LaG BaoMeR: Tunis-Alger-Marseille-Mérone…(vidéo)

Caroline Elishéva REBOUH le 12.05.2020 33e jour du Ômer

Lag s’écrit en hébreu avec les deux lettres lamed et guimel dont la valeur numérique est 33.

On prononçait LARH car la lettre hébraïque guimel lorsqu’elle ne comporte pas de daguesh (un point à l’intérieur de la lettre) se prononçait « r » très guttural. D’où ce nom « larh ».

Ce jour (le 18 Iyar) est le jour anniversaire de naissance et du décès de Rabbi Shimôn bar Yohay.

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Pendant la période du Ômer une épidémie ravagea les rangs des élèves de Rabbi Akiva mais, le 33ème jour du Ômer, la mortalité cessa subitement à cette date qui devint un jour d’allégresse.

L’interdiction de se marier ou de célébrer des bar mitsvot est suspendue et chez les sefaradim depuis Pessah jusqu’à Lag BaOmer.

Les cérémonies familiales avec musique sont donc à nouveau célébrées à partir du 33ème jour de l’Omer.

En Algérie, cette soirée était belle et c’était l’une des rares soirées où, nous les enfants, avions le droit de rester éveillé dans une atmosphère festive très particulière.

Je me souviens que je voulais savoir la signification du mot larh et surtout savoir comment cela s’écrivait mais personne ne sut tellement me renseigner.

Mes parents avaient acheté des bougies longues légèrement torsadées de couleur blanche ou rose avec des fils dorés colles sur la cire qui à certains endroits formait une sorte de dentelle du même ton.

Il était d’usage dès la nuit tombée de faire « la tournée des synagogues » on s’efforçait de se rendre dans trois synagogues ce soir-là.

Les fidèles apportaient des fleurs (souvent de petits œillets très odorants) et puis, certaines femmes apportaient en offrande de l’huile et des veilleuses que l’on versait dans de grands vases en verre taillé et elles allumaient les veilleuses avec beaucoup de piété, leur chevelure emprisonnée dans de jolis foulards en soie.

Elles formulaient des prières et des vœux bien pieux chacune demandant santé, bonheur, mazal (mariage) ou la faveur de procréer….

Les hommes, de leur côté, chantaient selon des mélodies bien connues de l’assemblée des cantiques ou des hymnes à la mémoire du grand Tana. Des enchères permettaient à certains de se démarquer du reste de l’assistance pour lancer ces chants très appréciés que des « loulous » ponctuaient.

Des pâtisseries au miel étaient offertes ainsi que des sucreries diverses dont nous, les enfants, étions les grands bénéficiaires…

Nous allions de la Rue Suffren où officiait le regretté rabbin André Hayim Habib, à la synagogue Lebhar, rue de Dijon puis, nous nous rendions à la synagogue de St Eugène chez le Rabbin Ben David. Par la suite, lorsque fut ouverte l’école de la rue Suffren, notre « tournée » augmenta d’une adresse…

Lorsqu’après 1962, nous célébrâmes le premier « Larh » nous avions suffi à comprendre qu’il fallait prononcer « Lag ». La coutume des 3 synagogues à visiter céda aux exigences du nouveau lieu de résidence..

Dans certaines synagogues on perpétuait l’usage des bougies ou des veilleuses mais l’ambiance n’était plus la même et puis sans doute le cœur n’y était-il plus de la même façon non plus… De toute façon, on circulait dans les rues en essayant de ne pas trop se faire remarquer : le shabbat, les hommes enveloppaient leur sac de talith dans du papier journal pour qu’aucun signe extérieur visible de judaïsme ne puisse attirer l’attention des concitoyens qui ignoraient sans doute tout de ce qu’on voulait occulter.

A Marseille où nous avions établi notre nid il n’y avait rien de précis de prévu pour Lag BaOmer ce ne sont que plusieurs années plus tard, lorsque de petits oratoires furent inaugurés de ci de là, que des « hilouloth » furent organisées.

Aussi, quelles ne furent ma surprise et ma joie, en traversant la Méditerranée une nouvelle fois mais vers Israël de voir avec quel empressement les jeunes-garçons – et parfois de toutes jeunes-filles – traînaient du bois, des cartons à brûler….

