VaYiSHLaH 5783: YaaKoV est Israël (vidéo)

Dans la parasha de cette semaine vont se perpétrer des évènements d’importance tels le départ de chez Laban, de Yaakov et de la famille qu’il a fondée avec Léa et Rahel, Bilhah et Zilpa et ses onze garçons et Dina fille de Léa, Rahel étant enceinte de son deuxième enfant.

Les événements qui vont se dérouler devant nos yeux sont importants car ils vont dessiner le schéma du futur peuple d’Israël, descendants d’Abraham, d’Itshak et de Yaakov.

Jacob n’était pas un personnage sur lequel l’orgueil et la suffisance avaient prise. Les valeurs spirituelles et morales dont il avait toujours fait preuve l’ont accompagnées même tout-au-long de son séjour parmi des idolâtres et c’est justement pour pouvoir transmettre ces valeurs et tout l’enseignement qu’il avait reçu lors de son séjour chez Eber que Jacob a travaillé chez Laban 14 années de manière à forger ses épouses selon la Torah telle qu’il l’avait apprise chez son maître, et d’y puiser aussi des forces morales pour résister à un environnement hostile c’est la raison pour laquelle lorsqu’il rencontre Esaü qu’il lui dit que pendant toutes ces années, il a habité « גרתי » en employant un verbe signifiant que son intention n’avait pas été de s’y enraciner ou d’y demeurer – statut permanent comme le confère le verbe לדור habiter dans le sens de demeurer – un appartement est une dira (דירה)-.

Mais le terme de גרתי signale que tout en demeurant dans un milieu hostile il a tout de même observé les « tariag mitsvoth » ou 613 commandements – le mot garti est en désordre le mot qui indique le nombre de 613. Mais, ce n’est pas tout : ce mot qui renferme le vocable גר (étranger) met l’accent sur le fait que Jacob, bien qu’étant le neveu de Laban, et, bien qu’il ait vécu là-bas vingt ans durant, il ne s’est jamais fondu dans cette société qui lui était étrangère et qui, de toute façon ne l’a jamais inclus ou confondu en elle.

Ce qui est une allusion aux multiples exemples contenus dans notre si riche Histoire : le Juif, même lorsqu’il a voulu –comme au siècle des « lumières » – faire oublier qu’il est Juif, n’a toujours été classé que parmi les « étrangers ».
Les hakhamim ont donné le symbole de l’enclume ou du creuset à cette famille au destin forgé pour suivre l’histoire du monde et ayant été créé dans ce » creuset d’acier » qu’ont été les quatre matriarches.

En effet, en prenant les initiales de Bilhah, Rahel, Zilpa et Léa on forme le mot « barzel » qui signifie fer/ enclume ou creuset pour donner une forme à quelque chose : ainsi, par la matrice de ces quatre femmes qui ont été les compagnes du patriarche, le peuple juif a été créé.

Et, puisque nous évoquons ici ces quatre mères, il faut souligner la magnanimité du Créateur qui a vu la détresse de Léa et lui a permis à elle seule de donner à Yaakov plus d’enfants que n’importe quelle autre femme : elle enfanta en effet 6 garçons et une fille alors que les servantes n’eurent que deux garçons chacune et que Rahel elle-même, bien que stérile de nature, en eut deux pour ne pas être moins féconde que les servantes.

Ainsi donc la justice divine se préoccupe des moindres détails et, en présence du caractère miséricordieux des deux sœurs, la justice divine va compenser le manque d’amour dont Léa a souffert par l’octroi dans sa descendance de personnages importants tels que Moshé et Aharon petits enfants de Lévy, puis, beaucoup plus tard de David Hamélekh et de Salomon puis, dans le futur du Messie fils de David qui amènera la rédemption finale alors que dans la descendance de Rahel on verra Saül et le Messie fils de Joseph.

Yaakov, en servant Laban, s’est considérablement enrichi il sait qu’à présent, il est à la tête d’une famille nombreuse puisqu’il a en fait 4 épouses, 11 garçons et une fille et un autre enfant en devenir. Jacob reconnu comme fils aîné est un homme à présent et il est temps pour lui de rentrer chez ses parents. Il apprit qu’Esaü continue à le chercher et il envoie vers lui des messagers chargés de cadeaux avec la mission de ramener la paix entre les deux frères et de calmer les passions. En chemin, Yaakov se remet en question.

Les commentateurs posent une problématique à cause d’un mot : איש, homme. On ne sait pas qui est cet homme qui combat avec Jacob toute la nuit blessant le patriarche à la cuisse. Donc, certains commentateurs ayant relevé que ce mot איש est aussi accolé à Jacob ce qui reviendrait à dire que le combat a lieu en fait en Jacob lui-même – Jacob se remet en question – il repasse devant lui le film de sa vie pour pouvoir corriger ses actes.

Certains autres commentateurs évoquent la possibilité de la lutte contre le mauvais penchant et d’autres pensent qu’il s’agit vraiment d’un « être » divin contre lequel le patriarche a lutté, puisqu’il ne connaissait pas cette personne et il lutta de toutes ses forces pour affirmer sa foi en D. Cette dernière forme de pensée se verrait confirmer par le fait que cet être répondit à Jacob qui lui demanda son nom : פניא-ל c’est-à-dire ma face est celle de D. Ces faits se sont produits alors que Jacob s’était séparé de ses femmes et de ses enfants ainsi que de tout son cheptel.

