Malgré des couacs, l’Amérique du Sud devient-elle pro-Israélienne?

Le nouveau gouvernement colombien examinera la reconnaissance de la « Palestine », alors que le principal candidat brésilien à la présidentielle promet de fermer la mission palestinienne

Est-ce que l'Amérique du Sud tourne Pro-Israël?

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre le président colombien Juan Manuel Santos. (Crédit photo: AVI OHAYON – GPO)

Un jour après l’annonce par le ministre des Affaires étrangères de la Colombie de la reconnaissance par le pays d’un Etat palestinien, le gouvernement a fait marche arrière et s’est engagé à revoir cette décision. La décision initiale a été prise par l’ancien président Juan Manuel Santos juste avant d’être remplacé par Ivan Duque, qui a prêté serment mardi.

Le nouveau chef, qui a depuis promis de réévaluer cette décision tardive, aurait été informé plus tôt cette semaine des opérations de son prédécesseur en coulisses, qui ont été officialisées dans une lettre du 3 août adressée au représentant palestinien à Bogota.

La Colombie est le dernier pays d’Amérique du Sud à reconnaître officiellement «l’État de Palestine », une déclaration faite par quelque 130 pays à travers le monde.

« Le président sortant a peut-être commis des excès dans la façon dont cette décision a été prise », a déclaré le ministre colombien des Affaires étrangères, Carlos Holmes, ajoutant que « le gouvernement [Duque] examinera attentivement ses conséquences et agira conformément au droit international ».

Hanan Jarrar, chef de la direction gouvernementale palestinienne pour les Amériques et les Caraïbes, a affirmé à la chaîne de télévision : « La reconnaissance est complètement légale puisque l’ancien président a pris cette décision pendant son mandat ». Elle a attribué cette évolution à deux années de campagne acharnée de l’équivalent du ministère palestinien des Affaires étrangères.

Jarrar a souligné qu’il y avait une énorme pression sur Duque pour renverser la tendance, mais « je doute que le nouveau gouvernement annulera la reconnaissance, une décision souveraine contre laquelle nul ne peut interférer ».

L’analyste politique palestinien Hanna Issa estime que si la décision est conforme aux normes internationales, elle constitue un faux pas diplomatique. « [Santos] aurait dû donner du temps et de l’espace au nouveau président, surtout au début de son mandat », a-t-il expliqué à The Media Line, allant jusqu’à comparer cette décision à l’abstention du président Barack Obama. sur la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations Unies, quelques jours seulement avant son départ.

Cette résolution, adoptée le 23 décembre 2016, décrivait la construction de communautés juives dans les «territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est» comme une «violation flagrante» du droit international «sans validité juridique».

La reconnaissance par la Colombie de l’état palestinien a été révélée lors de la visite de l’ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies, Nikki Haley, pour l’investiture de Duque, Washington confirmant avoir recueilli plus d’informations à ce sujet auprès de son proche allié sud-américain. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annulé sa propre visite lors de cette confirmation, qui aurait été sa deuxième à Bogota au cours de l’année écoulée, citant des tensions persistantes avec le Hamas.

Contacté par The Media Line, un porte-parole du Premier ministre israélien a réitéré que cette annulation était due à des raisons de « sécurité » et non à des désaccords politiques.

Le gouvernement israélien a fait de l’Amérique du Sud, et plus largement de l’Amérique latine, le centre d’un important effort diplomatique, Netanyahu étant devenu le premier Premier ministre à se rendre dans la région, en septembre dernier.

Notamment, tous ces pays se sont abstenus deux mois plus tard de voter à l’Assemblée générale des Nations Unies sur une résolution demandant aux États-Unis de revenir sur sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Les liens d’Israël avec des pays comme le Honduras, qui ont voté contre la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, et le Guatemala, qui a suivi les Etats-Unis en mai en déplaçant son ambassade à Jérusalem, semblent également avoir atteint des sommets.

En raison de ces incursions diplomatiques israéliennes, l’Autorité palestinienne pourrait être confrontée à un autre revers, alors que le principal candidat à la présidentielle brésilien, Jair Bolsonaro, a promis cette semaine de fermer la mission palestinienne à Brasilia et de déplacer l’ambassade de son pays à Jérusalem s’il remportait les élections d’octobre.

« La Palestine est-elle un pays? La Palestine n’est pas un pays, donc il ne devrait pas y avoir d’ambassade ici », a déclaré Bolsonaro, surnommé « l’atout du Brésil ».

