Qui était Jacob ben Meïr (1100-1171) qui a vécu au Moyen-Age en Champagne? Pourquoi le petit-fils de Rachi a reçu le surnom de Rabbénou Tam? Quelle oeuvre laisse-t-il?

La vie de Jacob ben Meïr, Rabbenou Tam
Jacob ben Meïr naquit en 1100 à Ramerupt, petite ville de Champagne, dans le foyer de Meïr ben Samuel et de Yokheved, une des filles de Rachi.
Il fut éduqué par son père, Rabbi Meïr, et par son frère aîné, Samuel ben Meïr (Raschbam). Selon la tradition, il fut aussi l’élève de Jacob ben Samson, un élève de Rachi auteur d’un commentaire sur le traité d’Avot (des Pères). Il était sans doute trop jeune pour avoir reçu de celui-ci un enseignement direct.

imageUne légende populaire dit de lui que lorsque Rabbenou Tam entendit des pleurs à la mort de Rachi, à 5 ans, [il demanda] « pourquoi ces pleurs ? ». Sa mère lui dit que la lumière d’Israël s’était éteinte. Il dit « je la reprendrai et je la rallumerai ».
Sa femme Myriam était la sœur de Samson ben Joseph l’Ancien de Falaise. On sait qu’elle avait été précédemment marié à un nommé Avraham. Elle épousa Rabbenou Tam à une époque tardive, après la mort de Samson.
On ne trouve en effet pas de traces de liens familiaux dans la correspondance échangée entre Rabbenou Tam et Samson de Falaise. Ils eurent 4 fils : Joseph, Moïse, Isaac et Salomon, qui servit de secrétaire à son père.
Bien établi à Ramerupt, Rabbénou Tam possédait maisons et terres qu’il administrait en même temps qu’il menait l’étude dans sa yeshiva (école talmudique) qui fut fréquentée par plus de quatre-vingt tossafistes, les commentateurs de Rachi.
Comme il était d’usage, il subvenait aux besoins de ses étudiants. Il possédait de nombreux manuscrits en provenance d’Allemagne, du Nord de la France mais aussi d’Afrique du Nord et d’Espagne, qu’il corrigeait et annotait. Il possédait également des manuscrits de Rachi.
Un grave événement marqua la vie de Rabbénou Tam : il fut violemment molesté dans son village par des croisés lors de la Deuxième Croisade.
Un chroniqueur juif, Ephraïm ben Yaaqov de Bonn, en fait le récit et rapporte que le nom du Maître était si prestigieux que les agresseurs parlèrent de vengeance,
Il n’eut la vie sauve que par l’intervention d’un noble auquel il promit le versement d’une somme importante et qui jura de le convertir. Il semble qu’il se réfugia alors à Troyes.
Son neveu, Isaac ben Samuel (le Ri), raconte que Rabbenou Tam, qui avait quitté Ramerupt pour Troyes, y revint pour récupérer ses livres et ses meubles.
En mai 1171, à Blois, un valet-servant chrétien prétendit avoir vu un Juif jeter le corps d’un enfant dans la Loire. Aucun cadavre ne fut retrouvé, mais la quarantaine de juifs résidant dans la ville furent jetés en prison.
La plupart des juifs, dont Polcelina, une juive liée au comte Thibault de Champagne, à qui on offrait le choix de se faire baptiser, préféra mourir.
Le 20 Sivan (26 mai) 1171, 38 juifs, dont 17 femmes, périrent sur le bûcher.
Ce fut là le parfait canevas de la première accusation de crime rituel en Europe occidentale.
Cette accusation en entraîna d’autres à Pontoise, Joinville et Loches. Le martyr de Blois fit une impression considérable sur les contemporains. Outre deux récits en prose des événements, des Selihot, des prières de pénitence, furent composées.
Apprenant les tragiques événements de Blois, Rabbénou Jabob Tam déclara le 20 Sivan jour de jeûne pour les juifs de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne.. Rabbenou Tam fut assassiné, attaché a la queue d’un cheval et traîné sur les pavé de la ville, à la grande joie des habitants de la ville.