La rencontre avec Esaü est rude. Le baiser qu’échangent les deux frères risque d’être meurtrier car les commentateurs expliquent que lorsqu’Esaü s’approcha de Jacob pour l’embrasser, la chair du cou de Jacob se mua en ivoire pour qu’ Esaü ne puisse mordre son frère en cet endroit vital.
Dans cette parasha nous allons assister également à des évènements tragiques tels le viol de Dina par le prince de Shkhem, la mort de la nourrice de Rebecca, puis celle d’Isaac à 180 ans puis celle de Rahel à Beith Lehem, sur la route vers Kyriat Arba, au cours de l’accouchement par lequel elle donna le jour au 12ème fils de Jacob : Binyamine.
En Israël, chaque année, depuis le 7 heshvan (en général début novembre) on dit dans la âmida trois fois par jour « meshiv harouah oumorid hagueshem » car, si on a demandé la pluie solennellement pour simhat Torah on ne prie réellement pour la pluie trois fois par jour qu’environ deux semaines après car Souccot étant une fête de pèlerinage, il fallait bien deux semaines aux pèlerins pour rentrer chez eux et regagner leur domicile sans dommage à cause de la pluie.
L’avant dernier Rabbi de Loubavitch a fait des parallèles intéressants entre le mot MATAR et Rahel et les patriarches ainsi dit-il Rahel était belle la plus belle des femmes comme on le lit dans le cantique des cantiques היפה בנשים en guematria équivaut à 502 de même dit-il le mot matar מטר reprend les initiales de trois mots liés par cette même notion de pluie puisqu’il n’y a pratiquement jamais de pluie sans vent et que la rosée fait partie des dons du ciel ces trois mots sont donc מטר – טל – רוח total desquels mots est 502 également.

D’autre part, la terminaison de ces trois mots nous désigne les lettres ר’ ח’ ל’ c’est-à-dire que nous retrouvons encore le nom de .רחל Mais, où est le lien avec les patriarches ? Le voici, si nous prenons les années de vie des trois patriarches nous obtiendrons ceci : Abraham 175, Isaac 180, Jacob 147 ans nous obtenons encore une fois le total de 502 !!!!
Une allusion est donnée par la Torah dans le cadeau offert à Esaü : tout en rangeant dans une excellente stratégie d’intimidation envers son frère les cinq catégories d’animaux, Jacob fait présent à Esaü de 580 animaux. Ce chiffre symbolique a une double signification : 580 en hébreu s’écrit : âin- shine- youd et resh, qui forment le mot âshir = riche. Allusion pour Esaü : je suis riche, ce cadeau n’est rien.

Dans un autre sens, on peut aussi trouver là qu’en fait cette offrande n’est que la dîme des possessions de Jacob mais, il y a encore un autre sens : ces lettres shine/sine- âine – youd – resh forment le nom de séîr, le mont séîr refuge d’Esaü, là où ce frère qui sera surnommé Edom mais que la Torah présente comme « chevelu » (comme un bouc), voulut détruire Jacob et sa famille. Certains commentateurs trouvent dans ces 580 bêtes la préfiguration du « séîr laâzazel (bouc émissaire) ».
Le séjour à Shkhem est malheureux : Dina fille de Rahel et de Jacob, d’une grande beauté, est violée par le prince de Shkhem. S’en suivra un massacre – pour racheter l’honneur de leur sœur – mené par Shimon et Lévy. Dina se retrouve enceinte et elle accouche d’une fille portant le nom d’Osnat. Cette fille à laquelle Jacob donne un talisman et aussi un signe de reconnaissance épousera son oncle Joseph à la cour d’Egypte.

J’anticipe un peu ici sur le déroulement de l’Histoire car, la guemara nous signale, que de la descendance de Joseph (Menashé) naîtra l’un des deux messies que nous attendons : le messie qui devra amener la Guéoula sera « fils de David » comme annoncé dans la meguila de Ruth et dans la guemara de Sanhédrine.

LE COMBAT AVEC L’ANGE

Le nom de cette sidra est riche en enseignements nous l’avons vu et voici encore un petit supplément d’émotions…… VAYISHLAH : וישלח il a envoyé, en inversant l’ordre des lettres, nous obtenons ויחלש du mot halash faible , l’ange le confie à Jacob dans un lahash לחש dans un murmure et là encore nous avons les mêmes lettres : lamed – heth- shin murmurer.

L’ange qui, selon les commentateurs est peut-être le penchant d’Esaü, ou un envoyé de D est étonné d’avoir été vaincu par la force physique surnaturelle de Jacob. Rappelez-vous que dans la précédente parasha, Jacob a déplacé à lui seul cette pierre qui fermait le puits alors que les bergers s’y mettaient à plusieurs ! Et, le dialogue entre Jacob et l’ange se fait à voix basse (lahash) et l’ange pensant pouvoir affaiblir Jacob (vayehalesh de halash faible) fut surpris.

Au terme du combat avec l’Ange Jacob est nommé différemment : désormais il sera ISRAËL. Israël peut être « décortiqué » de façons différentes ISH – SAR – EL (l’homme Prince de D) ou encore ISHAR- EL (il est allé avec droiture avec HaShem) (je ne donne ici que deux acceptions. Celui qui est allé avec droiture avec HaShem est un homme amoureux de la Torat HaShem.

Et sa descendance de « bené Israël » ou des enfants de Jacob, deviendra à la sortie d’Egypte le AM ISRAEL ou PEUPLE D’ISRAËL.

Caroline Elishéva REBOUH

Jacob lutte avec l’ange par Eugene Delacroix

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires