VaYeCHeV : Entre Providence et Libre-arbitre

Dans la Sidra de cette semaine, deux versets, ont retenu mon attention, Verset 5, chapitre 37 : « Joseph eut un rêve » et le verset 6 chapitre 38 : « Juda prit une épouse pour Er, son premier né, son nom était Tamar ».

Deux figures dont la mission soulève l’interférence entre volonté divine et libre arbitre de l’homme ou de la femme.

Le verset 5, inaugure la série des rêves qui jouèrent un rôle si important dans son existence et par voie de conséquence dans l’histoire du peuple juif.

Joseph connut ses terribles épreuves à cause de ses rêves (rêve des gerbes de blé) raconté à ses frères, mais il dut aussi sa prodigieuse ascension à des rêves (rêves de l’échanson et du panetier puis rêves de Pharaon).

En mettant ainsi les rêves en relief, l’écriture semble vouloir attirer notre attention sur l’éminence des facteurs irrationnels dans l’existence humaine, la mission d’un peuple et l’orientation de l’histoire et sa finalité.

Nous prenons conscience que les réalités d’ordre social, économique et politique ne sont pas seules à déterminer le devenir des hommes. Le rêve est un de ces facteurs qui échappe à notre entendement rationnel et bien plus encore dans le conflit qui opposa Joseph le rêveur à ses frères les réalistes, ce fut le rêveur qui l’emporta…

Certes de tels facteurs relèvent de la transcendance et soulèvent les limites du libre arbitre de l’homme. Joseph ne cesse de le rappeler lorsqu’il dit : « l’interprétation n’est-elle pas à D. ? ».

Maïmonide stipule dans ses commentaires que les critères de notre pensée, sont fondamentalement différents de la pensée divine. Il ajoute que l’enchevêtrement de l’action humaine et de l’intervention providentielle est en effet, tel que nul être vivant ne peut en déceler le mystérieux mécanisme.

Il existe trois catégories de rêves : la première est selon le talmud les rêves provoqués par des pensées ou des imaginations malsaines et impures. La seconde catégorie est le produit de notre constitution psycho- physique et le prophète Zacharie nous dit : «  Ces songes ne disent que vanité ».

Enfin la troisième catégorie comporte les rêves d’inspiration prophétique auxquels l’Ecriture fait allusion en disant au nom de l’Eternel : « Je Me révèle à lui en songe ». (Classification donnée par Samuel Edels).

D’après Maïmonide ce dernier type de rêve représente une prophétie mineure, il est évalué à un soixantième de la prophétie. D’après R. Juda Hassid les premiers niveaux se situent au cours du sommeil léger, dans un état de demi- conscience par contre les rêves prophétiques se produisent dans un profond sommeil et sont accompagnés d’un état d’exaltation très intense.

Dans le chapitre 38, c’est l’épisode entre Yéoudah et Thamar sa bru qui nous est révélé. Thamar, veuve successivement des deux fils de Yéhoudah et ne pouvant épouser Er son troisième fils, trop jeune (7 ans), se déguisa en prostituée pour rencontrer Yéoudah lui-même, afin de pouvoir enfanter.

Les commentaires nous donnent des précisions sur cette femme : « Elle était descendante de Sem, fils de Noé et elle était belle comme une palme ». Thamar veut dire palme. Mais alors que l’épouse, défunte, de Yéoudah n’est jamais nommée par son prénom personnel mais seulement « fille de Schoûa », sa bru n’est connue que sous son prénom «  Thamar ».

Celle-ci se distinguait, en effet, par sa valeur personnelle, celle là n’était que fille de son père. Philon d’Alexandrie nous rapporte que Thamar, fut élevée dans un milieu d’idolâtres mais qu’elle se convertit à la croyance du D. UN et que les titres de noblesse de ses descendants étaient dus à sa chasteté et sa vie vertueuse.

Certains auteurs rapprochent Rebecca et Thamar par leur esprit de décision très développé. Rebbecca dans l’orientation de la bénédiction paternelle sur Jacob porteur des qualités requises, Thamar dans son désir de rester attachée à la famille Abrahamique en donnant une nouvelle descendance à Yéhoudah dont elle aura d’ailleurs les jumeaux Zérah et Pérets, ce dernier qui deviendra ancêtre du Roi David, ascendant de la lignée du Messie.

La vertu de Thamar est donnée en exemple plusieurs générations après: Lorsque Boaz épousa Ruth la moabite, les habitants de sa ville le bénirent en ces termes : « Que ta maison soit comme la maison de Péretz, que Thamar, enfanta à Yéhoudah ! ».

A. Benchimol

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