Dans un récent commentaire publié par le Journal de Montréal, Fatima Houda-Pepin, l’ancienne députée qui proposa la motion anti-charia adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec en 2005, s’en prend au concept de ‘musulman modéré’. Elle explique que ce concept est utilisé par les islamistes à vestons pour infiltrer nos institutions et faire adopter des mesures qui servent leurs objectifs.

Fatima Houda-Pepin : [L]es ‘musulmans modérés’ n’existent pas, sauf sous la plume de ceux qui l’affirment et chez les islamistes radicaux eux-mêmes. Ces derniers s’en réclament depuis qu’ils ont compris qu’ils peuvent se draper de cette étiquette pour adoucir leur image et ainsi accomplir leur ‘djihad juridique’ en s’infiltrant dans nos institutions et saper de l’intérieur les valeurs de la démocratie.

Voici trois exemples qui démontrent pourquoi on devrait être sur nos gardes quand des islamistes se déclarent «modérés», quand ils présentent leurs mentors comme «modérés» ou quand des médias complaisants les dépeignent comme tels.

HASSAN TOURABI (1932-2016) – Dans une entrevue publiée, en 1995, dans L’islam, un autre nationalisme qu’il destinait à un public non-musulman, Tariq Ramadan a présenté Hassan Tourabi comme un «modéré». Voici quelques éléments de la vie de Tourabi qui étaient connus en 1995 et qui n’ont jamais empêché Tariq Ramadan d’affubler son mentor de l’étiquette passe-partout de «modéré».

Hassan Tourabi a été le principal responsable de l’introduction de la charia au Soudan dans les années ’80 et ’90. Dans une cause d’immigration entendue par un tribunal canadien en 2000, le Soudan de Tourabi a été décrit comme un «pays des horreurs [où l’]on flagelle au nom de la charia, on abrite des bases terroristes et on extermine les chrétiens du Sud». Dans cette cause, Tourabi a également été décrit comme «l’idéologue du régime militaire au Soudan» et le leader d’une «Internationale islamiste». (X [Re], 2000 CanLII 21343 [CISR])

Dans une autre cause entendue par la Cour fédérale du Canada, on mentionne «[qu’Oussama] Ben Laden et son entourage ont déménagé au Soudan en 1991 à l’invitation du chef islamiste Hassan Tourabi». (Section 274 – Almrei (Re), 2009 FC 1263 CanLII)

Alors que Hassan Tourabi était Solliciteur-général du Soudan en 1985, le théologien musulman Mahmoud Mohamed Taha a été exécuté pour apostasie par l’État parce qu’il avait ouvertement encouragé la réforme de certains principes islamiques.

Les islamistes savent fort bien que l’expression «musulman modéré» ne sert qu’à berner leur ennemi. Devant un auditoire musulman de Dallas, Tariq Ramadan a d’ailleurs condamné l’utilisation de cette expression par les musulmans eux-mêmes : «Nous ne sommes pas ici pour être des musulmans modérés» («We are not here to be moderate Muslims» / vidéo 3 – 02:36).

RACHID GHANNOUCHI – En 1998, lorsque les autorités canadiennes ont refusé d’accorder un visa à Ghannouchi pour lui permettre de venir au Canada, l’islamiste Faisal Kutty avait protesté en plaidant que Ghannouchi est «extrêmement modéré» / Archive.Today.

Faisal Kutty enseigne le droit / Archive.Today aux universités Valparaiso (Indiana) et York (Osgoode Hall). M. Kutty a milité dans plusieurs organisations islamistes dans le passé (CNMC / CAIR-CAN, HCI, etc.). Il déclare également «avoir travaillé de près avec la GRC et le SCRS» et collaboré avec des membres d’un sous-comité du renseignement du département de la Sécurité intérieure des États-Unis en 2006. En 2016, Faisal Kutty fait partie du palmarès des 500 musulmans les plus influents dans le monde / Archive.Today. Voici quelques éléments de la vie de Ghannouchi qui étaient connus en 1998 et qui n’ont jamais empêché Faisal Kutty d’affubler son mentor de l’étiquette passe-partout de «modéré».

Dans les années 1980-90, le parti islamiste dirigé par Ghannouchi s’est livré à de nombreux actes de terrorisme en Tunisie. La Cour fédérale du Canada les passa en revue en 2001 lorsqu’elle refusa d’accorder le statut de réfugié à un des lieutenants de Ghannouchi : Utilisation de cocktails Molotov, acide projeté aux visages d’individus, agressions physiques dans les lycées et les universités, incendies de voitures, lettres de menaces, complot en vue d’assassiner des personnalités du gouvernement tunisien, tentatives d’incendies dans des facultés, attentats à la bombe de Sousse et Monastir le 2 août 1987, incendies criminels de Bab Souika en février 1991 où il y a eu mort d’homme, attentat à la bombe en France en 1986, trafic d’armes dès 1987, etc. Zrig c. Canada 2001 CFPI 1043, [2002] 1 CF 559 (sections 4, 9 et 20)

En 2003, la Cour fédérale d’appel du Canada a décrit celui que Faisal Kutty présente comme «extrêmement modéré» comme «un terroriste faisant partie intégrante de l’internationale islamiste [qui] a fait un appel à la violence contre les États-Unis et a menacé de détruire leurs intérêts dans le monde arabe. En outre, il a demandé la destruction de l’État d’Israël». Zrig c. Canada 2003 CAF 178, [2003] 3 CF 761 (section 20)

HUSSEIN HAMDANI – Après les événements du 11 septembre 2001, le Standard de St. Catharines a rapporté que Hamdani se qualifiait lui-même de musulman «modéré» et qu’il affirmait que «l’islam a été détourné par des fondamentalistes comme Oussama ben Laden».

