L’exposition Le marché de l’art sous l’Occupation lève le voile sur le parcours des œuvres d’art confisquées aux Juifs entre 1940 et 1944.

Un pan méconnu de l’histoire du marché de l’art français qui apparaît dans tout son cynisme à découvrir au Mémorial de la Shoah jusqu’au 3 novembre 2019 et dans un livre.

Adolf Hitler et André François-Poncet, homme politique et diplomate français, lors d'une exposition d'art français. Berlin, Parizer Platz, 1937. Photographie de Heinrich Hoffmann publiée dans le journal "B.Z.". © Ullsteinbild/Roger-Viollet

Adolf Hitler et André François-Poncet, homme politique et diplomate français, lors d’une exposition d’art français. Berlin, Parizer Platz, 1937. Photographie de Heinrich Hoffmann publiée dans le journal « B.Z. ». © Ullsteinbild/Roger-Viollet

 

L’exposition Le marché de l’art sous l’Occupation au sein du Mémorial de Shoah ne s’inscrit pas dans la continuité des expositions consacrées à la spoliation artistique des familles juives, même si cette thématique en est évidemment le fil rouge tout au long de la visite.

En se focalisant sur le système de revente et d’échange des œuvres confisquées, l’exposition se donne pour objectif de mettre en lumière un pan méconnu de l’histoire du marché de l’art et de ses prolongements en dévoilant les sombres dessous du marché de l’art hexagonal entre 1940 et 1944.

Aryanisation de l’art

À compter de l’été 1941, les Juifs de France sont victimes d’une double législation : la réglementation nazie et les lois du gouvernement de Vichy. Ils se voient dépouillés de leurs biens — entreprises, biens immobiliers, financiers et œuvres d’art —  et leurs comptes en banque sont bloqués, les privant des ressources et des moyens qui leur auraient permis de fuir avant d’être déportés.

Ces lois discriminatoires frappent également certains marchands juifs qui voient leurs commerces ou galeries « aryanisés ». Pour contourner cette spoliation injuste, l’exposition montre — documents à l’appui — comment le galeriste Pierre Loeb organise la cession de sa galerie à Georges Aubry, un confrère, avant de s’exiler à Cuba avec sa famille pour fuir les dangers de l’Occupation.

Après la guerre, Pierre Loeb est de retour à Paris mais le nouveau propriétaire traîne les pieds pour lui rétrocéder sa galerie. Heureusement, celui-ci peut compter sur son ami Pablo Picasso qui met en garde Georges Aubry avec cette formule laconique : « Pierre est revenu, il reprend la galerie ».

D’autres galeristes tentent également d’organiser lors de cette période l’exil de leurs œuvres avant qu’elles ne leur soient arrachées.

Fiche administrative concernant l'aryanisation de la galerie Pierre Loeb © photo Citazine

Fiche administrative concernant l’aryanisation de la galerie Pierre Loeb © photo Citazine

Spoliation et dispersion

Entre 1940 et 1944, le marché de l’art, lui, se porte très bien nous apprend l’exposition. Ateliers, galeristes, marchands, experts et maisons de vente aux enchères s’approvisionnent à Paris où plus de deux millions d’objets transitent entre 1941 et 1942.

C’est une période faste pour les circuits traditionnels de transfert des œuvres d’art. Les différents acteurs du microcosme du marché de l’art français sont pris dans une frénésie totalement déconnectée des horreurs de la guerre.

Ces œuvres, vendues parfois à des prix très élevés, les acquéreurs ne peuvent que soupçonner qu’elles ont été volées. L’exposition retrace cette période troublée de l’histoire à travers des documents historiques (photos, lettres, décrets, archives de référencement…) et met en avant le destin de quatre galeries : celles de Pierre Loeb, B. Weill, Paul Rosenberg et René Gimpel.

Une pièce rappelant une salle des ventes permet de revivre les enchères organisées à l’Hôtel Drouot où certaines œuvres modernes dites « dégénérées » — par opposition à l’art « aryen » — sont dispersées. Elles sont alors souvent destinées au musée de Hitler à Linz ou à la collection de Goering.

À Paris, les collections les plus renommées de marchands d’art et collectionneurs juifs en France seront « mises en sécurité » dans les caves de l’Ambassade d’Allemagne, puis dans trois à six salles du Louvre et finalement au musée du Jeu de Paume. L’exposition accueille certaines œuvres d’art spoliées puis rendues à leurs propriétaires, ce qui n’est toujours pas le cas de nombreuses autres dont il est parfois difficile de retrouver la trace.

Le marché de l'art sous l'Occupation 1940-1944 - éditions Tallandier

Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944 – éditions Tallandier

En complément de cette exposition au Mémorial de la Shoah, Emmanuelle Polack, historienne de l’art et commissaire scientifique de l’exposition, a écrit un livre éponyme publié aux éditions Tallandier. L’ouvrage contient trois cahiers illustrés avec des photos également présentes dans l’exposition. Sur la base d’archives françaises, américaines et allemandes, Emmanuelle Polack mène l’enquête sur le marché de l’art à Paris et à Nice où trafics, vols et recels d’œuvres d’art se sont multipliés.

Infos pratiques :

Exposition Le marché de l’art sous l’Occupation
Du mercredi 20 mars au dimanche 3 novembre 2019
Mémorial de la Shoah
17 rue Geoffroy-l’Asnier
75004 Paris

Entrée libre

Horaires
Tous les jours de 10h à 18h, le jeudi jusqu’à 22h
Fermé le samedi

Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944 par Emmanuelle Polack, 304 pages, éditions Tallandier, 2019

Source: citazine.fr

 

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Bonaparte

Le Louvre détient encore des toiles appartenant à des Juifs , il est complice des nazis .

Combien d’héritiers ont dû se battre pour récupérer leurs biens .

Le Louvre à chaque fois se faisait tirer l’oreille et ne cédait que devant la Loi et l’évidence . Et à la fin il en gardait une partie aprés avoir épuisé les bénéficiaires .

Je souris à l’idée de cet italien qui avait  » volé  » la Joconde pour la ramener dans son pays : c’est une autre histoire .

Bonaparte

On a vraiment dépouillé les Juifs .

Souvent les voisins en étaient les responsables .

Une simple dénonciation vous étiez déporté et vos bien confisqués .

Quant aux  » artistes  » ils n’en manquaient pas chez les nazis , à leut tête Goering : il a  » déménagé  » des trains entiers .

La race aryenne à l’oeuvre . A gerber .