En revanche, l’ancien président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, l’un des parrains de la reconnaissance unilatérale, dès 2005,  a reconnu un État palestinien en 2010 et a fait don de 10 millions de dollars au Hamas, qui régit la bande de Gaza et s’est engagé à détruire Israël. La disciple de Lula, Dilma Rousseff, a maintenu une politique pro-palestinienne jusqu’à sa destitution il y a deux ans, [pour corruption accentuée, comme c’est le cas de beaucoup de soutiens pro-palestiniens].

Mettant ces tensions en évidence, Maria Anguilla Holguin, ancienne diplomate brésilienne, s’est vue refuser, de la part d’Israël, en 2014 l’autorisation de se rendre à Ramallah. Au lieu de se rendre pour la première fois à Jérusalem, comme le demandait le gouvernement israélien, Holguin a rencontré Riad al-Malki en Jordanie.

Un an plus tard, Rousseff a torpillé la nomination de Dani Dayan en tant qu’ambassadeur d’Israël à Brasilia en prétextant son plaidoyer passé en faveur de la construction d’implantation juive en Judée-Samarie.

Selon le professeur Emmanuel Navon, chargé de cours en relations internationales à l’université de Tel-Aviv et chercheur à l’Institut d’études stratégiques de Jérusalem, l’approche des pays face au conflit israélo-palestinien «dépend beaucoup de la nature du pouvoir. La droite en Amérique Latine semble être plus proche de la communauté évangélique aux Etats-Unis, alors que la gauche semble devenir plus radicale.

« Donc, selon qui gagne les élections, Israël doit adopter une approche ciblée », a-t-il déclaré à Media Line. En effet, il ne s’agit pas d’une culture démocratique, c’est donc les dirigeants qui prennent les décisions sans nécessairement avoir besoin d’influencer l’opinion publique. Ce n’est pas quelque chose dont les électeurs se soucient, de toute façon.

Le Dr. Navon a souligné que l’une des principales raisons de l’incursion diplomatique d’Israël dans les Amériques est de contrecarrer l’expansionnisme iranien. « Le Hezbollah et l’Iran sont très présents dans cette région. L’Argentine est un bon exemple, avec la dissimulation par l’ancienne dirigeante Cristina Fernandez de Kirchner -aujopurd’hui poursuivie pour corruption agravée à tous les niveaux du pouvoir- du rôle de Téhéran dans le bombardement en 1994 d’un centre communautaire juif à Buenos Aires. »

Aujourd’hui, le président Mauricio Macri tente d’envoyer les responsables devant les tribunaux.

Alors que de nombreux pays sud-américains restent fermement dans le camp anti-israélien, au premier rang desquels le Venezuela, un allié proche de l’Iran, ainsi que la Bolivie sous Evo Morales, les choses semblent aller, à présent, dans le sens inverse.

À ce titre, l’hémisphère sud pourrait très bien devenir le prochain grand champ de bataille diplomatique du conflit israélo-palestinien.

PAR CHARLES BYBELEZER /themedialine.org
 12 AOÛT 2018 09H23
Ada^tation : Marc Brzustowski

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

7 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Ixiane

Je ne comprends pas pourquoi tous ces pays se battent pour un  » pays  » qui n’a jamais existé, qui n’existe pas et qui n’existera pas vu que l’ONU ne pourra jamais le créer , du moins en ISRAEL !!!! Sa Charte le lui interdit mais tous ces pays ignares se laissent mener par le bout du nez !!! Il serait temps que BIBI explique un peu !!!! puisque l’ONU n’a pas le courage de le faire !!!
Ces pays d’Amérique du Sud soutiennent ces terroristes par peur d’attentats chez eux ??
Longue vie à BENYAMIN NETANYAHOU car il a encore du boulot !! et BRAVO pour avoir rappelé la LOI de LA Nation du Peuple JUIF : on s’est aperçu que c’était une grande nécessité !!!!

Bonaparte

Bravo Bibi et Viva Zapata .

Belle

Si la France avait 1 Netanyahou elle ne serait pas ds cette état dramatique économiquement socialement etc…
Il n y a que les dhimis de tous bords ou les islamistes pr le detester et crever de jalousie de la place d Israël ds le monde!!!

Henry Jacques

BRAVO…entièrement de votre avis.

LACHKAR Norbert

TOUT CELA GRACE AU TRAVAIL DE BENJAMIN NATHANYAOU.