Cette aura de «modération» a valu à Hussein Hamdani d’être nommé en 2005 conseiller de Sécurité publique Canada au sein de la Table ronde transculturelle.

Pourtant, en 2003, après avoir apparemment dénoncé ben Laden, Hamdani a lancé les conférences islamistes RIS de Toronto grâce à la commandite de la World Assembly of Muslim Youth (WAMY), une organisation saoudienne dont le statut de bienfaisance a été révoqué par l’Agence du revenu du Canada en 2012 pour avoir transféré des fonds à une entité liée à l’infrastructure de ben Laden lui-même.

Déjà dans les années 1980, des documents de WAMY faisaient l’éloge du jihad. Entrez la phrase On this Day of Jihad, are you miserly with your blood? pour retrouver le passage.

Voici d’autres activités ‘modérées» de Hussein Hamdani révélées par Point de Bascule qui ont mené à sa suspension, puis à son remplacement comme conseiller de Sécurité publique Canada :

Islamic Society of North America (ISNA) – Le 6 octobre 2013, la North American Spiritual Revival, dirigée par Hussein Hamdani, a invité Siraj Wahhaj à donner une conférence à la mosquée d’ISNA à Mississauga (Ontario), malgré qu’il ait promu le jihad armé dans les rues américaines, défendu l’assassin d’un policier, etc. Deux semaines avant l’événement, une sous-structure de l’organisation hôte (ISNA) a vu son statut charitable révoqué après que l’Agence du revenu du Canada ait déterminé que l’ISNA Development Foundation avait fourni des reçus pour fins d’impôt à une entité sans statut charitable qui amassait des fonds pour une organisation menant le jihad armé en Inde.

IRFAN-Canada – Malgré son poste de conseiller auprès de Sécurité publique Canada, Hussein Hamdani a continué d’exercer un rôle de leadership au sein de deux organisations ayant contribué à IRFAN-Canada, le principal collecteur de fonds du Hamas au pays, entre 2005 et 2009. Plusieurs avaient sonné l’alarme sur le fait qu’IRFAN faisait partie de l’infrastructure de financement du Hamas au Canada, dont Stockwell Day, en 2004, alors qu’il était député de l’Opposition. Un autre avertissement est venu des États-Unis. En 2007, IRFAN a été identifié comme faisant partie du système global de financement du Hamas dans le procès de la Holy Land Foundation aux États-Unis (subsection VIII).

En avril 2011, l’Agence du revenu du Canada a révoqué le statut charitable d’IRFAN après avoir déterminé que l’organisation avait transféré 14,6 millions $ au Hamas, uniquement pour la période 2005-2009. Le 24 avril 2014, Sécurité publique Canada a ajouté IRFAN-Canada à sa liste d’organisations terroristes bannies.

Muslim Association of Canada – Durant son implication comme conseiller de Sécurité publique Canada, Hussein Hamdani a également collaboré à de nombreuses reprises (2005200920102011) avec la Muslim Association of Canada malgré son appui explicite au Hamas en 2004, plus d’un an après que le Hamas ait été ajouté à la liste des organisations terroristes bannies par le Canada.

À titre de conseiller du gouvernement canadien, Hussein Hamdani a nui aux efforts du Canada contre la menace islamiste en tentant de convaincre le ministre de la Sécurité publique d’interdire à son personnel de prendre en considération des documents islamiques dans leur étude de la menace sous prétexte de prévenir l’islamophobie. L’étude de la doctrine d’un ennemi est évidemment indispensable à la compréhension de son programme et à sa neutralisation.


Auteure : Fatima Houda-Pepin
Référence : Journal de Montréal, 28 mars 2016

Titre original : Musulmans modérés recherchés! / Archive.Today

[EXTRAITS] Cette question lancinante des «musulmans modérés» a surgi dans les médias, en 1989, après la fatwa de Khomeiny contre Salman Rushdie et son livre Les versets sataniques. Elle réapparaît chaque fois qu’un attentat se réclamant de l’idéologie djihadiste est commis quelque part dans un pays occidental. C’était encore le cas après ceux de Bruxelles, le 22 mars.
Pris au dépourvu pour expliquer l’irrup­tion du salafisme djihadiste en Occident, à la fin des années 1980, et pour faire l’économie d’une analyse rigou­reuse des défis que pose l’islamisme radical à la sécurité du monde, les médias occidentaux ont accouché d’un faux concept, galvaudé à l’extrême: les «musulmans modérés», au détriment des identités que les musulmans se donnent pour eux-mêmes et dans lesquelles ils se reconnaissent.
Les élites politiques bien-pensantes n’ont pas tardé à l’instrumentaliser: les «musulmans modérés» sont ceux qu’on peut tolérer parce qu’ils pensent comme nous, par opposition aux autres, qu’on doit craindre.
Ne les cherchez pas, car les «musulmans modérés» n’existent pas, sauf sous la plume de ceux qui l’affirment et chez les islamistes radicaux eux-mêmes. Ces derniers s’en réclament depuis qu’ils ont compris qu’ils peuvent se draper de cette étiquette pour adoucir leur image et ainsi accomplir leur «djihad juridique» en s’infiltrant dans nos institutions et saper de l’intérieur les valeurs de la démocratie. Ce combat, qu’ils mènent, au nom d’une certaine idée de la liberté de religion et des chartes des droits, force est d’admettre qu’ils sont en train de le gagner.

Références supplémentaires

Buffalo News (5 septembre 2010) : Procès du musulman modéré Muzzammil Hassan de Bridges TV pour avoir décapité sa femme / JihadWatch [Article en anglais]

Catholic Culture (18 février 2016) : L’évêque catholique d’Alep (Syrie) met en garde que les rebelles syriens ‘modérés’ tuent les civils

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