Mais que sont devenus les « enfants cachés »?

Il était une fois le début d’un bien vilain « compte à rebours » qui emportera avec lui des millions et des millions d’innocents. Le 16 juin 1940 voit un nouveau gouvernement se mettre en place à Bordeaux sous la direction du Maréchal Pétain. Né de la défaite de la France face à l’Allemagne nazie le régime de Vichy durera longtemps, longtemps, si longtemps avec à sa tête un vieux maréchal devenu fasciste et antisémite plus que de raison !
Le premier octobre 1940 marque la date symbolique de ce qui ne fit que croître et enlaidir tout au long des cinq années qui allaient suivre :

Lors du conseil des ministres de ce jour-là précisément, il décide de faire entériner par une loi en bonne et due forme son projet à propos d’un statut bien spécifique à la « race juive ». De sa main, le maréchal Pétain, « chef de l’Etat français » ajoute au crayon des annotations qui vont toutes être intégrées dans le statut définitif qui sera adopté le 3 octobre et promulgué au Journal Officiel le 18 octobre.

A partir de l’été 1941, les frontières largement ouvertes par le régime de Vichy laissent entrer les hordes du régime nazi. Un an plus tard les autorités allemandes ont largement intensifié une politique axée sur un antisémitisme aussi primaire que criminel. Et ce seront les gigantesques rafles dans nombre de pays dont la France, une France–collabo qui mettra à la disposition des allemands qui n’en avaient jamais espéré autant, personnel et données administratives nécessaires pour achever un travail déjà envisagé depuis quelques années.

Un exemple : En ce qui concerne Paris, outre 9000 policiers et gendarmes, un dossier superbement détaillé des juifs vivant dans la Capitale sera mis gracieusement à la disposition des représentants de la race aryenne qui sauront en faire bon usage.

De Drancy, Beaune-la-Romaine et Pithiviers, où ils avaient été regroupés, des trains emporteront leur contingent de juifs adultes, (les enfants restés sur place) en partance vers les camps d’Auschwitz-Birkenau pour commencer puis Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen, Ravensbrück, Mauthausen, etc., etc. …

Oser séparer des familles ?

C’est le pire des prétextes dont vont se servir les français-collabos pour servir la bête immonde, une idée splendide soufflée aux allemands qui vraiment faisaient preuve d’un manque d’imagination inadmissible !

C’est donc à partir de cet été – sans – soleil que les parents vont tenter de mettre leurs enfants à l’abri. Ainsi naîtra l’appellation des « enfants cachés ». En premier lieu, des réseaux ont été créés. Grâce à eux, les enfants ont pu être cachés dans des familles non juives qui ont accepté de garder secrètement ces enfants.

« En général, ces familles se trouvaient loin des villes, à la campagne, ce qui réduisait le risque de se faire contrôler par les SS ou la milice française. Les enfants travaillaient à la ferme, s’occupaient du bétail, de l’agriculture mais aussi exerçaient des métiers manuels. Les réseaux de sauvetage avaient également placé les enfants dans des instituts catholiques et protestants, des couvents, des pensionnats, des maisons d’accueil (comme « le Rayon de Soleil » à Cannes), mais aussi des colonies de vacances (comme celle d’Izieu). »

Un lieu magnifique pour une commémoration ultime, inauguré le 18 juin 1981, le mémorial de la déportation française des juifs en général est plus particulièrement consacré à la mémoire des enfants cachés en particulier. Ce mémorial se situe en haut d’une colline près d’un moshav appelé Neve Michael.

Roglit et les enfants cachés… Combien en reste-t-il en 2022 ? On serait tenté de répondre qu’aucun n’a survécu. Et pour cause. Soit ils ont été dénoncés et assassinés dans un camp ou un autre, soit la vieillesse les a rattrapés et ce sont de vieilles dames et des messieurs très âgés qui témoignent aujourd’hui pour les enfants qu’ils ont été jadis !

Les survivants

Plus sérieusement si l’on en croit Shlomo Balsam : « On en compte plus de 3000 aux USA et au Canada. Près de 1000 en France, de même qu’en Israël. Les associations d’enfants cachés se sont constituées très tard et les gens s’y sont inscrits dans les années 1990. Après la guerre, il y avait les survivants qui revenaient des camps, les membres de la Résistance et des partisans qui se sont battus. Pour les enfants cachés, c’était eux les héros – « nous, nous n’étions rien », des ballots cachés de place en place, des gosses de quelques années… Beaucoup d’anciens enfants cachés devaient reconstruire une famille, refaire leur vie, réapprendre un métier.

Certains même étaient très heureux pendant les années de guerre, cachés dans des fermes auprès d’enfants de paysans avec lesquels ils jouaient attendant que leurs parents reviennent. Une expression revient dans leurs souvenirs « nous riions le jour, nous pleurions la nuit ». Pour beaucoup d’enfants cachés, la guerre commence en 1945 lorsqu’ils comprennent que personne n’est revenu ». C’est à la suite de réunions d’enfants cachés à New York puis Jérusalem dans les années 1990 et 1991, que Mme Rivka Avihail, cachée en France et vivant en Israël, a créé Aloumim, qui signifie Jeunes et Cachés en hébreu… » *

Toutes ces interrogations sur l’oubli qui, par la force des choses, s’est installé au fil du temps, toutes ces questions à propos de la réalité et la justesse de tous ces pans de mémoire confrontés ou enrichis des témoignages autres, des films vus, des livres lus ou des histoires entendues, toutes ces réflexions ont été sujets d’inquiétude pour la plupart de ces rescapés, tout au long d’une vie d’adulte issue de celle d’un enfant caché….

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