LeKH LeKHa: « Va pour toi.. » (vidéo)

Lorsqu’HaShem ordonne à Abraham de quitter Ur (Our) Kassdim en Babylonie, Abraham obéit : il fait confiance au Créateur.

Il ne pose pas de question ; pourquoi ? que vais-je trouver là-bas ? pourquoi bouger d’ici où j’ai toute ma famille ? je ne parle pas la langue….

Non. Abraham ne pose pas de question : D. a ordonné, je pars !

Dans les étapes les plus décisives de la vie d’Abraham, HaShem énonce Sa demande en observant une progression « Pars de ta terre, de ton pays, de la maison de ton père, vers la terre que Je te montrerai »….

L’homme a été façonné à partir de la terre (poussière) que le Créateur a prélevée aux quatre coins de la terre (physique), de ton pays (où tu as grandi et évolué = spirituelle), de la maison de ton père (affect), vers le pays que Je te montrerai (économique/devenir).

Lorsqu’il est question de quitter la maison paternelle c’est là toute la mentalité qui l’a bercé depuis sa plus tendre enfance jusqu’au moment de son départ : il faut, en conséquence, qu’Abraham abandonne tout ce qui a été son cadre de vie jusqu’alors.

Devant cette triple injonction de quitter son foyer se cache une triple promesse : pour chaque lieu nommé se trouve la promesse d’une jouissance, de quelque chose de bien et la promesse d’un devenir au-delà de toute espérance.

Cette promesse inclut trois facettes : devenir père d’une immense nation, devenir riche au-delà de toute espérance et acquérir une renommée que nul ne pourra jamais atteindre.

Lorsque Nimrod, Roi de Babel, comprend qu’Abraham représente un immense défi au niveau-même de sa « magnificence », il ordonne de jeter Abraham dans la fournaise.

Tous les personnages importants et influents avaient offert des présents à Abraham mais pas Nimrod cependant, lorsqu’Abraham ressortit indemne de la fournaise ce puissant souverain offrit son propre fils au futur patriarche. Comment se nommait ce fils ? Eliezer de Damas ! celui-là même qui, plus tard, sera chargé de trouver une femme à Isaac !

Nous avons, plus haut, évoqué le fait que la dialectique exposant l’ordre de partir de Ur Kassdim fut aussi détaillée qu’un autre ordre adressé à Abraham : celui de la ligature d’Isaac ! En effet, lorsqu’HaShem S’adresse au patriarche pour exiger de lui qu’il sacrifie son fils Isaac, l’ordre suit aussi une progression dramatique : le texte inscrit : « ton fils, ton unique fils, celui que tu aimes : Isaac ».

Dans cette phrase, se confondent l’affect, le devenir de la descendance, et le spirituel, cette forte foi qui habite le patriarche.

La littérature rabbinique est très prolixe sur toutes les épreuves traversées par Abraham : la mishna les dénombre : il y en a dix !

Pourtant tous les Sages ne tombent pas d’accord sur l’époque de ces épreuves car certains en placent une partie AVANT lekh lekha et certains ne commencent à les énumérer qu’APRES l’entrée en Canaân.

Pour le Rambam, les mots de lekh lekha sont le signal du début et de la fin des dix épreuves: lekh étant la première avec la sortie du pays qui l’a vu naître vers le pays qu’HaShem doit lui montrer et lekha étant la dernière des épreuves : la ligature d’Isaac vers le Mont Moriah qu’HaShem doit lui montrer….

Lekh-Lekha littéralement c’est « va pour toi » c’est-à-dire que cette aliya est pour ton bien : nous l’avons déjà remarqué mais HaShem souligne que cet acte est susceptible d’avoir pour conséquence : de procurer une renommée que jamais personne ne pourra égaler, une fortune incommensurable et de devenir le père d’un grand peuple…

Cette foi qui anime Abram depuis son plus jeune âge est le seul moteur qui fait qu’Abram s’en va à l’aventure, avec ses gens avec sa femme et les membres de sa famille qui se sont joints à lui. C’est parce qu’il n’a pas posé de question (sous aucune forme d’interrogation) d’aucune sorte, HaShem a formulé un ordre et il a exécuté l’ordre, d’un cœur pur.

