© 2009 AFP (Joel Saget)
Un général français prend mercredi à Norfolk (Virginie, est des Etats-Unis) l’un des deux commandements « suprêmes » de l’Otan, clef de voûte du retour de la France dans l’appareil militaire intégré de l’Alliance atlantique dont de Gaulle avait claqué la porte en 1966.Un général français prend mercredi à Norfolk (Virginie, est des Etats-Unis) l’un des deux commandements « suprêmes » de l’Otan, clef de voûte du retour de la France dans l’appareil militaire intégré de l’Alliance atlantique dont de Gaulle avait claqué la porte en 1966.
« C’est la première fois dans l’histoire de l’Otan que l’un de ses commandements suprêmes est confié à un non Américain », souligne le général Stéphane Abrial, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, qui succèdera à un officier du Corps des Marines, le général James N. Mattis.
La passation de commandement aura lieu sur la base navale américaine de Norfolk, la plus grande au monde, à bord de l’un des onze porte-avions géants de l’US Navy, l’USS Dwight D. Eisenhower.
Le général Abrial deviendra ainsi le premier officier européen à prendre la tête de l’un des deux commandements dits « stratégiques » ou « suprêmes » de l’Otan, le Commandement allié Transformation (ACT), véritable « tête chercheuse » de l’Alliance.
Cette nomination, a-t-il déclaré à l’AFP, représente « une énorme valeur symbolique », la « reconnaissance du poids de la France dans l’Alliance, de son savoir-faire et de son expérience militaire ».
Le président français Nicolas Sarkozy (G) et le secrétaire général de l’Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen, le 3 septembre 2009 à Paris
Avec quelques jours d’avance, Nicolas Sarkozy et le secrétaire général de l’Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen en visite jeudi à Paris, avaient eux-mêmes marqué l’événement d’une pierre blanche.
Sur le perron de l’Elysée, le chef de l’Etat a souligné « combien la France était enthousiaste d’avoir repris toute sa place au sein de l’Alliance », un pas franchi solennellement lors de son sommet de Strasbourg/Kehl, en avril.
Dans la même phrase cependant, Nicolas Sarkozy a souligné aussi le « prix » que la France attachait « à la révision de la stratégie de l’Otan » et au renforcement de son pilier européen.
Les travaux de révision de l’actuel Concept stratégique de l’Alliance, qui date de 1999, ont été lancés par le sommet de Strasbourg/Kehl. Ils doivent aboutir d’ici à son prochain sommet, fin 2010 à Lisbonne.
La France, explique-t-on de source proche du dossier à Paris, « est extrêmement désireuse d’une réforme globale de l’Alliance atlantique dont le nouveau concept stratégique est l’un des volets » et « le fait qu’un officier français obtienne un commandement suprême s’inscrit dans cette stratégie ».
« Comme toutes les grosses machines internationales, l’Otan a une tendance à la bureaucratisation et nous voulons une Alliance plus réactive et dotée de structures plus légères », enchaîne-t-on.
Paris, explique une autre source proche du dossier, souhaiterait ainsi que les états-majors « pléthoriques » de l’Alliance soient ramenés de 13.000 à 10.000 hommes.
Dans cet esprit, le commandement de Norfolk pourrait être l’un des leviers de la réforme de l’Alliance.
Créé pour favoriser la transformation et l?interopérabilité des forces armées de l?organisation, il est chargé de l?évolution de ses capacités militaires et de la réflexion sur ses défis, besoins et missions futurs.
Le général Abrial se fixe pour sa part trois priorités: participer à la définition du nouveau concept stratégique de l’Otan, soutenir les opérations de l’Alliance (doctrine militaire, entraînement et équipement) et concourir à l’adaptation des forces armées de ses membres.
« Je suis là pour servir les 28 pays de l’Alliance mais j’arrive avec les idées qui sont les miennes et qui sont celles de mon pays », dit-il.
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