Le Royaume-Uni commence ce mardi sa campagne de vaccination contre le Covid-19. La France devrait lui emboîter le pas début janvier en ciblant en premier lieu les résidents des Ehpad et leurs employés avant d’ouvrir la vaccination à l’ensemble des Français. Mais ces derniers restent sceptiques. Selon un sondage Ifop pour le JDDpublié le 29 novembre dernier, 59% des Français n’auraient pas l’intention de se faire vacciner. En cause notamment, l’absence de recul sur une vaccination d’un nouveau-type, par ARN messager, développée en un temps record. De quoi en rendre sceptiques plus d’un à commencer par Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à la Pitié Salpêtrière, pourtant peu connu pour ses positions méfiantes à l’égard d’un vaccin.

« Je ne sais pas ce que ça vaut, je n’ai pas le recul nécessaire sur les vaccins avec ARN qui vont arriver. Je n’ai toujours pas vu une publication scientifique qui corresponde à ces vaccins. Me vacciner avec un produit que je ne connais pas et dont je ne sais que ce que disent les communiqués de presse des laboratoires pharmaceutiques, c’est leur faire une confiance absolue », assurait-il ce mardi matin sur France Inter.

Pour le docteur Jérôme Marty, cette défiance peut s’expliquer par l’emploi d’un vaccin à ARN messager, une nouvelle technique qui « n’a rien d’une manipulation génétique » et est beaucoup plus rapide à mettre au point alors que l’épidémie de coronavirus continue de faire des ravages.

« Vous n’invitez pas guignol pour parler politique ! »

« Il faut interroger les gens qui s’y connaissent », plaide de son côté Mathias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). S’il  s’inclue dans le lot de ceux qui ne maîtrisent pas le sujet, il déplore l’hyper-médiatisation de certains, notamment du docteur Christian Perronne, connu pour ses positions pour l’hydroxychloroquine, et qui assurait récemment que le vaccin à ARN messager pouvait entraîner chez des mutations génétiques « transmissibles aux enfants ».

« Je n’écoute pas Perronne, il ne dit que des conneries depuis le début! Il disait des conneries sur la maladie de Lyme avant puis il a dit des conneries sur l’hydroxychloroquine. Il passe dans Hold-Up, il est dans tous les coins pourris. C’est un guignol, c’est notre Bigard à nous en plus poli! », s’est-il emporté sur RMC.

« Qu’on ait des doutes, qu’on les exprime, c’est normal. Les médecins ont le droit de s’interroger. Qu’on tombe dans le n’importe quoi, il faut arrêter. Perronne ne raconte que des conneries. Vous n’invitez pas guignol pour parler politique ! », a-t-il ajouté passablement remonté.

« Fainéantise intellectuelle »

Plus largement, l’urgentiste estime que si les Français font partie des plus méfiants du monde en terme des vaccins, c’est dû à leur méconnaissance de la médecine: « J’ai lu que les élèves français étaient mauvais en maths, peut-être qu’on est mauvais en sciences naturelles aussi. Quand je discute avec des gens censés être éduqués, on se rend compte qu’ils ne connaissent pas le corps humain, la biologie et des choses qui a un médecin sont évidentes. On a probablement un problème d’accès à la sciences », estime-t-il.

Une théorie appuyée par Jérôme Marty qui évoque une « fainéantise intellectuelle », chez certains anti-vaccins: « Quand on prend tous les gens qui tiennent ces théories farfelues de type complotiste qu’on voit dans Hold-Up, leur cible c’est des gens qui ne vont pas chercher et qui vont juste accepter ce qu’on leur file ».

Avant même le début de la campagne de vaccination, le gouvernement semble avoir bien pris en compte la défiance des Français à l’égard du vaccin et veut jouer pleinement la carte de la transparence. Les autorités ont ainsi refusé de rendre obligatoire le vaccin et mis en place un conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.