Un chorégraphe israélien présente à Paris une création incluant des vidéos tournées par des Palestiniens dans les territoires disputés. Des vidéos dépeignant Tsahal de façon «mensongère et biaisée», selon la députée Ayelet Shaked (Habayit Hayehoudi).

Arkadi Zaides est programmé du 22 au 30 janvier au Théâtre national de Chaillot, à Paris, avec sa création « Archives ». Après une interruption de quelques jours, il est remonté sur scène mercredi soir, alors que la communauté juive française, choquée par le contenu de ce spectacle à danseur unique, commence à se mobiliser.

Le chorégraphe israélien d’origine russe y présente en effet des extraits de vidéos tournées par des Palestiniens en Judée et Samarie mais aussi dans les territoires administrés par l’Autorité palestinienne, grâce à des caméras qui leur ont été distribuées depuis 2007 par B’Tselem, une ONG se présentant comme « le centre israélien d’information pour les droits de l’Homme dans les territoires occupés ».

Selon Shamay Glick, un spécialiste de la diplomatie publique israélienne interrogé par IsraPresse, l’association s’illustre en pratique par « un parti-pris d’extrême gauche, post-sioniste et radicalement pro-palestinien ». Elle a d’ailleurs été montrée du doigt cette semaine par NGO Monitor, pour avoir présenté des conclusions « hâtives et biaisées » dans un rapport consacré à l’opération «Bordure protectrice», accusant le Premier ministre Binyamin Netanyahou d’être responsable de la mort de «centaines de civils Palestiniens» l’été dernier. Selon NGO Monitor, cette étude se montre plus tendancieuse que celle d’Amnesty International, pourtant peu réputée pour son indulgence envers l’Etat hébreu.

Un regard unilatéral

Les vidéos et photos utilisées par Zaides accusent systématiquement les habitants des localités juives de Judée-Samarie de violence envers les habitants palestiniens, sans jamais montrer de scènes de violences côté palestinien. Pour Shamay Glick, « ces vidéos présentent également les soldats israéliens sous un visage criminel et semblent justifier le terrorisme palestinien ». Présentées en 2014 au sein d’une exposition à Petah Tikva, dans le centre du pays, elles avaient blessé des familles endeuillées qui avaient demandé leur retrait à la municipalité, par le biais de l’association Yad Labanim, un organisme dédié à la mémoire des soldats de Tsahal tombés au front.

Zaides a ensuite présenté son travail, consistant à reproduire sur scène les gestes des protagonistes filmés, au festival d’Avignon 2014. « Fascinant et fastidieux » pour Télérama, le spectacle choquera certains spectateurs juifs qui s’en plaigneront au fondateur du site d’opinion JSSnews et conseiller consulaire au Consulat Général de France, Jonathan-Simon Sellem. Celui-ci prend alors les rênes d’une mobilisation qui s’organise dans l’Hexagone en ce début d’année, alors qu’ « Archives » doit également être présenté à Angers, puis à Toulouse.

Côté israélien, la députée Ayelet Shaked, numéro 2 du Parti Habayit Hayehoudi, impliquée dans le combat contre la délégitimation de l’Etat juif, a envoyé un courrier en début de semaine à l’Ambassadeur de France en Israël, Patrick Maisonnave, demandant le retrait des vidéos mais non du spectacle dans son intégralité. Elle y écrit que les soldats de l’armée israélienne y sont représentés de façon « mensongère, biaisée et blessante ».

Elle demande aussi au diplomate d’empêcher que « cette nouvelle attaque contre Israël » ait cours sur la scène d’un théâtre national, subventionné par l’Etat français, à l’heure où la communauté juive francaise est « meurtrie » . Jeudi, l’ambassade n’avait pas encore réagi à ce courrier.

« Liberté d’expression et de la culture »

Contactée, la direction du Théâtre de Chaillot n’était pas non plus disponible pour répondre aux questions d’IsraPresse. Selon Jonathan-Simon Sellem, qui travaille également avec les associations Europe-Israël et l’Union des Patrons Juifs de France (UPJF) et prévoit d’importantes manifestations devant l’entrée du théâtre jeudi et vendredi, son directeur, Didier Deschamps, verrait dans le maintien du spectacle le signe de « la liberté d’expression et de la culture ». Un discours qui dérange M. Sellem alors même que d’autres manifestations culturelles ont été annulées depuis les attentats du 7 et 9 janvier, afin d’éviter de blesser la communauté musulmane française.

De son côté, Arié Bensemhoun – président de la communauté juive de Toulouse où le spectacle devra se produire les 5 et 6 février prochain – s’est tourné vers Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Une invitation à agir pour le gouvernement du président François Hollande, qui dénonçait, pas plus tard que mardi 27 janvier, la « réalité insupportable » de la montée des actes antisémites en France et proposait un plan global pour combattre le phénomène.

Myriam Shermer – israpress

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Daniel

Franchement, à part quelques abonnés « bobo » du théâtre de Chaillot, qui va payer pour regarder ces spectacles avant-gardistes ?

Philippe

Je n’ai pas vu ce spectacle, mais le titre de votre article me paraît très discutable au vu de son contenu (de l’article). Vous êtes en droit de critiquer l’usage de ces images dans le spectacle, qui relèvent de la propagande ou de la désinformation, mais certainement pas de l’antisémitisme. A l’heure où le véritable antisémitisme est à l’oeuvre en France, c’est faire un beau cadeau aux Dieudonné, Soral et consorts que de porter de telles accusations à l’encontre d’un spectacle qui visiblement se limite à la critique virulente – et sans doute excessive et injuste – de l’attitude de Tsahal pendant la guerre de Gaza.

Danielle

Tout d’abord il aurait été intéressant de savoir dans quel milieu Arkadi a grandi en URSS, quel était le message familial de l’époque ? etc….etc…
Tout cela pour savoir qui est-il vraiments ! ensuite qu’il soit chorégraphe ou je ne sais quoi de moderne c’est son problème, mais lorsqu’on veut avoir la liberté d’expression il faut tout exprimer et pas un seul point de vue, c’est ce que je me surprends toujours a observer dans les avis divergents des individus.
Il est vrai qu’Israël aurait dû dire un mot, mais pourquoi s’abaisser à un chorégraphe ?
Par contre ce qui est grave et dont les autorités françaises auraient du exiger, c’est de montrer les 2 côtés du conflits et pas un seul, mais que voulez-vous cela s’appelle du journalisme !!!

PB

Je ne suis pas sûr de comprendre le titre de l’article. L’accusation par les palestiniens et plus particulièrement par le Hamas, qu’Israël a commis des crimes de guerre ne constitue pas un acte antisémite. C’est évidemment de la propagande mais ce n’est pas en soi de l’antisémitisme. Pas plus que le fait d’affirmer que le Hamas commet des crimes de guerre en visant de manière délibérée des civils en se cachant parmi d’autres civils n’est anti-musulman.
Le fait qu’Israël n’ait pas réagi quant à ce spectacle, si j’ai bien compris, est tout à l’honneur du pays et je ne vois pas pourquoi et comment un théâtre en France, pourrait être plus défenseur d’Israël, qu’Israël lui-même.

JLT

Ce « chorégraphe » est israélien. N’est-ce pas le gouvernement israélien qui aurait dû être le premier à réagir en Israël même ?