Les dix épreuves surmontées par Abram furent: le départ de Babel, la famine trouvée en Canaân, l’enlèvement de Sara, la guerre avec les 4 rois, le fait de prendre Agar comme épouse, la brith mila, le nouvel enlèvement de Sara par Avimelekh, l’éloignement d’Agar, l’éloignement d’Ishmaël, et la ligature d’Isaac.

La Torah raconte qu’Abraham a livré une guerre contre les 4 rois avec 318 personnes. Qui étaient tout d’abord ces rois ?

Il y avait tout d’abord, sur place, en Canaân et territoires avoisinants 5 rois : le roi de Sodome (Berâ), celui d’Amorrha : Birsha, celui de Adma : Sine’âb, celui de Tseboyim : Shime’âver et le roi de Belâ ou Tsohar.

Quatre puissants souverains babyloniens cherchaient querelle aux précédents et il s’agissait de : Amrafel roi de Sena’ar, Aryokh roi de Elassar, Kedarla’omer roi de Eylam et de Tide’âl roi de Goyim.

Les rois des villes de la région ayant été vaincus par les rois de Babel, et Loth ayant été fait prisonnier, des hommes fuyant les vainqueurs rapportèrent la situation à Abraham qui, désireux de rendre la liberté à son parent, se rendit sur les lieux pour livrer bataille à l’envahisseur.

La Torah dit qu’Abraham était accompagné de 318 personnes. Le midrash rapporte qu’ Eliezer, le fidèle disciple et serviteur d’Abraham, voulut former une troupe de combat mais, comme il a toujours été d’usage avant qu’un homme ne s’enrôle dans l’armée on lui déconseille de le faire s’il vient de se marier, ou de construire une maison, ou de planter une vigne ou….. tout simplement s’il a peur des combats.

Le midrash poursuit et rapporte que, finalement, un par un, tous les candidats s’étaient retirés…. Et n’étaient présents qu’Abraham et Eliezer le serviteur or, la guematriya d’Eliezer est de 318 !

Ceci est une allusion aux principes de la Torah : lorsqu’Israël livre bataille à des ennemis ou plutôt : lorsqu’Israël se trouve confronté à une multitude d’étrangers, le seul fait de se « présenter » avec une foi inébranlable en l’Éternel suffit à battre les ennemis.

Les exemples sont nombreux dans la Bible où le nombre de « soldats » juifs se retrouvent face à une armée ennemie nombreuse et puissante et grâce à sa foi en D, la victoire est assurée aux Juifs.

C’est dans cette sidra que pour la première fois Abram est désigné comme Ivri. Ivri ou hébreu mais, ce mot possède plusieurs dimensions dont nous essaierons d’analyser trois d’entre elles. Les commentateurs ont compris le mot « ivri » par le fait qu’Abram est « passé à autre chose » en quittant Babel pour Canaân. עברי s’écrit âyin-beth-resh-youd.

Il y a aussi le fait que la racine de ivri est avar soit ayin-beth-resh qui désigne le fait de passer mais aussi du passé en opposition au présent et au futur. En arrivant en Canaân, Abram opère une coupure, une rupture avec son passé.

C’est justement après avoir été jeté dans la fournaise où il aurait dû brûler (en hébreu liv’ôr : לבעור dans lequel on reconnaît les lettres ayin-beth-resh en désordre) qu’il a rompu avec son passé.
En arrivant en Canaân l’attendait la famine : ra’âv (resh-ayin-beth).

Ici encore, l’adversité : la famine aurait pu faire échouer Abram et lui faire regretter d’avoir tourné le dos au passé… Mais, non, rien n’a pu faire regretter au Patriarche d’avoir obéi inconditionnellement au Créateur.

Une comparaison peut-elle avoir lieu ici entre Abraham et la génération du désert qui fut le témoin de tant de prodiges et de miracles, et qui à chaque instant donné regrettait le passé? Abraham, fut lui aussi témoin et bénéficiaire d’un prodige en sortant indemne de la fournaise et, au contraire, sa foi put croître et se renforcer.

Cours dédié à la Mémoire de Gérard Benyamin HAÏOUN Z’l  14 Hechvan 5775

Caroline Elishéva REBOUH

 

[1]Nahar en hébreu signifie fleuve.

[2]Ever mot qui signifie au-delà est l’origine du mot עבריîvri = hébreu

[3]Philon d’Alexandrie a également émis cette même opinion.

 

 

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires