Tsahal : la destruction du Liban est programmée

 

 Aujourd’hui, il n’y a pas un officier qui connaisse mieux le Hezbollah que le général de brigade Moni Katz, et c’est pour cela qu’il vaut mieux l’écouter : « ils sont passés d’une organisation terroriste a une armée, ils sont 10 fois plus forts qu’en 2006 et collaborent avec l’armée libanaise ». Mais Katz sait aussi mettre en avant le niveau de préparation élevé du coté israélien et reconnaitre : « nous avons échoué quand nous n’avons pas repéré la menace des missiles a har Dov ».

« Celui qui ne comprend pas les changements qu’a effectue le Hezbollah et les nie, qu’il ne soit pas etonne pendant la prochaine guerre », c’est ainsi que parle le lieutenant-general Moni Katz qui dirige la division 91, responsable des 130 kilometres de la frontiere entre Israel et le Liban.
Depuis un an et demi qu’il est en poste il a pu constater les changements profonds qu’a subi l’organisation terroriste. Selon lui, « d’une organisation terroriste qui pensait faire des infiltrations avec de petites forces, elle est devenue une organisation semi-militaire, et est devenue une armee a tous les points de vue ». 
Le lieutenant-general Moni Katz sait que malgre que les combattants de l’organisation aient « disparu » apres la deuxieme guerre du Liban, et ont laisse vides leurs positions sur la frontiere, le Hezbollah ne fait que se renforcer. « Le renforcement de leur puissance de feu est tres important avec plus de dix fois plus de capacite que pendant la deuxieme guerre du Liban, a peu pres, et dix fois plus de potentiel qu’il n’y en a a Gaza, en qualite et en portee de tir ». 
La base de travail de Tsahal est que lors d’un conflit elargi, le Hezbollah tirera des missiles et des roquettes a un rythme effrene en direction des localites frontalieres.
Malgre tout, le lieutenant-general Moni Katz estime que pour l’heure, le Hezbollah n’est pas du tout interesse par une guerre avec Israel. Ce n’est pas dans son interet, et l’organisation terroriste en est fortement dissuadee par Tsahal.
Le Hezbollah sait qu’il devra payer un prix tres eleve en cas de conflit ». 
Selon Katz, le Hezbollah est actuellement occupe avec la guerre contre Daech. « La menace numero 1 pour les chiites au Proche-Orient c’est le Djihad mondial. C’est sa mission principale ».
 
« Assad ne peut rien faire sans le Hezbollah »
 
