Roch Ha Chana: Royauté, Souvenir et Chofar (vidéos)

Parmi les quatre Têtes de l’An que connaît le calendrier juif, celle qui marque le jour de la Création du monde est la seule qui soit célébrée comme le début d’une nouvelle année ; pour la seule et unique raison qu’elle exprime la véritable vocation du peuple d’Israël en le rattachant à la source de l’humanité.
On sait d’après le fameux midrach, que le monde a été créé en prévision de l’émergence d’un peuple qui accepterait la Thora. Israël a accepté cette mission afin que l’humanité toute entière puisse aussi bénéficier de la spiritualité de la Thora par son intermédiaire.
Roch Ha Chana met donc en évidence la fonction universaliste d’Israël, objectif ultime de son élection et de son particularisme. Et si cette idée est omniprésente dans la bible, le Talmud et les écrits rabbiniques, elle ressort avec plus d’éclat dans la liturgie de Roch Ha Chana.
En effet, dans la Amida de chaque office, les textes composés pour la circonstance expriment cet universalisme on ne peut plus clairement et avec l’emphase qui sied à cette grande idée : « impose ta crainte …à toutes tes œuvres …et à tout ce que tu as créé.
Alors te craindront toutes les œuvres et se courberont devant Toi toutes les créatures. Elles formeront toutes un seul faisceau pour accomplir ta volonté d’un cœur entier ».
Rappelons que le « alénou léchabéah » a été spécialement rédigé par Abba Arikha (Maître du Talmud, 3ème siècle de notre ère) pour figurer dans le Moussaf de Roch Ha Chana.
En voici la phrase centrale : « Tous les habitants du globe sauront et reconnaîtront que c’est devant Toi que doit plier tout genou… qu’ils doivent se courber et tomber à terre ; qu’ils doivent rendre hommage à la gloire de ton Nom ».
La liturgie de Roch Ha Chana gravite autour de trois thèmes: Le Règne, le Souvenir, le Chofar. En hébreu : Malkhouyot, Zikhronot,Chofarot.
Malkhouyot, traduit la conception d’un D. Créateur, présent, immanent, dans le monde créé. Il exerce sa Providence sur chaque composante de l’univers.
Il juge toutes « ses œuvres » et leur réclame des comptes le jour de Roch Ha Chana ? Car c’est en ce jour que la création fut achevée et en ce jour que fut jugé le premier homme pour la faute du fruit défendu. Dans cet esprit Adam Harichon constitue l’exemple même de la Téchouva, du repentir.
Les Malkhouyot sont exprimées dans la Amida par la bénédiction « Ha mélékh Haqadoch=Le Roi Saint, et dans Moussaf, par la sonnerie du chofar où des de la Thora, des psaumes et des prophètes évoquent le règne de D.
Zikhronot sont l’expression de notre foi en D., Il se souvient de nous comme il s’est souvenu d’Isaac sur l’autel du Moria, comme il s’est souvenu de Sara, Rachel et H’ana, épouses stériles, pour les guérir. Ces souvenirs constituent autant de révélations individuelles ou collectives.
Chofarot, dernier volet du triptyque, sont signe de Rédemption. C’est le Chofar du rassemblement des exilés, celui du retour des dix tribus disparues, celui de reconstruction du troisième Temple, celui de l’arrivée du Machiah’.
Ce triptyque, Création, Révélation, Rédemption, se retrouve dans la liturgie de tous les jours ; dans la ‘Amida, dans le Chema’Israël, dans les bénédictions qui précèdent celui-ci, dans les trois ‘Amidot du chabbat, etc…
Dans Roch Ha Chana, le triptyque s’inscrit dans un ensemble de dix éléments. Chacune des trois parties s’appuie sur trois versets de la Tora, trois versets des Psaumes, trois versets des Prophètes et un verset de la Tora. Les sonneries du Chofar se décomposent aussi en séries similaires dont le total est un multiple de 10 : 30+30+30+10=100.
Une première série de 30 sons avant Moussaf, une deuxième de 30 pendant la ‘Amida de Moussaf, une troisième de 30 lors de la répétition, et une de 10 à la fin du qadich titqabal.
Selon Franz Rosenzweig, Création, Révélation, Rédemption sont les trois points d’un triangle qui s’enchevêtre avec un autre triangle pour former l’Etoile de David. Dans le deuxième triangle s’inscrivent les principales interrogations de l’homme : Qui est D. ? Qu’est-ce-que l’homme ? Qu’est-ce-que le monde ?
