Containers are seen aboard the CMA CGM Bougainville container ship in the port of Le Havre, France, October 6, 2015. REUTERS/Philippe Wojazer

Le déficit du commerce extérieur français propulsé à un niveau record par la guerre en Ukraine

Au premier trimestre, le déficit commercial s’est creusé à 31 milliards d’euros, contre 16,2 milliards à la même époque de l’an dernier. Et il atteint désormais 100 milliards sur douze mois glissants. La facture énergétique s’est alourdie, mais ce n’est pas la seule raison.

La crise ukrainienne commence à avoir des effets visibles sur la balance commerciale française. Sur le seul mois de mars, le déficit s’est aggravé à 12,4 milliards d’euros contre 10,4 milliards un mois plus tôt, selon les chiffres publiés ce lundi par les Douanes. Au premier trimestre 2022, le trou du commerce extérieur atteint ainsi 31 milliards d’euros, quand il s’élevait à 16,2 milliards à la même époque de l’an dernier.

Et il culmine désormais à 100 milliards d’euros sur douze mois glissants. Un niveau record qui correspond à la prévision gouvernementale pour 2022 établie à la fin de l’an dernier, bien avant le déclenchement des hostilités entre Kiev et Moscou. Après la reprise économique post-Covid qui a fait grimper le déficit commercial de la France à près de 85 milliards d’euros l’an dernier , la guerre risque de conduire à une dégradation encore plus forte que prévu.

Flambée des prix de l’énergie

Flambée des cours de l’énergie et plus largement de toutes les matières premières, appréciation du dollar par rapport à l’euro : l’invasion russe en Ukraine depuis le 24 février provoque de nouveaux chocs sur le commerce extérieur de la France.

La dégradation est liée « pour moitié à la hausse des prix de l’énergie » en mars selon les Douanes.

La facture énergétique qui s’envolait déjà depuis l’automne dernier s’est encore alourdie de 3,9 milliards d’euros au premier trimestre, par rapport aux trois mois précédents. Les achats de produits agricoles ont également bondi, de 6,4 %. Les importations ont ainsi atteint 176 milliards d’euros sur la période, dépassant de 20 % leur niveau moyen de 2019 en valeur.

Portées par les ventes de produits manufacturés dans quasiment tous les secteurs, les exportations de marchandises ont, elles, progressé de 5,3 %, à 139 milliards au premier trimestre, malgré un recul significatif (500 millions d’euros) en mars. Les livraisons à l’étranger de matériels de transport, tirées par la reprise de l’aéronautique et la remise du paquebot Wonder of the Seas aux Etats-Unis, expliquent à elles seules « deux cinquième de la hausse », selon les Douanes.

Dégradation avec la Russie

Dans ce contexte, les parts de marché de la France dans le commerce mondial ont continué à s’éroder au premier trimestre. Sur la période, elle a, certes, amélioré de 2,5 milliards d’euros son solde commercial avec ses partenaires de l’Union européenne, l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas en tête. Mais la réorientation de ses achats d’hydrocarbures a entraîné une dégradation de sa balance avec l’Afrique ainsi qu’avec les Etats-Unis.

Le déficit avec la Chine s’est par ailleurs aggravé, les livraisons par la France de produits aéronautiques ayant chuté. Il s’est également creusé avec la Russie qui a profité de l’envolée des prix du pétrole et du gaz. « La guerre en Ukraine et les confinements en Chine pénaliseront les exportations françaises sur l’ensemble de l’année », prévient Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès qui évalue à « environ 8 milliards » le choc de cette nouvelle donne géopolitique sur les exportations hexagonales.

Seul point positif dans ce tableau plutôt sombre : l’excédent des échanges de services s’améliore. Il atteint 6,5 milliards d’euros au mois de mars et 16 milliards sur le trimestre, limitant ainsi la dérive du déficit courant de la France.

Nathalie Silbert  www.lesechos.fr/

 

Au premier trimestre, la facture énergétique a augmenté de 3,9 milliards d'euros par rapport aux trois mois précédents du fait du renchérissement des achats d'hydrocarbures naturels.

Au premier trimestre, la facture énergétique a augmenté de 3,9 milliards d’euros par rapport aux trois mois précédents du fait du renchérissement des achats d’hydrocarbures naturels. (iStock)

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