En effet, dans l’après-midi précédant cette veillée que, certains, en Israël, prolongent jusqu’aux lueurs du petit matin, les jeunes garçons et/ou filles, rassemblent du bois (palettes et vieux meubles parfois) pour en faire des feux de joie dans des terrains vagues ou sur le littoral. Parfois l’amoncellement de matières à brûler est surmonté de vêtements ou d’une perruque.

Les jeunes garçons ou les jeunes filles ont disposé sous les feux des pommes de terre et de gros oignons tous enveloppés de papier aluminium et ces légumes rôtis sous les cendres seront dégustés à la lueur des feux s’éteignant lentement.

Les sons des guitares donnent à ces soirées de « koumzitz » (les pommes de terre rôties) un goût qui ne s’effacera jamais des mémoires, les transformant en des souvenirs merveilleux. Plus tard, dans la nuit, sur les cendres encore chaudes, des marshmallows embrochés sur des piques de bambou se caraméliseront.

D’autres personnes – des adultes – organisent des soirées festives avec ou sans collation durant lesquelles sont psalmodiés des chants à la gloire du célèbre Tana, auteur du Zohar.

En Eretz Israël, les fidèles se rendent à Mérone où se trouve le tombeau de Rabbi Shimôn et de manière à trouver une place relativement près de la « grotte » certains plantent déjà leur tente une semaine ou dix jours avant la hiloula.

Des familles profitent de cette date pour y amener leurs petits garçons âgés de 3 ans pour le « halaké » ou première coupe de cheveux et le port du premier talith katane.

C’est encore le prétexte de faire des grillades « âl haesh » et de régaler les voisins de bonnes brochettes odorantes.

Les horizons changent et les coutumes aussi. BAR YOHAY NIMSHAHTA ASHREIKHA SHEMEN SASSON MEHAVREKHA …BAR YOHAY SHEMEN MISH’HAT KODESH NIMESHAHTA MIMIDAT HAKODESH NASSATA TSITS NEZER HAKODESH HABOUSH AL ROSHEKHA PEEREKHA ….

Caroline Elishéva REBOUH

 

LAG BAOMER

Didier Nebot le 12.05.2020

 

Extrait N° 22  » 10 Commandements »…LAG BAOMER, fête rattachée à Rabbi Akiba et Shimon Bar YohaÏ. Pour certains elle était ou est l’occasion d’organiser des pèlerinages sur les tombes de Grands Rabbins, considérés comme des justes. En voici un exemple que j’ai rapporté dans le livre « 10 commandements »;
La Régence de Tunis sous domination ottomane, en 1760…
…. Un jour, Isaac parla à Kélila du pèlerinage qu’il s’apprêtait à accomplir.
– Bientôt aura lieu la Hilloula. Nous irons sur la tombe de Rebbi Fredji, à Testour, pour nous recueillir. De nombreux musulmans s’y rendent aussi, des miracles y ont souvent lieu…
– Testour ? Une de mes cousines y habite. Pourrai-je venir aussi ? Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai la conviction que ce pèlerinage me fera du bien. Bredouilla Kélila.
– Je n’osais te le demander tant j’associe mon frère à toi. Si tu es là, ma prière aboutira, j’en suis sûr. Et puis, personne ne pourra t’en faire grief, les musulmans vénèrent aussi Rebbi Fredji. La Hilloula débute dans dix jours.

Dès le lendemain, Kelila se rendit auprès du marabout Sidi Ben Moudeh pour lui parler du saint juif. Devant son air grave et révérencieux, elle comprit l’importance que la communauté musulmane accordait au Rebbi. Kelila fit même des émules dans l’entourage du marabout. On trouva aussi un vieil homme pour parler d’un miracle qui s’était produit sur la koubba de Fredji. Kelila se précipita ensuite chez Isaac, pour lui annoncer que nombreuses seraient les musulmanes participant à ce voyage. Il tiqua : juifs et Arabes sur la même route, cela ne laissait présager rien de bon.
– Ne sois pas si pessimiste, mon ami. Ces femmes n’ont aucune arrière-pensée, expliqua Kelila. Parle-moi de ce saint homme. Pourquoi les musulmans vénèrent-ils ainsi un juif ?

