Les Occidentaux veulent aider Kiev contre la nuit et le froid

Les Etats-Unis prévoient une aide « substantielle » à l’Ukraine pour l’aider à réparer son réseau électrique, soumis au feu de l’artillerie et de l’aviation russe. Rétablir l’électricité et le chauffage sera crucial pour permettre aux Ukrainiens de tenir le choc du froid qui arrive.

La fourniture d’électricité s’avère aussi précieuse que celles d’armes et de munitions pour aider l’Ukraine à tenir tête à la Russie. Surtout au moment où les températures tombent sous zéro et où se profilent les nuits les plus longues de l’année.

Les pylônes électriques ukrainiens, comme ici près du village de Yampil, sont régulièrement bombardés par les missiles et drones kamikazes iraniens opérés par l'armée russe.
Les pylônes électriques ukrainiens, comme ici près du village de Yampil, sont régulièrement bombardés par les missiles et drones kamikazes iraniens opérés par l’armée russe. (Dimitar Dilkoff/AFP)

Washington devait annoncer mardi soir une aide financière à Kiev pour l’aider à reconstruire son réseau électrique.

Une aide substantielle

Cette aide, qui devrait être détaillée par le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance atlantique à Bucarest, sera « substantielle », selon un responsable des Etats-Unis. Sans en préciser le montant, il a rappelé que l’administration Biden avait budgété 1,1 milliard de dollars pour l’énergie en Ukraine et en Moldavie. L’aide s’inscrira dans la perspective d’une conférence internationale des bailleurs de fonds en « soutien à la résistance civile ukrainienne », qui se tiendra le 13 décembre en France.

Les cinq vagues de bombardements russes ont endommagé à chaque fois entre un quart et un tiers du réseau électrique ukrainien. Alors que la défense anti-aérienne de Kiev abat désormais près de 85 % des drones iraniens et la majorité des missiles russes, le dernier raid, mercredi dernier, s’est révélé assez destructeur, plongeant les deux tiers du pays dans le noir durant deux jours, et privant d’eau les habitants de Kiev durant une journée. L’électricité n’a été rétablie dans la capitale que dimanche dernier et 6 millions de foyers étaient encore privés de courant lundi.

Le réseau électrique menacé d’effondrement

A chaque raid, les électriciens ukrainiens réalisent des prouesses pour rétablir le courant. Ils vont bénéficier de 500 générateurs fournis par l’Europe (dont 100 par la France), en sus de 40 par la Corée du Sud. Si les techniciens ukrainiens profitent du fait que le réseau électrique ukrainien est résilient, puisqu’il est, comme tous les réseaux, décentralisé et redondant, ils ne parviennent pas à réparer tous les dégâts. Le réseau fonctionne donc en mode dégradé et pourrait « disjoncter » à l’issue de raids ultérieurs. Mardi matin, Ukrenergo annonçait que son réseau ne pouvait fournir que 73 % de la demande.

Cette image montre l'Ukraine entièrement plongée dans le noir. Reuters/Nasa Worldview

Cette image montre l’Ukraine entièrement plongée dans le noir. Reuters/Nasa Worldview  Cette image a été prise le mercredi 23 novembre. Reuters/Nasa Worldview

« Les Russes ciblent spécifiquement des stations de transformation à haut voltage et pas seulement les centrales électriques elles-mêmes, afin de perturber toute la chaîne, de la production à la distribution », a expliqué le responsable américain. Les analystes militaires sont unanimes à considérer que le Kremlin, dont les forces armées n’ont plus progressé depuis fin juin, même si le front s’est stabilisé depuis la chute de Kherson, le 11 novembre, mise entièrement sur un effondrement des systèmes de chauffage et d’électricité ukrainien pour pousser la population civile à implorer des négociations. Les connaisseurs de l’Ukraine jugent ce résultat improbable.

Pénurie d’obus de 155 mm

Les pays de l’Otan devraient aussi discuter de nouvelles aides militaires. Les membres de l’Alliance commencent à manquer d’obus de 155 mm, la munition Otan standard de l’artillerie ukrainienne et doivent aussi remplacer certains des obusiers envoyés à Kiev : un canon est moins opérationnel après le tir de 600 à 1.000 obus, suivant les modèles. Les Alliés pourraient annoncer la livraison de nouveaux systèmes de défense antiaériens, puisque les bombardements constituent désormais la seule activité militaire de Moscou. Kiev réclame aussi des chars modernes et de l’artillerie à longue portée.

L’Otan a estimé, à l’issue de la première journée du conseil, que « les agissements inacceptables de la Russie, notamment ses activités hybrides, son chantage énergétique et ses propos inconsidérés en matière nucléaire, portent atteinte à l’ordre international fondé sur des règles ». Le communiqué commun souligne que « tous les responsables de crimes de guerre, y compris de violences sexuelles […], devront répondre de leurs actes ».

 Russie: le mystère des stocks d’armes issues de l’ère soviétique

La Russie peut compter dans les prochains mois sur le stock d’armes hérité de l’ère soviétique.

Alors que le conflit en Ukraine se poursuit, la quantité d’armes disponibles devient une question préoccupante des deux côtés du front. Si l’Ukraine compte sur les occidentaux pour se ravitailler, la Russie peut, elle, compter sur l’héritage soviétique. Des milliers de tanks et de missiles issus de l’URSS dorment dans les stocks du Kremlin.
L’hiver approche en Ukraine. Les températures, négatives, mettent à mal les troupes russes et ukrainiennes sur le terrain. La Russie, en difficulté ces dernières semaines face à l’avancée de l’armée locale, compte néanmoins sur son stock d’armes pour gagner la guerre. Il faut dire qu’une grande partie d’entre elles sont héritées de l’URSS. La puissance militaire de la superpuissance reste gigantesque plus de 30 ans après sa disparition. Près de 2,5 millions de personnes sont encore capables de produire des armes simples, comme des abus ou des roquettes, pour alimenter les plus de 2.000 pièces d’artillerie du front et les milliers d’autres en stock.

Autre reliquat de l’URSS encore disponible : des chars utilisables à ressortir des hangars en cas de besoin. Environ 7.000 d’entre eux seraient disponibles. Anciens et lents, ces derniers sont néanmoins suffisants pour tenir une position. Venu tout droit des années 70, le K22, un missile anti-navire très imprécis mais très destructeur, peut se montrer particulièrement utile dans le conflit ukrainien.

Entre 2.000 à 3.000 exemplaires de ces missiles sont produits par l’Union soviétique, et n’ont que peu servi avant la chute de la puissance communiste. A leur bord : sept tonnes d’explosifs.

En clair, si la part récente d’armement s’amenuise, la Russie n’ayant qu’environ 700 missiles modernes à lancer avant d’avoir épuisé ses stocks, le pays peut compter sur ses stocks soviétiques. Mais le Kremlin garde le secret sur la quantité d’armes issues du régime communiste. Une inconnue énorme qui pèse sur l’avenir des fronts.

JForum avec Yves Bourdillon lesechos.fr et  www.europe1.fr/

 

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Jacques

L’Ukraine cachera surement les statistiques des morts de froid, afin de continuer a faire la guerre contre la puissance nucléaire russe. Ah folie, quand tu nous tiens…