Titus installa son camp au mont Scopus. Malgré une défense acharnée des Juifs affamés, il fit une brèche dans le troisième rempart, celui d’Agrippa I, puis le deuxième rempart tomba sous les coups de béliers des assaillants. Les Juifs se réfugièrent alors derrière le mur le plus ancien, prêts à mourir plutôt que de céder.

Jérusalem: destruction de la ville et du Second Temple

Titus fit construire un mur à l’extérieur de ce dernier rempart pour affamer davantage la population. Il essaya d’entrer en relation avec les Juifs par l’intermédiaire de Flavius Josèphe.
Après la chute de la forteresse Antonia, les Juifs se retranchèrent dans l’enceinte du Temple qu’ils croyaient inexpugnable. Le siège fut rendu plus terrible encore par la famine ; les assiégés qui essayaient de s’échapper de la ville, étaient pris par les Romains, éventrés ou crucifiés.
« Il y en avait tellement qu’on manquait de place pour les croix et de croix pour les corps. Quand l’armée n’eut plus rien à tuer ni à piller, faute d’objets où assouvir sa fureur – car si elle avait eu de quoi l’exercer, elle ne se serait abstenue par modération d’aucune violence – Titus lui donna aussitôt l’ordre de détruire toute la ville et le Temple, en conservant cependant les tours les plus élevées, celles de Phasaël, d’Hippicos, de Mariamme, et aussi toute la partie du rempart qui entourait la ville du côté de l’ouest. Ce rempart devait servir de campement à la garnison laissée à Jérusalem ; les tours devaient témoigner de l’importance et de la force de la ville dont la valeur romaine avait triomphé. Tout le reste de l’enceinte fut si bien rasé par la sape que les voyageurs, en arrivant là, pouvaient douter que ce lieu eût jamais été habité. Telle fut la fin de Jérusalem, cité illustre, célèbre parmi tous les hommes, victime de la folie des factieux.», rapporta l’historien juif Flavius Josèphe, alors interprète par les Romains.
Après plusieurs semaines de combats effroyables, le second Temple fut incendié, à la date anniversaire de la destruction du premier, les 9 et 10 du mois d’Av. Plusieurs centaines de milliers de Juifs furent massacrés ou emmenés en esclavage à Rome.
L’arc de Titus à Rome commémora la victoire romaine contre les Juifs. Il ne resta de la ville qu’une muraille de soutènement, le mur occidental, qui devint alors le Mur des Lamentations selon les chrétiens et Kotel pour les Juifs.
Aucun événement n’a autant marqué la mémoire juive pendant près de deux millénaires que la destruction du Second Temple.Tous les courants du Judaïsme furent éliminés par la violence de la guerre.

La dernière révolte juive

Soixante ans après la grande révolte juive, sous le règne de l’empereur Hadrien, une seconde grande révolte juive éclata.
Lorsqu’il prit la charge suprême de l’empire romain, à 42 ans Hadrien se considère comme le meilleur défenseur de la civilisation gréco-romaine. A la suite de sa visite en Judée, il prit des mesures antijuives.
La première année de la guerre, les révoltés conduits par Bar Kokhba enregistrèrent des victoires contre les armées romaines : un semblant de service était rétabli sur les ruines du Temple.
La riposte romaine fut terrible, l’empereur Hadrien vint lui-même en Judée : Jérusalem fut reprise et les Juifs atterrés par cette nouvelle se replièrent vers la Mer Morte, Massada et Bétar.
Les Romains pourchassèrent les Juifs et leurs familles réfugiées dans les grottes et toutes les poches de résistance sont vaincues.
Jérusalem fut alors complètement rasée. Débaptisée, elle porta désormais le nom romain d’Aelia Capitolina où un temple fut dédié à Jupiter sur l’emplacement du Temple des Juifs qui n’avaient plus le droit d’entrer dans la Ville sous peine de mort, la Judée désormais baptisée Palestine, fut désertée.
Pendant ce temps, le centre de la vie juive se reconstitua en Galilée autour de rabbins et d’érudits installés à Safed, Tibériade et Zippori où ils rédigent le Talmud (1).
Après la première révolte juive, Johanan Ben Zakkaï est parvienu à sortir de Jérusalem caché dans un cercueil[2].
Il obtint de Vespasien, futur empereur, l’autorisation de fonder une école rabbinique à Yavné.
Avec ses successeurs, il refonda un Judaïsme privé du Temple et de tout pouvoir temporel : élaboration de la Mishna (codification de la loi orale), du Talmud dont celui de Babylone dépassa en renommée celui de Jérusalem. Un des deux Talmud était appelé Talmud de Jérusalem, alors qu’il avait été rédigé en Galilée. Le nom qui a été attribué à ce Talmud marquait l’engouement qu’éprouvent ses rédacteurs envers la Ville sainte.
Désormais, les docteurs de la Loi devenaient les régulateurs de la religion juive. Jérusalem n’était plus qu’un vœu et un symbole d’espérance.
Pendant deux siècles, Jérusalem demeura une cité païenne. Si Jérusalem cessa d’être alors la capitale d’un état juif, durant le temps de la perte d’indépendance nationale, la ville demeura malgré tout le centre de la foi religieuse.
Pendant plus de 300 ans il fut interdit aux Juifs d’entrer à Jérusalem ou même de s’en approcher sous peine de mort.
Saint Jérôme, violemment anti-juif, témoigna déjà au IVesiècle de l’habitude des Juifs de venir pleurer le long du mur :
« Jusqu’à ce jour, ces locataires hypocrites ont l’interdiction de venir à Jérusalem, car ils sont les meurtriers des prophètes et notamment du dernier d’entre eux, le Fils de Dieu ; à moins qu’ils ne viennent pour pleurer car on leur a donné permission de se lamenter sur les ruines de la ville, moyennant paiement ».
Pour illustrer notre réflexion, on relata cette histoire mettant en scène le célèbre rabbin Akiva qui avait soutenu l’une des dernières révoltes juives antiromaines dirigée par Bar Kochba.

Rabbi Akiva, raconta le Talmud, passa un jour avec ses élèves près du Mont du Temple, quand ils aperçurent un renard qui rôdait sur l’emplacement du Saint des Saints.

Les compagnons de Rabbi Akiva fondirent en larmes, mais Rabbi Akiva sourit :

« Pourquoi ris-tu ? » lui demandèrent-ils. « Et pourquoi pleurez-vous ? ». « Nous voyons l’endroit où seul le grand Prêtre avait accès hanté par les renards et nous ne pleurons pas ? » « C’est pour cela, répond Akiva que je ris. Si la menace divine de détruire son sanctuaire s’est bien réalisée, sa promesse de le reconstruire plus beau qu’avant s’accomplira certainement aussi » et les autres de s’écrier « Akiva, tu nous as consolés ».

Cette anecdote contient les thèmes majeurs de l’histoire : la splendeur, la destruction et la renaissance du monde juif.
Dossier réalisé par Jforum
[1] Talmud : en hébreu, enseignement. Ensemble des écrits tirés des enseignements des rabbins, de la loi orale, interprétation de la Bible hébraïque. Il est composé d’un texte central, la Michna (IIe siècle) et d’un commentaire de cette Michna, la Guemara (Ve siècle). Il existe deuxcompilations talmudiques : le Talmud dit de Jérusalem et le Talmud de Babylone
[2) Cf. Le Talmud de Babylone.

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