Cette semaine, la parasha va nous faire découvrir l’histoire du peuple juif ou plutôt le destin du peuple juif sous différents angles

 

 

 

En effet, il est question ici de l’installation de Jacob en Canaan que Joseph désignera comme le « pays des Hébreux » lorsqu’il se présentera en Egypte à l’échanson de Pharaon.

Ce qui va nous permettre de comprendre que ce pays est d’avantage connu comme étant le pays des Hébreux depuis bien avant « lekh-lekha » et que par conséquent, Térah et sa famille fut « exilé » en Babylonie en venant du pays des Hébreux et ce avant que les Cananéens n’y apparaissent. De plus dans cette portion de Torah il est largement question de songes et aussi d’une tunique bigarrée « koutoneth passim » qui semble avoir une certaine importance dans la relation entre Joseph et ses frères.

Il est donc question de rêves surprenants tant dans leur nombre (deux) que dans leur apparence et si Joseph n’interprète pas ces rêves, ses frères le font à sa place et Jacob également. Il est à remarquer que Jacob ne fit qu’un seul songe lorsqu’il vit l’échelle allant des cieux à la terre.

Joseph rêva à deux reprises, dans le camp paternel puis, en prison, il interprétera les deux rêves de l’échanson et du panetier puis il sera appelé à interpréter les deux rêves successifs de Pharaon.

Le rêve de Jacob est unique comme celui d’Avimélekh car ces rêves surviennent à l’occasion de faits ponctuels comme pour prévenir Avimélekh que Sara est une femme mariée alors que les rêves dont il est question dans Vayéshev sont des rêves prémonitoires des rêves qui vont se réaliser.

On pourrait se demander pourquoi il est question à chaque fois de deux rêves : étant donné qu’il s’agit de rêves prémonitoires, on pourra dire qu’ainsi qu’il est écrit : על פי שני עדים יקום הדברun jugement sera établi après avoir reçu un double témoignage, c’est après avoir rêvé deux fois que s’interprètent les choses.*

Joseph étant jeune et beau et étant aussi le préféré de Jacob, il va inciter une jalousie toujours grandissante et qui va atteindre son point culminant lorsque Joseph se laisse aller à compter ses songes qui vont passer alors pour des propos fantaisistes et à la limite de la folie des grandeurs et surtout lorsqu’il va apparaître dans cette tunique bigarrée dont les enfants de Léa, de Bilhah et de Zilpa ne connaissent pas la valeur mystique.

Les sages se sont interrogés sur le fait qu’ en peu de versets l’expression de koutonet passim ou koutonet ‘hapassim est répétée : ainsi, dans le chapitre 37, ces mots sont répétés à sept reprises.

Les hakhamim se sont interrogés sur l’importance de cette tunique. Les uns ont précisé qu’en Egypte une telle tunique était réservée à des personnages importants, à des princes.

D’autres commentaires évoquent qu’il s’agissait d’une robe offerte par Jacob à Rahel pendant leur mariage mais, le Ben Ish Hay conseille de lire les initiales de Koutonet Passim c’est-à-dire kaf et pé כ »פ et de rapprocher ces deux lettres des 13 articles de foi rattachés à l’attribut de miséricorde et du verset des sélihot où l’on s’exclame :
א-ל רחום וחנון ארך אפים ורב חסד ואמת ונוצר חסד לאלפים נשא עוון ופשע וחטאה ונקה

Le Ben Ish Hay rattache la lettre kaf à l’initiale du mot keter (couronne) qui renferme d’énormes secrets dans le עץ החיים ou arbre séphirotique. Il commente ainsi le mot רחום : ce mot se rapporte à « aimé » c’est parce qu’Israël (Jacob) aimait Joseph (et qu’il ressentait à son égard à la fois amour paternel et miséricorde) qu’il lui confectionna cette tunique bigarrée.

Joseph remplit un rôle prépondérant dans cette parasha sous plusieurs aspects mais la Torah nous montre ceci avec le verset :

אלה תולדות יעקב יוסף
Voici l’histoire de Jacob Joseph

Rashi fait remarquer qu’ici l’histoire de Jacob est rattachée directement à l’histoire de Joseph. Et nous allons pouvoir en effet tirer un parallèle entre les deux histoires : en effet nous nous souvenons que dans la parasha précédente de vayishlah, Jacob dit à son frère Esaü qu’il a vécu chez Lavan et il emploie le verbe לגור qui signifie habiter mais de manière temporaire alors que – et nous voyons ceci ici dès le début de cette parasha – habiter dans le sens de s’installer se dit לשבת cette parasha s’intitule vayéshev : il s’est installé mais Rashi commente de cette façon גרתי j’ai habité la valeur numérique est de 613 c’est-à-dire pense Rashi qu’il a voulu signifier à son frère que bien qu’il ait séjourné à l’étranger il a observé les 613 commandements et ici, Joseph a été contraint de s’éloigner de la maison paternelle comme son père et a été contraint de vivre en Egypte, dans un pays étranger, parmi des idolâtres tout en continuant d’observer les préceptes de son père et de ses ancêtres.

A tel point que pour sauvegarder sa descendance et son peuple, et au moment où il risque de céder à la tentation avec la femme de Putiphar, Joseph a une vision : il aperçoit le visage de son père qui lui sert de « garde-fou » et l’empêche de commettre un acte qui lui aurait été fatal.

La vente de Joseph : les dix frères de Joseph dont la sensibilité fut écorchée par l’amour porté par Jacob au premier-né de Rahel, puis par les rêves de celui-ci, pensent à tuer leur jeune frère.

Cependant, Réouven et Yéhouda mus par des sentiments et des prétextes différents suggèrent de ne pas le tuer mais de s’en « débarrassant » en le jetant dans un puits sec, sans eau. Ruben en tant qu’aîné de la famille craint que ce meurtre ne « retombe » sur lui quant à Yéhouda il démontre à ses frères que le meurtre ne rapporterait rien alors que de vendre Joseph rapporterait une certaine somme.

Juda, fils de Léa, va commettre des fautes mais il va réparer ces fautes et va reconnaître ses torts. Reconnaître se dit להודות en hébreu.

Certains commentateurs rapprochent d’ailleurs le nom de Yéhouda du verbe léhodoth c’est-à-dire qu’il reconnaît ses fautes et fait teshouva (certains autres commentateurs expliquent le nom de Yéhouda par la présence du tétragramme et la lettre daleth qui symbolise les 4 natures d’hommes.

Et cette attitude va privilégier la descendance de Yéhouda qui, par Tamar, va donner naissance à Perets, ancêtre du Mashiah ben David.
Joseph par sa conduite méritera le titre de tsadik – sage.

Caroline Elishéva REBOUH

 

 

Ce cours est dédié à la Mémoire de Yossef Ben Messaouda ELBEZ Zal, patriarche de la famille de Batna.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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