Une délégation polonaise met le cap sur Israël pour discuter du fond de la loi controversée sur le comportement polonais au cours de la Shoah
Cette visite survient,alors que Varsovie et Jérusalem tentent de combler une vilaine guerre de tranchées diplomatiques autour de ce projet de législation, qui met hors la loi le fait de blâmer la nation ou l’Etat polonais à cause des crimes commis par les Nazis -mais sans être très claire sur les faits établis et reprochés à des Polonais contre les Juifs.
Une délégation officielle polonaise envoyée par le gouvernement doit arriver mercredi 28 février -jour de jeûne d’Esther – en Israël, au beau milieu d’une battaille rangée diplomatique, à propos d’un projet de loi controversé qui condamne le fait de mettre la Pologne, Etat (en exil) ou nation, en cause pour les crimes commis par l’Allemagne Nazie durant les années de Shoah.
Un communiqué du ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré mardi que la délégation polonaise serait menée par le vice-ministre des affaires étrangères Bartosz Cichocki.
La partie israélienne sera dirigée par le Directeur Général du Ministère des Affaires étrangères, Yuval Rotem, appuyé par des historiens, des avocats, des diplomates et un représentant du Mémorial de la Shoah à Yad Vashem.
« L’objectif de ce dialogue est de préserver la vérité historique et d’empêcher de porter le moindre préjudice à la liberté de recherche et d’expression sur ce sujet », déclare le communiqué.
Ces équipes tacheront de conclure un accord écrit sur cette législation, qui a été votée au Parlement polonais et signée par son président, mais pas mise en oeuvre et gelée jusqu’à une date ultérieure.
Ce projet de loi, proposé par le parti conservateur au pouvoir, a déclenché une controverse acide avec Israël, qui pense qu’elle risque d’inhiber la liberté de parole, de témoignage et de recherche sur la Shoah. Les Etats-Unis se sont fermement opposés à cette loi, en déclarant qu’elles peuvent entraver les relations stratégiques de la Pologne avec Israël et les Etats-Unis.
Le Député de l’union Sioniste Itzik Shmuli a fustigé par avance (et par préjugé) les débats à venir dans un tweet.
« C’est trop peu et trop tard », poste t-il. « Quels accords peuvent être passés : Auschwitz, oui – Chelmno , non? Il est interdit de mener des négociations sur la mémoire et sur le rôle des Polonais dans l’horreur ».
Le Bureau du Président Andrzej Duda a confirmé avoir signé ce texte de loi le 6 février, au beau milieu des protestations d’Israël, des Etats-Unis et du monde juif. Mais Duda a aussi déclaré qu’il demanderait au Tribunal constitutionnel de la Pologne d’évaluer la validité de cette loi – laissant ouvert la possibilité de l’amender.
Samedi en huit, le Premier Ministre polonais Mateusz Morawiecki est parvenu à exacerber encore un peu plus la crise déclenchée en déclarant qu’à côté des complices de crimes polonais, on trouvait des complices de cries juifs, russes, ukrainiens, etc.
S’exprimant devant des journalistes lors d’une conférence sur la sécurité réunissant les dirigeants mondiaux, à Munich, samedi dernier, Morawiecki a ranimé cette colère en la propageant à l’opinion publique mondiale, et en suggérant sans plus aucun scrupule historique que des Juifs ont pu être (volontairement) complices de la Shoah [dans les mêmes conditions ou au même titre que des Polonais].
Lorsque le journaliste ud Yediot Aharonoth Ronen Bergman lui a demandé d’expliquer la loi, Morawiecki a dit : “Il est tout d’abord extrêmement important de comprendre que, bien sûr, il ne sera pas punissable de prison de dire qu’il y a eu des auteurs de crimes polonais, comme il y a eu des auteurs de crimes juifs, ainsi que des auteurs de crimes russes et ukrainiens et pas seulement des auteurs de crimes contre l’humanité allemands.
“Les ambassades polonaises ont dû réagir 260 fois en 2017, seulement, concernant l’expression “camps de la mort polonais” ou “camps de concentration polonais”. Eh bien, Mesdames et Messieurs, il n’y a eu ni camps de la mort polonais ni camps de concentration polonais. Il n’y a eu que des camps de la morts nazis.
“Le simple fait que nous devions expliquer ceci aujourd’hui découle de notre histoire. Pendant 50 ans après la Seconde Guerre Mondiale – 45 ans pour être exact – nous ne pouvions pas défendre notre dossier. Il n’existait pas d’Etat polonais indépendant”.
Le lendemain, Binyamin Netanyahu a parlé à Morawiecki en lui disant qu’Israël n’accepte pas sa déclaration : « Je lui ai dit qu’il n’y a aucun fondement à sa comparaison, entre les actes des Polonais et ceux des Juifs au cours de la Shoah » a déclaré Netanyahu aux journalistes israéliens, à la suite de ces entrevues à ce sujet, lors de la conférence sur la sécurité.
Répondant également à la question de savoir si Israëk avait l’intention de rappeler on ambassadeur à Varsovie, le Premier Ministre à déclaré la semaine dernière que son gouvernement fait tout pour résoudre cette crise sans en passer par des mesures aussi radicales, mais « que toutes les options sont sur la table ».
© avec Agences, Michael Bachner et Raphael Ahren du TOI ont contribué à ce reportage.
[…] Le Président polonais Andrzej Duda, à gauche, nommant Premier Ministre Mateusz Morawiecki au Palais présidential à Varsovie, le 11 Décembre 2017. (Janek Skarzynski/AFP/Getty Images via JTA)Lire la suite sur jforum.fr […]
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