Rabbenou Tam et la Halakha
Il fut l’un des plus éminents continuateurs de son grand-père Rachi, commentant son commentaire du Talmud. Le nom de Rabbénou Tam apparaît dans pratiquement chaque page du Talmud, en vis-à-vis de celui de Rachi. Son enseignement eut une profonde influence dans le domaine de la Halakhah (loi juive), et notamment au sujet des Mitzvot (commandements) des Téfiline et de la Mézouza.
Il arriva à Rabbénou Tam d’être en désaccord avec son grand-père Rachi, notamment concernant la position de la Mézouza sur les montants de porte, ainsi Rachi soutenait qu’elle devait être positionnée à la verticale, et Rabbénou Tam à l’horizontale, ce qui valut à la tradition d’adopter la position inclinée afin de se conformer à l’enseignement des deux maîtres.
Quant aux tefilines Rabbénou Tam recommande le port de 2 paires à ses élèves.

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Il est aussi souvent cité au sujet de son opinion sur l’heure de passage du jour à la nuit.

Les Juifs forcés de se convertir
Depuis le début de la Première Croisade, vers 1100, jusqu’ à la Réforme protestante, une période de plus de 400 ans, l’Église a fait un effort concerté pour convertir un grand nombre de Juifs.
Les méthodes qu’ils employaient comprenaient la corruption, la coercition et l’enlèvement.
Rabbenou Tam a écrit qu’il y avait des enfants de sa communauté qui ont été enlevés et élevés en tant que non-juifs.
Plus tard dans la vie, ils ont découvert qu’ils étaient juifs. Avaient-ils besoin d’être convertis? Rabbeinu Tam dit que ce ne sont pas des incidents isolés.
Nous avons également ce problème à notre époque où des milliers d’enfants juifs ont été emmenés dans des foyers et des monastères catholiques pendant la Shoah. Après la guerre, l’Église refusa de les abandonner.
Au Moyen Âge, les conversions n’étaient pas des cas isolés, mais plutôt une généralité dans toute l’Europe, et même dans les plus grandes familles. Le fameux Rabbeinu Gershom eut un fils qui s’est converti.
Il y a la légende célèbre du rabbin Amnon, l’auteur de la prière de Nisaneh Tokef prononcée à l’apogée des prières des fêtes de fin d’année. Avant Rosh Hashanah, il fut invité par l’évêque et les nobles de la ville à se convertir. Il leur a dit qu’ils devraient lui laisser trois jours pour réfléchir. Puis il a regretté qu’il leur ait même donné l’indication que c’était une possibilité. Par la suite, il a carrément refusé leur invitation et en réponse, ils lui ont coupé les bras et les jambes. Saignant à mort, il fut conduit à la synagogue et prononça la célèbre prière, Nisanah Tokef.

La porté de l’oeuvre de Rabbénou Tam
Outre les Tossefot qui lui sont attribuées, Rabbénou Tam a écrit des piyyoutim (poèmes liturgiques) et des Responsa, réunies dans le Sefer ha-Yachar (le Livre du Juste, 1149) sans rapport avec le midrash homonyme du même nom. On ne dispose que d’un seul manuscrit du Sefer ha-Yachar de Rabbénou Tam. Celui-ci est conservé à la bibliothèque nationale et universitaire de Jérusalem.
Avec les commentaires du Talmud, Rabbénou Tam a fait ce qu’on peut appeler « le Talmud de France ». Grâce à lui, l’école française du Talmud  connut un grand retentissement ,sa méthode de lecture qui rendit le texte simple et transparent se répandit universellement.
Le mouvement se développa rapidement et il devint un courant dominant qui modela l’enseignement des siècles ultérieurs depuis la France et l’Allemagne (y compris la Provence) jusqu’à l’Espagne à partir de l’époque de Nahmanide.
C’est surtout Rabbénou Tam qui marqua l’achèvement parfait des tosafot pour les générations à venir.
L’ »empire de Ramerupt » demeure présent encore de nos jours dans la mémoire des juifs.

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Par Jforum, fr.wikipedia.org,  terrepromise

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