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Bonne nouvelle pour 5776 : le Hamas condamne les enlèvements terroristes…

Le 19 août 2015, 4 membres du Hamas ont été kidnappés dans le désert du Sinaï par des militants d’un groupe vraisemblablement affiliés à l’Etat Islamique. Le Hamas a immédiatement condamné les actes qu’ils qualifient de « barbares, lâches et odieux », comme si les terroristes prenaient conscience de l’interdiction d’enlever des personnes, ce mode opératoire inique prohibé par le bon sens, les textes religieux, ou les principes d’humanité.

Le Hamas a qualifié les enlèvements en usant de termes empreints d’humanité et de délicatesse, et non de mots guerriers. Il n’a pas présenté les militants du Hamas comme les martyrs d’un combat visant « à élever la bannière du djihad sur toutes les parcelles de la Palestine mandataire, dans la lutte contre les impérialismes sioniste et occidental et en vue d’annihiler l’existence d’Israël … » (tel que le prévoit la Charte du Hamas).

Au contraire, il a utilisé des termes bienveillants : « les quatre jeunes gens ont été victimes de traîtrise et de duperie sans aucune faute de leur part ». (Pour le Hamas, la commission d’une faute pourrait toutefois fonder l’enlèvement).

De même, le mouvement de résistance islamique a souligné qu’il ferait « tous les efforts et toutes les actions afin de préserver la vie des kidnappés et les rendre sains et saufs à leurs parents et à leurs proches ». (Prosaïquement, il n’a pas évoqué l’absence d’incidence de la vie ou de la mort pour les combattants dans la lutte pour la cause palestinienne, mais a repris les mots employés par l’Etat d’Israël, lors d’enlèvements palestiniens de jeunes israéliens).

En outre, le Hamas a déploré les motivations racistes à l’origine de l’enlèvement (contraire aux droits de l’Homme) puisque «leur seul péché était de venir de la bande de Gaza ». Le mouvement islamiste admet donc le caractère monstrueux de l’enlèvement de personnes en considération de leur origine, ce qui est un progrès considérable. Le Hamas reconnaît ainsi, explicitement, que chaque personne a droit à la vie et à la liberté de mouvement, sans devoir subir d’arrestation arbitraire.

Enfin, il a justifié ses préoccupations par le fait que les jeunes militant du Hamas étaient des étudiants, très éloignés de la cause idéologique, partis poursuivre leur étude en Turquie. (En effet, l’une des jeunes victimes venait d’être admis à l’Université d’Izmir et rejoignait la Turquie, le 19 août, lorsque ses proches ont perdus tous contact avec lui).

De même, les parents des jeunes membres du Hamas ont fait part de leurs inquiétudes, appelant à la réaction des autorités pour qu’elles mettent tout en œuvre pour les retrouver. L’un d’eux a ainsi précisé : « Je n’accuse personne d’être responsable, mais chacun doit agir afin d’éclaircir le sort de nos enfants, à commencer par le président de l’Autorité palestinienne et l’ambassade palestinienne au Caire. » (Il ne s’agit pas d’un discours classique de terroristes).

Naturellement, le Hamas s’est gardé de présenter les jeunes personnes enlevées comme étant des membres de la Branche armée du mouvement, en l’occurrence « les Brigades Al qassam », alors que cette fonction  est (selon toute vraisemblance), à l’origine de leur enlèvement. D’après les autorités égyptiennes, les quatre membres du Hamas ont été enlevés pour servir de monnaie d’échanges en vue de la libération de 50 salafistes de la région du Sinaï, affiliés à l’Etat Islamique, détenus par le Hamas. Les groupes terroristes seraient d’ailleurs en cours de négociations sur le principe de cette libération, sous l’égide de négociateurs palestiniens et égyptiens.

Pour l’heure, le Hamas refuse de rentrer dans les considérations de la guerre intestine qu’il mène contre l’Etat islamique, et préfère orienter ses accusations sur l’Egypte à qui il impute un rôle majeur dans l’enlèvement «  le Caire est responsable des vies des quatre membres du Hamas kidnappés ».

Certes, les circonstances de l’enlèvement laissent clairement entendre une implication majeure de l’Egypte : les 4 membres du Hamas ont été capturés à quelques centaines de mètres de la frontière, au point de passage de Rafiah, entièrement contrôlé par les militaires égyptiens. En outre, 4 hommes sont montés dans le car qui les transportait, munis d’ordinateurs pour effectuer les contrôles d’identité, comme s’il s’agissait du service des douanes. Ces fonctionnaires  les ont alors invités à quitter le moyen de transport en commun pour les suivre. Enfin, les inspections dans les cars se font généralement en présence d’un membre de l’ambassade palestinienne situé au Caire, ce qui n’était pas le cas, le jour de l’enlèvement.

Aussi, le Hamas considère-t-il que l’Egypte est pleinement responsable de la capture des jeunes membres de sa formation, d’autant que les autorités égyptiennes sont en contact régulier avec les responsables de l’Autorité palestinienne, et qu’elles arrêtent régulièrement les membres du Hamas, lorsqu’ils traversent la frontière.

En toute état de cause, l’analyse nouvelle de l’enlèvement par le Hamas conduit nécessairement à faire le rapprochement avec l’enlèvement et l’assassinat par le Hamas, de 3 soldats israéliens au cours de l’été 2014, (à l’origine de l’opération dans la bande de Gaza), ou encore avec l’enlèvement du soldat Guilad Shalit le 25 juin 2006, libéré le 18 octobre 2011. Si les palestiniens de la bande de Gaza avaient été animés de ces dispositions d’esprit, ils cesseraient d’encourager ce procédé.

Le Hamas est toutefois obligé, par la force des choses, de devenir raisonnable et de modifier son discours idéologique.

Le mouvement de résistance islamique est aujourd’hui confronté au mécanisme de la surenchère de la haine, de la mort, et de la barbarie avec l’arrivé progressive de l’Etat islamique à l’intérieur de ses frontières. Il s’est toujours présenté comme un modèle vertueux de l’Islam et a justifié son comportement criminel par des injonctions religieuses. Il découvre, 28 ans après sa naissance, qu’un autre mouvement terroriste revendique également les mêmes aspirations que lui, sur un fondement qui serait plus proche de l’Islam que ne l’est le Hamas. Le Hamas se fait donc déborder par plus barbare que lui et prend le risque de disparaître s’il n’humanise pas son message. En effet, l’Etat Islamique entend précisément l’éliminer puisqu’il est devenu trop frileux dans son combat contre Israël.

Gageons donc que les palestiniens du Hamas mesurent désormais l’horreur que constitue l’acte d’enlèvement, et qu’ils reconnaissent que le respect de la vie est une valeur supérieure à toute les autres, quelle que soit la personne concernée. Si tel est le cas, Israël pourra alors les encourager sur cette voie sage et les accompagner dans les voies de la mesure et de la sagesse. Si d’ailleurs si le Hamas renonce à sa Charte barbare, à son projet absurde d’éradication d’Israël, à sa culture de la haine, et bien évidemment à la construction de souterrains à la frontière pour enlever des juifs, Israël pourra même l’aider à rechercher les captifs palestiniens et les ramener dans la bande de Gaza.

Le Hamas pourra alors méditer la synthèse de la Thora suggérée par Hillel : « Ce que tu ne voudrais pas que l’on te fît, ne l’inflige pas à autrui. C’est là toute la Torah, le reste n’est que commentaire. Maintenant, va et étudie. » Chana Touva le Koulam.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

 

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