Apres l’intensité du mois de Tichri, nous voici au mois de ‘Hechvan, à partir de lundi soir 28 octobre 2019.

 

 

Ce contraste interpelle nos sages qui expliquent que les 12 mois de l’année correspondent aux 12 tribus d’Israël.

Tichri est ainsi le mois d’Éphraïm et ‘Hechvan celui de Ménaché. Or, en relisant le passage de la Torah où Yossef conduit ses deux fils Éphraïm et Ménaché à son père Yaacov pour recevoir sa bénédiction, Yossef plaça Ménaché, l’aîné, à la droite de son père et Éphraïm à sa gauche.

Et voilà que Yaacov inverse ses mains en posant sa droite sur la tête d’Éphraïm… Si bien que Yossef, qui pense d’abord à une  » erreur  » de son père, le lui signale.

Mais Yaakov répond : « Je sais mon fils, je sais (…) que celui-ci est l’aîné [en parlant de Ménaché], mais Éphraïm passera d’abord ! ».

En fait, ce débat entre Yaacov et Yossef était de savoir quel devait être le 1er mois de l’année hébraïque : Tichri – celui d’Ephraïm – avec sa succession d’événements, ou ‘Hechvan – celui de Ménaché – à savoir un   » non-événement « ?

Dans la vie, l’amour s’exprime par des actes et des événements. Mais la crainte – la yira -, c’est la capacité de respecter Hachem sans que rien ne se passe.

Le débat Yaacov-Yossef consistait donc à savoir s’il fallait accomplir les mitsvot sans avoir encore intégré la crainte d’Hachem (Éphraïm/Tichri), ou s’il fallait faire le contraire.

A priori, la thèse de Yossef semblait la plus logique, car en théorie, il faudrait d’abord corriger nos défauts avant de vivre les mitsvot. D’ailleurs Yaacov reconnaît que son fils a raison, mais il lui dit en substance : « Si tu fais ainsi, le peuple ne suivra pas : c’est trop dur de se corriger d’abord et de s’améliorer ensuite ! ».

Nous constatons aujourd’hui combien était grande la sagesse de Yaacov, notamment quand on voit tous les Juifs se précipitant dans les synagogues pour Roch Hachana, Yom Kippour et Sim’hat Torah…

Et pourtant point de « détecteurs de fautes » à l’entrée des synagogues : chacun entre comme il est ! Mais après tous ces grands jours, il faut procéder à une introspection plus profonde pour savoir si l’on a vraiment intégré la crainte d’Hachem, ce contenant (kéli) où va s’épanouir notre service divin quotidien !

Souhaitons pour nous tous que ‘Hechvan – le mois où sera inauguré le 3e Temple – soit l’occasion de ces introspections remplies de yirat Hachem ! Amen.

Par le Rav Sitruk Zal

 

C’est le moment à présent de mettre à exécution tous les espoirs, les prières et les résolutions que nous avons exprimés au début de la nouvelle année juive.

Tableau réalisé par Noémie G.

 

En Israël, nous ajoutons la requête pour la pluie dans nos prières à partir du septième jour du mois de ‘Hechvan. Nous voyons la pluie comme la manifestation matérielle de la force vitale à sa source même. Tout ce qui vit dépend de l’eau pour survivre.

Notre corps contient près de 86 pour cent d’eau. La source de vie spirituelle, la compassion et la créativité de D-ieu, se manifeste concrètement à travers ce don qu’Il nous a fait.

En fait, le mot en hébreu pour « matérialité, » gachmiout, signifie littéralement « pluviosité », le mot signifiant pluie étant « gechem« . La pluie que nous voyons est la source de l’être et du devenir.

Nous devons faire preuve de présence d’esprit pour la considérer ainsi et ne pas tomber dans le piège qui consiste à penser qu’elle est la source de la possession et de la consommation.

Lorsque nous ouvrons assez notre esprit pour voir dans la pluie qui tombe la bénédiction qu’elle est, chaque fois qu’elle se manifeste, notre conscience s’en trouve modifiée.

Le Talmud nous dit que la pluie est une immense proclamation de la présence de D-ieu dans notre monde quotidien.

Voyez seulement les comparaisons que nous fournit le Talmud à son sujet.

1. Un jour de pluie est plus grand que le jour où la Torah fut donnée
2. Un jour de pluie est plus grand que le jour où le ciel et la terre furent créés
3. Il fait se multiplier la délivrance
4. Il nous dit que nos fautes ont été pardonnées
5. Toutes nos possessions sont bénies
6. Il est plus grand que le jour où les Juifs exilés retourneront en Israël
7. Même les armées sont arrêtées par sa force

Pourquoi la pluie est-elle considérée comme étant plus importante que les moments les plus significatifs de toute l’histoire ? Dans quel sens est-elle une source d’inspiration et de bénédiction ?