« Le Hezbollah est en train de devenir un acteur en developpement », precise Katz a propos de la guerre en Syrie. « Selon le Hezbollah, il decide de tout. Assad ne peut rien faire rellement sans l’Iran et le Hezbollah, l’Iran en tant que pere spirituel et sponsor principal, et le Hezbollah en tant que bras arme qui oeuvre sur le terrain ».
Selon lui, « l’armee d’Assad est completement en miettes. Elle n’a aucune capacite, cette armee n’arrive pas a mener un processus militaire convenable, ils se mangent des echecs de la et jusqu’a nouvel ordre, et on voit que dans les endroits importants c’est le Hezbollah qui est le premier ». 
Le Hezbollah subit un changement important en Syrie, d’une organisation qui fait des infiltrations avec quelques combattants, il passe a des attaques croisees avec des centaines de soldats en meme temps, des drones, de l’artillerie, des renseignements, des avions et des blindes de l’armee syrienne. Ces deux dernieres annees le Hezbollah revient a la frontiere nord et ne craint plus de recolter des renseignements sur Tsahal. 
Le general de brigade estime que l’experience engrangee par le Hezbollah dans ce pays l’a aide a operer des changements de comprehension operationnelle. Ceci, selon lui, a amene la declaration du secretaire general du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a propos de la future colonisation de la Galilee. « Il commence a penser en ces termes. Il dit : ‘je suis capable de faire ici des attaques importantes, et non pas avec 15 ou 20 soldats, mais avec des centaines de soldats qui peuvent entamer des attaques sur le sol de l’Etat d’Israel' », a declare Katz. 
Il y a un risque de voir un jour un tunnel a la frontiere et des terroristes en sortir ?
« Pour moi il est evident que de l’autre cote ils sont en train de creuser des tunnels. Je n’ai pas besoin de services de renseignements pour cela. C’est une intuition tres claire, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne le fassent pas. Te dire qu’il y a un tunnel deja pret ? Je pars du  principe que oui. Je n’ai pas les moyens de le prouver, je n’ai aucune preuve qu’il y ait un tunnel qui debouche chez nous, mais mon principe de base est que oui et que selon cela, je dois me preparer ». 
« Suite a ca, je vais mettre ca en proportion. Un buisson pour la division 91 c’est comme mille tunnels, tu peux bouger dans un fourre, et personne ne te vois. Si tu veux etre suffisamment fute, tu peux meme passer la barriere. Alors s’il y a un tunnel ou pas, ce n’est pas vraiment le probleme ».
 La methode du lieutenant-general Moni Katz doit correspondre aux attentes du public et du niveau politique. « Je suis impressionne par la population et les responsables des autorites qui sont tres solides », explique-t-il. « Ils comprennent tres bien la situation et ils font preuve d’une responsabilite exceptionnelle en replacant tout cela en proportion. Ma politique est de tout leur reveler, dans les limites securitaires ». 
Selon lui, « ils savent et comprennent que lors de la prochaine confrontation, l’autre cote essaiera d’effectuer des attaques sur notre sol. Ils comprennent qu’ils essaieront d’attaquer et d’infiltrer nos localites, si c’est pour conquerir une localite ou en prendre le controle pour un moment donne ou autre, voire peut-etre meme pour effectuer un massacre. Ils savent que ma position de base est qu’a priori il y a un tunnel ou plusieurs, et ils savent que chaque contact entrainera un feu nourri ». 
Tu evacueras des localites sur la ligne de front pendant la guerre ?
« Ce n’est pas une evacuation de localites, c’est une evacuation de population pendant un temps limite, afin de proteger leurs vies et que l’on puisse vaincre avec le moins de civils tues. Mais ca aussi il faut le replacer dans ses proportions.
Je ne vois pas de situation ou nous aurions a evacuer toute la population du nord. Je suppose qu’au moment de verite, nous devrons prendre des decisions, quelle localite oui et laquelle non ». 
« Il s’agit de voir comment on entre en guerre. Si nous arrivons a nous preparer, je suppose que la frequence des evacuations sera relativement faible. Je ne sais pas si au final nous aurons a evacuer des localites, cela dependra de la realite mise en place, et il se pourrait aussi qu’au final nous decidions de ne rien evacuer.
Tout ce sujet autour de l’evacuation de localites, plus nous le souleverons, plus nous preparerons des projets, cela nous aidera a arriver a prendre conscience. Pour nous, je laisse a l’autre cote les histoires de victoire ». 
S’il eclate une guerre avec le Liban, comment se deroulera-t-elle ?
« Je n’ai aucun doute, je sais que nous devrons entamer une manoeuvre terrestre tres importante au Liban. Est-ce que les conditions politiques le permettront ?
C’est deja une autre histoire. Je pense que la decision devra etre prise. Elle ne sera pas facile, et nous devrons en payer le prix, mais je n’ai aucun doute sur notre capacite a gagner. Je parle de gagner ». 
« La victoire c’est amener l’autre partie a arreter de se battre. Le briser, qu’il ne veuille plus se battre. Je pense que nous pouvons obtenir cela ».
 