Le premier triangle apporte la réponse à ces trois questions :
Dieu est le Créateur du monde. Il se révèle à l’homme. Cette révélation constitue le lien obligatoire qui unit D. Créateur à la création.
Dieu utilise l’homme comme intermédiaire privilégié pour faire apparaître la Rédemption.
La Délivrance n’est pas que la promesse d’un happy End du monde. De même que la Création, mise en place durant les premiers six jours, se renouvelle à chaque instant grâce à la parole divine qui lui confère la vie. De Même que la Révélation du Sinaï se prolonge dans l’homme qui la fait revivre en permanence dans un effort par l’étude de la Tora.
La Délivrance doit se conquérir par l’homme dans un effort continu de tous les instants ; son comportement, la maîtrise de ses instincts, sa fidélité en D. et à la Tora conditionnent sa réussite. C’est à lui qu’incombe le devoir de réparer le monde. (Tiqoun Ha’ olam).
Rabbin Claude Brahami
Le coin de la Hala’ha
Les jours qui précèdent Roch Hachana et les deux jours de fête eux-mêmes sont un temps marqué par le repentir. De ce fait, certains fidèles ont l’usage de jeûner la veille de Roch Hachana tout en veillant à prendre une petite collation avant l’entrée de la fête. D’autres arrêtent le jeûne au milieu de la journée (12h.38) qui précède la fête.  
Selon certains usages, le matin de la veille de Roch Hachana (Lundi), on procède à l’annulation des vœux, en présence d’un Miniane. Tel est l’usage ’Habad. D’autres le font quarante jours avant Roch Hachana.
Le matin de la veille de Roch Hachana (Lundi) on ne sonne pas du Choffar et les Ta’hanounim  ne seront pas récités, bien que les Séli’hoth soient dites, ce jour là.  
Nombreux sont ceux qui, la veille de Roch Hachana, ont l’usage de se rendre au cimetière pour prier sur la tombe de Tsaddik (les Justes) ou de leurs parents ou des soldats et d’y donner la Tsédaka. On le fera avant le milieu du jour (12h.38) de Lundi, veille de Roch Hachana. Avant de s’y rendre, la pratique la plus généralisée est de ne pas manger. Il est par contre permis de boire. Le cimetière est un lieu qui amène l’homme à se remettre en question et à dissiper toute forme d’orgueil, des vertus essentielles pour un bon jugement.
Il faut veiller, avant de rentrer dans le cimetière, à cacher les fils de son Talith katane. Les laisser à l’extérieur est considéré comme une moquerie à l’égard des morts qui ne peuvent plus pratiquer les mitzvoth.   
On ne se recueillera pas deux fois sur la même tombe le même jour. Avant de rentrer chez soi, on se lave les mains, trois fois alternativement quand on quitte le cimetière. On se rend au cimetière même s’il ne s’y trouve pas des Justes enterrés à cet endroit. C’est un usage répandu pour les hommes de se tremper au Mikvé la veille de Roch Hachana (Lundi après 12h.38 ). Il est bon de le faire aussi le matin de Roch Hachana (lundi et mardi matin). Il faut veiller à dire la prière de Mi’ha de la veille de Roch Hachana avec une ferveur particulière car c’est la dernière prière de l’année avant la nouvelle année.          
Le matin de Roch Hachana,  (c’est-à-dire Mardi  matin et Mercredi matin) certains évitent de goûter et de boire quoi que ce soit avant la prière par égard pour la mitzva du Choffar. Les femmes ne sont pas tenues d’écouter les sonneries du Choffar car c’est une mitsva limitée à un temps précis mais depuis longtemps, elles ont pris sur elles l’usage de s’en rendre quittes.  
Il n’y a donc pas d’interdiction à sonner du Choffar pour une femme qui souhaiterait l’écouter.   
A la différence des autres jours de fêtes, on ne fume pas durant les deux jours de Roch Hachana. A part la nuit, on ne dort pas durant Roch Hachana.     
Il faut rappeler le caractère sacré de chaque instant de ces deux jours qu’on emploie à lire beaucoup de Téhilim (les Psaumes)

 

Puissions nous tous être immédiatement inscrits et scellés dans le Livre de la Vie !

 

Tant que tu ne cesseras de monter,
Les marches ne cesseront pas ;
Sous les pieds qui montent,
Elles se multiplient à l’infini !
Franz Kafka

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