Soixante-dix ans après la Shoah l’antisémitisme est bien vivant et renaît chaque jour de manière cyclique sous de nouveaux visages. Le caractère métamorphique de la judéophobie défie tous les modèles d’interprétation sociologique et les grilles de lecture psychologique. Pourtant il y a une explication qui possède une incroyable résistance à l’usure temporelle c’est celle qui considère in fine  les Juifs comme les véritables responsables du malheur dont ils sont les victimes.

Car au fond si cette haine dure depuis si longtemps et qu’elle couvre un si large éventail d’opinions diverses, c’est bien qu’il y a quelque chose chez les Juifs qui dérange, une once de persécution sui generis, qui s’autoféconde par la manière dont ils se tiennent dans ce monde, par leur façon de s’accrocher à une fidélité incongrue. Cette verticalité de la relation à l’histoire, au passé, à la tradition, à la mémoire est devenu insupportable à une civilisation qui pense à l’horizontal et s’efforce de tout égaliser, de tout raboter.

Cette aspérité juive, cette épine morale dans le pied des sociétés de l’oubli, du relativisme et du vivre-ensemble irrite ceux qui ne voudraient que du lisse, du soyeux ou du velouteux. Ce dérangement des consciences nettes risquent, le jour où la gêne face aux derniers survivants aura disparu avec eux, de nous interdire d’évoquer la Shoah en tant que catastrophe morale, humaine et métaphysique pour la transformer en discours sur la géopolitique ou la stratégie.

Lorsqu’Israël évoque les volontés exterminatrices des puissances ennemies qui s’efforce de se doter d’arme de destruction massive et  que ses dirigeants déploient toute leur énergie à expliquer que depuis la Shoah, il serait intelligent de prendre au sérieux les menaces de ceux qui appellent à votre disparition, on les accuse d’instrumentaliser la plus grande catastrophe de l’histoire du peuple juif, ce qui est absurde puisque l’unique leçon de la Shoah c’est qu’elle ne se reproduise plus n’importe où.

Mais il y a encore plus grave, car lorsque le gouvernement israélien exige que dans le cadre d’un accord avec l’Iran par exemple, celui-ci renonce à ses velléités affichées d’éradication de l’Etat juif, on lui reproche de faire de la morale et non de la politique. Téhéran a le droit de réunir des colloques sur le négationnisme, de tuer des Juifs en Argentine ou en Bulgarie, de bombarder des populations civiles au Proche-Orient, tandis qu’Israël n’a pas le droit de se référer à Auschwitz sous peine d’être accusé de moralisme.

Si ce n’était pas triste ce serait drôle, mais tout le monde le sait aujourd’hui les Juifs n’ont pas d’humour, heureusement que les Iraniens, eux, en ont à revendre depuis qu’ils organisent des concours de caricatures sur la Shoah dans leur belle république islamique.

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Michaël Bar-Zvi

Chronique du 16 avril 2015

Kaf Het Be Nissan 5775

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