« Le Liban ira 200 ans en arriere »
 
Nasrallah a ete interviewe par une chaine de television syrienne et a declare : « il y aura une guerre, nous devrons payer un prix tres eleve en vies, en ames, et celui qui vaincra sera celui qui sera pret a sacrifier le plus de victimes ». Le lieutenant-general Moni Katz s’est exprime sur cette declaration : « je suis d’accord avec lui qu’un jour il y aura une autre guerre.
Mais je pense qu’au final il sait que le peuple d’Israel n’a pas d’autre alternative. Quand nous serons vraiment dans une position ou nous n’avons pas le choix, ce peuple sera pret a payer un prix tres eleve. Si l’Etat d’Israel et Tsahal met en route sa machine de guerre au Liban, rien ne pourra l’arreter. Je pense que le Hezbollah sait tres bien que si Tsahal lui tombe dessus, le Liban ira 200 ans en arriere ».
« En fait, quel est un de ses problemes ? Toutes ses infrastructures operationnelles sont au sein des infrastructures civiles libanaises. En d’autres termes, s’il enclenche une guerre avec Israel, il entrainera la destruction du Liban. Si Tsahal entame une operation terrestre au Liban, le Liban sera detruit. Le tribunal international me permet d’attaquer toute infrastructure militaire ennemie.
Si je peux prouver qu’un objet particulier est un objet militaire operationnel utilise par l’autre partie, alors j’ai le mandat necessaire pour l’attaquer. C’est pour cette raison simple que le Liban sera tout simplement detruit. D’apres moi, il comprend cela ». 
Pendant cette interview, le lieutenant-general Moni Katz a parle aussi d’un phenomene assez recent, d’une collaboration entre le Hezbollah et l’armee libanaise. « Nous voyons que le Hezbollah et l’armee libanaise commencent a avoir des interets communs a cause du Djihad mondial qui essaie de penetrer le Liban. On voit une collaboration a tous les niveaux, a une frequence importante en comparaison au passe ». 
Les francais transmettent des armes a l’armee libanaise. Les americains soutiennent. Au moment ou il y aura une guerre tout cela passera aux mains du Hezbollah ?
« A mon avis lors de la prochaine guerre l’armee libanaise combattra aux cotes du Hezbollah. C’est une position de base. Nous gerons ici une situation tendue. Si l’armee libanaise participe a la prochaine guerre, je pense qu’elle aussi prendra un coup important. Pour nous, c’est un systeme bien plus facile a reconnaitre et a traiter ».
 
« Nous avons echoue quand nous n’avons pas reperer la menace des missiles a Har Dov »
 
Fin janvier une unite Tsabar d’un regiment Givati s’est preparee a prendre son poste a la frontiere libanaise. Une patrouille dirigee par le lieutenant-colonel Kobi Bar-El a ete attaquee sur la zone de Har Dov par un missile anti-char tire par un commando terroriste du Hezbollah. Le resultat fut que le commandant de l’unite de transport, le sergent Yochai Kalengel et le soldat de premiere classe Dor Haim Nini furent tues. 
Le lieutenant-general Moni Katz a ete interroge sur le sujet et a repondu d’une maniere claire et nette : « cet incident est un incident au cours duquel nous avons echoue car nous n’avons pas retenu que ce point precis pouvait etre un point d’attaque pour un missile anti-char.
Si nous avions compris avant que cet endroit etait une menace, nous l’aurions designe comme une zone ou il ne faut evoluer que la nuit, et c’est tout ». Quelques jours auparavant, Jihad Mughniyeh et un general iranien avaient ete liquides a Ramat Hagolan lors d’une attaque qui avait ete attribuee a Israel par les medias etrangers.
L’estimation de Tsahal avait ete alors que le Hezbollah allait repondre a cette attaque le long de la frontiere.
 
Tu etais ou quand ca s’est passe ?

« J’etais au commandement, j’etais entre pour discuter avec le groupe de commandement. Nous avons mis a jour des plans pour faire face a tous les incidents de ce genre et dans le cas ou cela declencherait une guerre, pour que nous soyons prets. Je suis sorti de la division, je n’ai pas eu le temps que deja j’y retournais ». 
Au sein de la division 91, on a analyse le terrain apres la liquidation de Mughniyeh, on a donne des consignes pour adapter le comportement des civils et des soldats dans la region, mais personne n’a estime que cette route qui a ete attaquee par le Hezbollah etait une menace pour un tir de missile anti-char qui a une portee de 5,5 kilometres.
« Ici, il y a de la tension. Ce n’est pas comme Gaza ou tu fermes la zone avec deux ou trois positions et le probleme est regle », explique Katz, « tu as des centaines de milliers de civils qui se deplacent sur tous les chemins du nord et qui sont exposes a des tirs de missiles anti-char. Au final, nou avons echoue au niveau micro-tactique pour ce qui est de l’analyse de cette zone ».
 
