Quand Hollande torpille Macron, dézingue Zemmour… et rend hommage à Sarkozy !

Dans Affronter (Stock), l’ancien président dresse une série de portraits. On y croise son prédécesseur, son successeur et les personnalités d’aujourd’hui. Piquant

« Affronter », le nouveau livre de François Hollande (Editions Stock, 2021)

C’est un livre qui va en agacer plus d’un, à commencer par ceux dont François Hollande dresse le portrait non sans malice. D’aucuns parleraient d’espièglerie politicienne tant il étrille son camp de la gauche. A six mois de l’élection présidentielle 2022, l’ancien locataire socialiste de l’Élysée publie Affronter (Stock), 400 pages de plaidoyer pour la social-démocratie et de programme politique – on croirait lire un quasi-candidat. Le tout agrémenté de descriptions et d’analyses sur la classe politique d’hier et d’aujourd’hui et leurs champions.

« A quoi Emmanuel Macron croit-il vraiment? » C’est avec ces quelques mots qu’il ouvre son livre. François Hollande veut répondre à ceux qui lui ont reproché d’avoir introduit Emmanuel Macron dans son entourage, à ceux qui l’ont accusé d’avoir mis l’impétueux ministre de l’Économie sur une rampe de lancement pour 2017. Comment ne pouvait-il pas voir les ambitions – si maladroitement feintes – de Macron ? « Ma réponse est toujours la même, se justifie François Hollande. Par principe, je fais confiance aux personnes qui s’engagent auprès de moi en connaissance de cause et qui affirment adhérer aux idées que je défends depuis toujours. » 

« Il ne s’est jamais prétendu social-démocrate »

Ainsi Emmanuel Macron l’aurait trahi ? « J’avais supposé, logiquement, qu’il était attaché aux idées d’une social-démocratie moderne, et aux principes d’une gauche réaliste », écrit le socialiste de Tulles qui déplore le manque de cohérence idéologique de son successeur. « Il ne s’est jamais prétendu social-démocrate », expose-t-il avant de rappeler : « C’est vrai qu’Emmanuel Macron aimait aussi se réclamer de Michel Rocard, mais je découvrais plus tard qu’il se référait autant à Jean-Pierre Chevènement. » 

Macron, une anguille idéologique aux yeux de Hollande, disant une chose lorsqu’il était ministre et faisant l’exact inverse une fois à l’Élysée. Il se souvient : « Au début de l’année 2016, il avait rompu avec la solidarité gouvernementale en émettant des réserves sur la manière de faire de Manuel Valls qu’il jugeait attentatoire aux libertés et sur l’accueil des réfugiés, qu’il estimait trop frileux, prenant exemple sur l’attitude de Madame Merkel ». François Hollande constate que, désormais président, Emmanuel Macron demande « aux préfets d’accélérer le renvoi des sans-papiers », « intègre les dispositions de l’état d’urgence dans la loi ordinaire », nomme « Gérald Darmanin ministre de l’Intérieur, que la droite aurait également placé à Beauvau si elle avait gagné« .

« Sarkozy, un battant exceptionnel »

Mais l’ex-président de la République se veut bien plus sévère sur le quinquennat de celui qui lui a succédé. « Il est bien davantage le porte-étendard d’une technostructure souvent ignorante de la vie réelle des Français », écrit-il avant de dresser un bilan cinglant : « Voilà, en cette fin de quinquennat, l’état de notre pays : une dette abyssale, une société écartelée entre l’euphorie des uns et le pessimisme des autres, une économie bouleversée, un rapport au travail profondément changé, une démocratie fatiguée, une nation inquiète de sa place et de sa cohésion. » 

À l’inverse, et c’est peut-être là la surprise de ces portraits parfois au vitriol, François Hollande apparaît bien plus élogieux à l’égard… de Nicolas Sarkozy. « Il fut un président malheureux, un concurrent battu mais un battant exceptionnel aux ressources inépuisables, à l’ardeur infatigable, doté d’un appétit insatiable qui le rend disponible pour offrir ses compétences, je n’ose dire ses services, à tous ceux qui le sollicitent », estime Hollande, rendant hommage à l’énergie déployée par son prédécesseur durant la crise financière de 2008 autant qu’à son parcours : « Il n’avait rien d’un premier de la classe, mais quelle revanche plus éclatante que d’être le premier arrivé, à force d’élan et d’assaut ? Ce qui donne un revers amer à sa personnalité : il ne supporte pas l’échec. D’où, j’imagine, le ressentiment qu’il éprouve à mon endroit. » Et Hollande de défendre un Sarkozy empêtré depuis des années dans les affaires judiciaires : « La justice doit certes passer mais le sort des politiques ne se règle pas dans les prétoires. » 

« N’est pas Trump qui veut, même en miniature »

Dans ses pérégrinations de portraitiste, il n’en oublie pas Éric Zemmour, la nouvelle coqueluche des sondages qui bouscule le jeu à droite. François Hollande dit de lui qu’il n’a « rien inventé », Nigel Farage au Royaume-Uni puis Donald Trump aux États-Unis ont agité les foules cathodiques avant de se lancer en campagne électorale. « Le voilà, lui l’histrion, attiré par l’hubris de la présidentielle, confondant téléspectateurs et électeurs, audimat et élection. Mais n’est pas Trump qui veut, même en miniature« , torpille Hollande qui ne croit guère aux chances de Zemmour : « Dénoncer les présidents est à la portée du premier polémiste venu. Devenir président, c’est une autre affaire (…). Je suis convaincu qu’il connaîtra le sort de ses malheureux prédécesseurs, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan ou Marie-France Garaud. » 

Dans Affronter, on croise aussi Édouard Philippe dont le discours, juge Hollande, « relève plus de l’impressionnisme brumeux que de la parole politique (…) à l’instar de ces poulpes qui se dissimulent derrière un nuage d’encre ». Le socialiste estime que le Havrais fait une erreur en pariant sur 2027 : « Mais qui peut savoir où le pays sera en 2027. Une candidature n’est pas une habileté, c’est un projet. La chance n’est pas une vertu. C’est une opportunité, si elle ne vous quitte pas. » La chance a-t-elle quitté François Hollande qui, avec ce nouveau livre, réveille le spectre du retour aux affaires ?

DR

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Rosa SAHSAN

Et c’est ce minable qui ose parler comme cela de Zemmour???
on croit rêver
N’est pas De Gaulle qui veut.
ROSA

Filouthai

N’est pas Président qui veut, même gras, ventripotent et court sur pattes !
La France a payé assez cher la tragédie Hollande.

Au fait comment va Leonarda, la grande amie du président ?