que ce pouvoir couvait, même s’il n’en faisait qu’un instrument parmi d’autres. Ces réticences sont manifestes, dans le refus d’aveuglement derrière Assad, actuellement, qui ne protège de rien, – sauf qu’il a lui-même libéré les pires doctrinaires islamistes-, même si un modus vivendi de sortie de crise est nécessaire et impératif avec Poutine contre Daesh, priorité absolue.

Le poids de l’Iran sur le pouvoir revanchard chiite de Nouri Al-Maliki, auquel les Etats-Unis ont consenti, est l’autre levier qui occasionne la mobilisation des Sunnites contre le pouvoir de Bagdad et provoque sa radicalisation contre ce qui a tous les traits d’une invasion panchiite de l’Iran en Irak, qui ne saurait aller sans la perpétuation d’un bain de sang….

La seule valeur sûre et saine, dans cette partie du nord de l’Irak, ce sont les Kurdes qui aspirent à l’indépendance nationale pour échapper à cette chape de plomb des puissances régionales : Iran d’un côté, Turquie de l’autre, et ce qu’il reste de la Syrie de Bachar al Assad, au sud-ouest, avec ses justificatifs anti-sunnites.

De la même façon, le soutien désespéré à un Mahmoud Abbas qui ne représente que lui-même, voire le plébiscite du Hamas par les Pro-Palestiniens contre les Synagogues et la petite Jérusalem de Sarcelles, durant l’été 2014, viennent de démontrer que les petits frères du Hamas nés en France n’hésiteront pas à utiliser les mêmes armes des bombes humaines contre les noctambules attablés ou les spectateurs du Stade de France et du Bataclan, de l’Olympia, des grands magasins de Noël, si on touche à leurs causes fétiches et sacrées (Raqqa, Shingal,Mossoul, Al Qods-Gaza).

La guerre en cours est d’abord et avant tout culturelle et idéologique. La France, sa population, ses élites, sa classe politique doivent, désormais démontrer qu’ils ont appris à lire « le message sur le mur ». Et cesser de se tromper de « cause », en espérant « gagner du temps », renvoyer le « bébé » de la guerre à traiter par d’autres peuples du Moyen-Orient : les Yézidis, les Kurdes, les Druzes, les Juifs. La France doit comprendre que son combat est dans le camp des minorités qui la soutiennent quand elle sait faire preuve de discernement et lutter contre l’idéologie en actes terroristes de l’Islam radical, partout dans le monde.
Par Marc Brzustowski. pour Jforum.fr ©

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