« La critique sur les Givati est une sorte de mechancete »
 
Katz a commence sa carriere dans les blindes puis est passe dans une unite d’elite Shaldag. Plus tard, il fut nomme au commandement d’une unite de patrouille Givati et au commandement d’un bataillon Rotem de ce regiment violet. Ses resultats l’ont amene a boucler la boucle et de recevoir le commandement des Shaldag.
L’etape d’apres fut le regiment du nord de la division de Gaza, qu’il a commande pendant la periode des operations d’infiltration au coeur du terrain palestinien, puis il a recu le commandement d’un regiment Givati.
En 2011, il fut eleve au grade de lieutenant-general, nomme au commandement de la brigade 319, en plus de son poste a la tete du siege du commandement en profondeur.
En novembre 2013 il fut nomme a son poste actuel.
Dans son commandement, c’est un officier dur et introverti, qui s’occupe beaucoup des details. Les bases sur lesquelles il insiste et porte attention ont fait du lieutenant-general Moni Katz une personnalite respectee au sein des Givati.
A son entree en poste, Katz a decide d’adopter la vision qui etait en place avant son arrivee, celle de son predecesseur, le general Ertzi Halevi, et de solidifier les elements de defense autour des localites du nord, de crainte des infiltrations et des attaques le long de la frontiere.
Ces derniers mois, le regiment Givati se trouve au coeur de la tempete. Une de ces raisons est la suspension du commandement du bataillon Tsabar, Liran Hajbi, suite a des soupcons de harcelement sexuel et d’autres fautes. Mais il y a aussi les incidents du « Yom shishi hashachor » a Rafiah, au cours desquels le sergent Hadar Goldin a ete enleve, et la mise en oeuvre de la « directive Hannibal » qui a entraine des desaccords, et qui ont fait que le regiment violet fait ces derniers temps la une des medias. 
Tu etais commandant dans les Givati. Jusqu’a l’operation « Tsouk Eitan » le regiment recevait des louanges, et d’un coup on parle des incidents de Rafiah, de la suspension de Liran et d’harcelement sexuel
« Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de regiments qui aient eu les resultats des Givati. Les Givati se sont battus de maniere exceptionnelle dans la bande de Gaza. Je ne pense pas que quelqu’un ait quelque chose a dire sur la facon dont ce regiment a deploye ses forces et sur les resultats obtenus. Tout d’abord, mettons cela sur la table.
Nous detruisons nos unites et leurs commandants sans meme compter jusqu’a dix. Je pense que c’est un manque de responsabilite. Ce n’est pas juste. En plus de cela, c’est toujours facile de parler quand tu ne combats pas. Tous ceux qui parlent sans y etre peuvent toujours parler, et ce jusqu’a nouvel ordre, mais quand les balles voleront au-dessus de leurs tetes, ils parleront autrement ». 
En ce qui concerne Hajbi, chez moi il etait officier de la branche operationnelle a l’epoque ou j’etais a ce commandement.
Personne ne peut lui prendre son courage, sa capacite professionnelle et sa vigueur au combat.
Au sujet des valeurs, je ne connais pas tous les details, seulement ce qui est public, c’est un incident qui a du mal a passer. Nous attendons d’autres choses de nos commandants.
Mais de la a dire qu’il n’etait pas un bon commandant ? Prendre deux ou trois incidents et a partir de la decider que ce n’est pas un bon regiment, ce n’est pas juste. Prendre un incident isole et de la le deverser sur tout un regiment, c’est une sorte de mechancete ».

 
traduit de l’hébreu par David Goldstein pour haabir-haisraeli
 
 

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