La réponse est que nous avons été placés dans un monde matériel caractérisé par l’abondance de ses tentations et le fait que la présence de D-ieu nous soit cachée.

Notre rôle consiste à allumer une petite flamme dans un endroit obscur et laisser le bien qu’elle diffuse illuminer le monde entier. La pluie donne à toute chose une vie matérielle. D-ieu est tout aussi présent ici qu’Il ne l’est dans tout autre domaine de l’existence.

Il n’y a qu’une seule différence cruciale : dans les domaines de l’existence les plus élevés et dans les moments les plus dramatiques de l’histoire, notre âme n’a pas à chercher bien loin pour connaître D-ieu.

Lorsque notre monde fonctionne sur un mode bien moins dramatique, bien plus d’efforts nous sont nécessaires pour parvenir à avoir une relation authentique avec le Créateur du monde.

En ‘Hechvan, nous devons faire des choix en ce qui concerne notre relation avec le monde de la réalité, les jours et les mois ordinaires auxquels il va nous falloir faire face. Il nous faut prendre des engagements, aborder sans sourciller les choses terre-à-terre qui se trouvent devant nous ainsi que les choix simples que nous effectuons.

‘Hechvan est un moment de grande opportunité. Fermons les yeux, ravalons la phrase « reprend tes habitudes » en la noyant en buvant un grand verre d’eau et lançons-nous dans la vraie bataille, celle dans laquelle le bien, dans le sens le plus élevé du terme, en sortira toujours vainqueur.

Traduction et adaptation de Ra’hel Katz

 

Le mois de ‘hechwan est le deuxième mois de l’année comptée à partir de Roch hachana , et le huitième si on le numérote, comme le fait la Tora , à partir de nissan .

Il fait partie, avec celui de kislev , des mois qui comptent 29 ou 30 jours selon qu’ils sont complets ( malé ) ou déficients ( ‘hassèr ).

Le signe du zodiaque qui lui correspond est celui du Scorpion, signe que le Midrach ( Yalqout Chimoni ) associe à la soif d’eau ressentie par la terre en automne après la sécheresse des mois d’été.

Le Midrach Tan’houma, texte de la Loi orale,  explique comme suit cette corrélation :

Celui qui ne se repent pas déchoit jusqu’au plus bas de la condition humaine, à l’instar du scorpion qui rampe sur le sol ou qui croupit dans les ronces, tandis que celui dont le repentir a été sincère est comme une flèche lancée par un archer, c’est-à-dire comme le Sagittaire, signe qui correspond au mois de kislèv .

Après le mois de tichri , pendant lequel nous ont été offertes les plus grandes possibilités de repentir, vient celui de ‘hechwan qui peut nous faire rétrograder plus bas qu’avant le jugement. C’est pourquoi la tâche qui a été dévolue à ce mois consiste à déterminer ce qu’a été l’expérience personnelle de chacun et de déterminer comment l’améliorer, après quoi viendra kislèv qui témoignera de notre épanouissement.

Un autre regard sur le mois de ‘hechwan consiste à relier son nom à son anagramme partiel na’hach , qui est celui du serpent tentateur ( Berèchith  3, 1), dont la morsure peut être mortelle.

Peut-être est-ce pour cette raison qu’on l’appelle parfois mar’hechwan , le préfixe mar étant significatif d’une amertume.

Le mois de ‘hechwan est le seul des mois de l’année auquel ne sont associées ni fêtes ni mitswoth spéciales, raison pour laquelle il sera un jour, selon certains, réservé à une fête en l’honneur du Messie.

On ne trouve qu’une seule fois, dans tout le Tanakh , un équivalent hébraïque au nom de ‘hechwan  : « Et la onzième année, au mois de boul , qui est le huitième mois, la maison [de Hachem ] fut achevée dans toutes ses parties et selon toute l’ordonnance à son égard. [Salomon] l’avait bâtie en sept ans » (I Rois 6, 38).

Ce nom de boul est associé par certains auteurs (Voir notamment Radaq ad loc .) au mot «  maboul  » (déluge »), comme pour indiquer que ce mois est celui où tombent les premières pluies torrentielles de l’automne.

Et d’ailleurs, nous apprend le Yalqout chim’oni ( Berèchith  7, 54), c’est le 17 ‘hechwan qu’a commencé le déluge.

Voilà pourquoi, comme nous l’apprend la Michna ( Ta?anith  1, 4), c’est à cette date que l’on commençait, à l’époque talmudique, en cas de sécheresse, de jeûner pour que tombe la pluie.

C’est aussi en ‘hechwan , le 7 de ce mois, que l’on commence en Erets Yisraël de réciter la prière we-tèn tal ou-matar. 

Cette date avait été fixée, à l’origine, pour donner aux pèlerins venus à Jérusalem pour la fête de Soukoth , le temps de rentrer chez eux sans être incommodés par des pluies inopportunes..

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Jacques KOHN zal’

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