DeVaRiM: Rappel les lois de la Torah par Moïse (vidéo)

Voici que nous atteignons le 9 beAv avec la sidra de Devarim (Deutéronome), le cinquième Livre de la Torah.
Ce livre est presque entièrement constitué par un seul grand discours prononcé par Moïse avant sa mort, aux portes mêmes de la Terre promise. Dans ce long exposé, Moise a répété un certain nombre de lois de la Torah – dont les Dix commandements.
Mais il a tenu aussi à rappeler plusieurs épisodes importants de l’histoire du peuple d’Israël depuis la sortie d’Egypte. Pourquoi Moïse a-t-il jugé bon de haranguer si longuement le peuple d’Israël avant sa mort et, surtout, de reprendre une deuxième fois un grand nombre de lois ?
Certes il y a le fait, tout d’abord, que l’on était maintenant quarante ans après la sortie d’Egypte et la Révélation. Toute une génération était morte pendant la traversée du désert. Ceux qui s’apprêtaient actuellement à franchir le Jourdain étaient les enfants de ceux qui avaient écouté les mauvais conseils des explorateurs.
II était donc indiqué qu’on leur rappelât les lois essentielles de la Torah qu’il avaient eu le temps d’oublier entre temps.
Mais, en réalité, il y a bien plus. Avant de quitter pour toujours ce peuple qu’il avait mené dans de si dures conditions, Moïse veut lui donner, en passant, une dernière leçon. Il tient à lui faire comprendre que la parole de Dieu est si vaste qu’on ne la possède jamais suffisamment, qu’il faut toujours et encore l’étudier à nouveau pour mieux la saisir et l’approfondir. Jamais on ne peut dire qu’on la connaît complètement.
Voyez Moïse; il avait appris la Torah de Dieu lui-même sur le Mont Sinaï, il l’avait enseignée tant et tant de fois au peuple pendant son séjour dans le désert.
Qui donc mieux que lui pouvait se vanter de connaître véritablement le message divin ? Et pourtant, à la veille de sa mort, il a tenu à répéter la parole de Dieu comme pour mieux s’en pénétrer encore et en dégager l’essence.
Combien plus, devons-nous, de notre côté, étudier et répéter continuellement le message de Dieu pour être à même d’en faire véritablement le guide de toute notre existence.

LE RABBIN JEAN SCHWARZ

« Je donnai alors à vos juges les instructions suivantes: « Ecoutez également tous vos frères et prononcez équitablement (tsedek) entre (bein) chacun et son frère, entre chacun et l’étranger. Ne faites point en justice acception de personne; donnez audience au petit comme au grand, ne craignez qui ce soit car la justice est à Dieu ! Que si une affaire est trop difficile pour vous (ykché mikem), déférez la à moi (takriboun) et j’en prendrai connaissance » Dt, 1, 16, 17. Traduction du Rabbinat.
Ces prescriptions concernant l’exercice de la justice sont capitales. Elles font suite à l’observation de Moïse selon lequel le peuple libéré d’Égypte est devenu un peuple nombreux, vivace mais qui doit être intiment régulé. La justice devient la forme supérieure de cette régulation vitale.
Dans un peuple libre, et du fait même de cette liberté, il est impossible que des différents ne surgissent pas, que des conflits ne se fassent pas jour. Il ne faut surtout pas en réprimer les manifestations.
Une fois celles-ci produites, il importe surtout de leur trouver une issue qui non seulement ménage le principe de fraternité inhérent à ce peuple mais qui le renforce.
La mise en place d’institutions spécifiques est destinée à atteindre le mieux possible cet objectif.
La description de l’organisation du peuple d’Israël n’a pas pour but d’en détailler la hiérarchie externe mais au contraire de souligner sa plus grande proximité quotidienne avec chaque Bnei Israël.
Les différents et les conflits, pour ne pas parler d’affrontements, sont à la fois cause et effet d’un trouble de la parole lorsqu’elle excède ce que l’on ressent, qu’elle ne trouve plus les mots pour le dire. Colère et mutisme comprimés peuvent conduire aux pires extrémités.
C’est pourquoi s’agissant de la conception même de la justice, celle-ci est formulée prioritairement en termes d’écoute.
Le juge n’est pas ce magistrat armé de la loi comme d’une trique. Il est d’abord et avant tout un reconstituant de la parole interhumaine.
Dans un conflit, chacun n’entend plus que soi et s’avère incapable d’écouter autrui. Par sa fonction, le juge, à la fois dayan et chophet, doit rétablir une capacité d’écoute à nouveau réciproque et bilatérale.
C’est pourquoi un mot apparemment anodin, le mot « entre » (bein) est décisif puisqu’il désigne, au lieu de la mêlée confuse du conflit, le rétablissement d’un espace-temps permettant à la parole de l’un et de l’autre de s’exprimer enfin, de sorte qu’elle fût entendue.
De ce point de vue, il y va du juge comme du médecin qui devant une hémorragie – en l’occurrence une hémorragie de colère – doit avant tout la faire cesser, placer s’il le faut un garrot, en attendant que la circulation du sang reprenne son cours normal.
C’est pourquoi aussi le juge ne doit faire acception de personne, ni entre le citoyen et l’étranger, ni en fonction de critère sociaux car il est possible que ces différenciations elles mêmes aient été à l’origine d’un conflit désormais infecté.
En ce sens, la notion de tsédek devient bien plus large que celle d’équité. Pour le juge, juger consiste non pas à rétablir un statu quo ante mais littéralement à recréer une relation interhumaine.
On comprend mieux alors pourquoi la notion de jugement est référée non à une instance sociale, serait-elle la plus éminente, mais directement à Dieu en tant que Créateur.
Rendre la justice équivaut à poursuivre l’oeuvre de la Création proprement dite. Le cours de la Création est imprévisible et débordera toujours les cadres d’une pensée prédéterminée.
D’où la mention de ces « cas difficiles » qui illustrent l’une des problématiques les plus stimulantes de la théorie contemporaine du droit.
Lorsqu’un cas judiciaire s’avère d’une complexité telle qu’il semble outre-passer les ressources juridictionnelles actuellement disponibles de la collectivité humaine formée par les « sortis d’Égypte », au lieu de refuser de juger le magistrat devra en donner connaissance à Moïse, littéralement « l’approcher de lui » comme s’il s’agissait de l’accomplissement d’un sacrifice, d’un KoRBaN, d’une liturgie de renouement.
Dans ce cas il appartiendra à Moïse non pas exactement « d’en prendre connaissance « (le mot daât n’est pas employé) mais de l’écouter, de l’ausculter encore plus attentivement.
Car ce qui fait la difficulté d’un tel cas, c’est probablement sa teneur en passion qui déborde ce qu’un juge du rang est en mesure à son niveau d’en écouter et d’en comprendre.
Toute la formation du juge consister à affiner sa capacité d’écoute conciliatrice.
C’est en ce sens qu’il se rapproche du psychanalyste, lequel en effet est capable d’entendre ce qu’une oreille ordinaire ne saurait habituellement déceler pour in fine privilégier l’expression de la pulsion de vie.

 Raphaël  Draï Z’l

 

 

 

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David

La terre n’appartient à personne nous ne sommes que des locataires elle appartient au créateur qui a réservé un petit coin de terre seulement à son peuple n’en déplaise à plusieurs .Les juifs sont revenus sur le territoire de leurs ancêtres et ils resteront jusqu’à la venue prochaine du messie .