Au tour de l’Espagne de menacer Israël de sanctions
Alors que le conflit dans la bande de Gaza continue de s’intensifier, la diplomatie européenne, menée notamment par l’Espagne, prend une tournure plus offensive à l’égard d’Israël. Dans une interview accordée à la radio France Info, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a exhorté la communauté internationale à envisager des sanctions contre l’État hébreu, estimant que tous les moyens doivent être mobilisés pour mettre un terme aux hostilités.
Selon Albares, l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza doit se faire de manière massive et neutre, sans intervention israélienne dans le processus. Il dénonce l’idée qu’un acteur militaire puisse décider « qui peut manger et qui ne peut pas ». Une critique directe de la politique israélienne d’accès contrôlé à l’aide dans l’enclave palestinienne.
Dans ce contexte, l’Espagne accueille ce dimanche à Madrid une conférence diplomatique réunissant une vingtaine de pays européens et arabes, ainsi que des représentants de grandes organisations internationales. L’objectif affiché est clair : intensifier la pression pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat et raviver la dynamique d’une solution à deux États.
Le chef de la diplomatie espagnole ne s’est pas arrêté là. Il a rappelé qu’aujourd’hui près de 150 pays dans le monde reconnaissent un État palestinien, ajoutant que seule une minorité n’a pas encore franchi ce pas. Lorsqu’il a été interrogé sur l’absence de reconnaissance par la France, Albares a pris soin de ne pas s’ingérer dans les choix de Paris, mais a souligné qu’« une reconnaissance est un acte de cohérence si l’on croit réellement à la solution à deux États ».
La réunion de Madrid s’inscrit dans la continuité d’initiatives similaires déjà organisées l’an passé par l’Espagne, qui avait alors réuni des pays comme la Jordanie, le Qatar, la Turquie, ou encore la Norvège et l’Irlande, deux États européens ayant officiellement reconnu la Palestine. Cette nouvelle édition réunit également des représentants de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique.
Ces prises de position fortes ne sont pas isolées. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s’est lui aussi distingué par des déclarations virulentes. Il a récemment qualifié Israël de « pays meurtrier » devant le Congrès espagnol et a suggéré son exclusion de l’Eurovision. Ces propos reflètent une ligne diplomatique dure à l’égard de l’actuelle opération militaire israélienne.
Mais l’Espagne n’est pas seule dans ce mouvement. Ces dernières semaines, plusieurs États européens traditionnellement proches d’Israël ont adopté un ton plus critique. À Paris, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé un réexamen de l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne, un texte clé dans la coopération bilatérale. De son côté, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions ciblant certains colons et avant-postes jugés illégaux en Cisjordanie, en réaction à des violences commises contre des civils palestiniens.
À Londres, la diplomatie britannique est allée jusqu’à convoquer l’ambassadrice israélienne Tzipi Hotovely pour un entretien officiel. Cette démarche inhabituelle s’inscrit dans une série de critiques sur l’évolution du conflit et sur la gestion de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Sur le plan diplomatique, Israël se trouve donc confronté à un isolement croissant. La guerre à Gaza engendre une crise politique majeure sur la scène internationale. Même parmi ses alliés occidentaux, des voix s’élèvent désormais pour dénoncer certaines pratiques du gouvernement de Benjamin Netanyahou et exiger un changement de cap.
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