Alors Isaac raconta l’histoire du Rebbi Fredji :

« Il était le chef spirituel de la communauté de Béja, non loin de Testour, il y a très longtemps, au XVIème siècle. Originaire d’Espagne, il avait perdu une grande partie de sa famille. Arrivé ici, il répandit le bien et semblait protégé de Dieu. Sage et fort respecté, il réalisait déjà des miracles de son vivant.

Un jour, il annonça à son confident et serviteur : “ Ma vie terrestre s’achève aujourd’hui. Le sommeil éternel me gagne. Demain, quand tu entreras dans ma chambre, je ne serai plus de ce monde. Tu me trouveras lavé et prêt pour mon dernier voyage. Tu me placeras sur une mule et, là où elle s’arrêtera, je devrai être enterré. Telle est ma dernière volonté. Va et que Dieu te protège. ” Au lever du jour, le fidèle serviteur trouva son maître mort. Ému, il prévint la colonie juive ; sans perdre une seconde, ainsi que l’avait demandé le Rebbi, sa dépouille fut attachée sur une mule et un cortège de parents et de fidèles se mit en route, derrière l’animal. Rebbi Fredji semblait vivant et, assis sur la bête, il avançait vers le soleil.

« Ils arrivèrent à proximité du camp du Bey Youssef. Ne connaissant rien des barrières et des frontières, l’animal pénétra dans l’enceinte musulmane, suivi par les fidèles qui, pressentant le pire, entamèrent des prières.
« Indignés par tant d’insolence, les soldats se précipitèrent sur les juifs pour leur donner une bonne correction. Ces derniers, n’osant provoquer davantage la colère des musulmans, rebroussèrent chemin, avec la pénible sensation d’abandonner leur Rebbi. La mule, quant à elle, continuait imperturbablement son chemin, le cadavre bien maintenu sur son dos. Interloqués par l’audace de cet homme dont ils ne voyaient que la silhouette, les hommes du Bey le poursuivirent, les insultes à la bouche. Mais l’étrange cavalier aux yeux fixes ne réagissait pas, alors ils levèrent les poings pour frapper l’insolent.

« C’est à ce moment que le miracle se produisit : les bras restèrent brandis en l’air, comme tétanisés. Affolés par ce sortilège, les musulmans se mirent à hurler, courant en tous sens. À ces cris, leur chef, croyant à une révolte, sortit de sa tente. Dans un calme à grand-peine retrouvé, on lui expliqua la situation. Il se dirigea vers la petite troupe de juifs massés à l’entrée du camp et les interrogea :
« “ Qui est cet homme ? ”
« On lui raconta qui était Rebbi Fredji, combien sa vie avait été sainte, comment il avait échappé aux chrétiens d’Espagne et toutes les bontés qu’il avait répandues autour de lui.
« “ Sur la mule chevauche son cadavre, sa dernière volonté est d’être enterré là où elle s’arrêtera. ”

« Le bey, impressionné, s’adressa à ses hommes dont les bras étaient toujours levés vers le ciel:
« “ Vous avez oublié que Mahomet, le Prophète, a dit que ceux qui croient et suivent la religion juive, au jour dernier, s’ils ont fait le bien, recevront une récompense de leur Seigneur. La crainte ne descendra point sur eux et ils ne seront point affligés. Cet homme est mort et vous avez été imprudents en voulant le frapper car c’est un saint. Laissez aller la mule et escortez les juifs. Peut-être, en échange, le sortilège sera-t-il levé ? ”
« La bête marcha longtemps. Les juifs humbles, d’un côté, les soldats honteux, de l’autre, suivaient en silence. De son pas régulier, elle les conduisit non loin de Testour, près du cimetière, là, elle s’arrêta et s’accroupit, comme pour dire : “ Nous y sommes. ” Les juifs détachèrent la dépouille du Rebbi et, aux pieds de la mule, creusèrent une fosse pour l’y déposer. Aussitôt, comme par enchantement, les bras raidis des soldats se détendirent. Ils manifestèrent leur joie alors que le soleil se couchait. Après s’être congratulés, ils se prosternèrent vers La Mecque et, avec ferveur, prièrent en embrassant le sol de la tombe fraîche.
« “ C’est un saint, un marabout, l’esprit de Dieu l’a pénétré. ”
« Le Bey, prévenu, donna l’ordre d’élever une koubba à cet endroit et, depuis cette époque, juifs et musulmans s’y rendent nombreux en pèlerinage. Voilà l’histoire de Rebbi Fredji. »

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