Le 9 novembre 1938, quinzième anniversaire du putsch manqué de Munich, est déclenchée la Nuit de Cristal, une vaste opération préméditée de violences antisémites.

 

Rappel historique: Les premières mesures antisémites

Dès 1933, en Allemagne, des mesures antisémites sont mises en œuvre. Tout en s’intensifiant, les persécutions antijuives se multiplient. On peut distinguer trois périodes d’inégale intensité, qui s’organisent en crescendo.

De 1933 à 1935, la législation antisémite est dite modérée.

De 1936 à 1937, il y a un certain répit, dans le contexte de l’organisation et du déroulement des Jeux Olympiques de Berlin.

Enfin, l’année 1938 voit la reprise et l’intensification des persécutions physiques.

La Nuit de Cristal: le déroulement des faits

Le 6 novembre 1938, un jeune Juif de dix-sept ans, Hershel Grynspan, dont la famille vient d’être expulsée, se rend chez un conseiller de l’ambassade d’Allemagne à Paris, Ernest Von Rath, et le blesse mortellement.

Le temps des persécutions physiques va commencer : la nuit de Cristal (9-10 novembre 1938), ou du « bris de verre », constitue une étape importante dans ce processus.

Le 9 novembre 1938, quinzième anniversaire du putsch manqué de Munich, est déclenchée une violente opération de représailles.

Les vitres des magasins sont brisées, les propriétés, les appartements, mais aussi les synagogues, les divers édifices culturels, les hôpitaux, les orphelinats appartenant à des individus ou à des collectivités juives, sont systématiquement saccagés, pillés, incendiés sur tout le territoire.

La Grande Synagogue de Berlin est incendiée

À ces actes de vandalisme s’adjoignent des brutalités commises sur les personnes, brutalités entraînant souvent la mort : des familles surprises en plein sommeil sont froidement assassinées.

Des arrestations sont opérées : environ trente mille personnes sont incarcérées avant d’être dirigées vers les camps de Dachau, Buchenwald et Sachenhausen.

Le 12 novembre 1938, Goering convoque un conseil spécial chargé de dresser le bilan ; près de mille magasins ont été démolis, ainsi que trente entrepôts et autant de petites fabriques ; deux mille maisons ont été incendiées tout comme cent quatre-vingt-quatorze synagogues ; beaucoup de Juifs ont été arrêtés, une grande partie d’entre eux est maintenant internée dans les camps.

Plusieurs centaines de personnes ont été tuées. Afin de parfaire son œuvre, Goebbels propose de faire démolir par les Juifs eux-mêmes les quelques synagogues d’Allemagne qui n’ont pas été touchées.

La communauté juive d’Allemagne doit payer une amende d’un million deux cent cinquante mille reichsmarks pour payer les dégâts.

Ces violences seront présentées comme une manifestation populaire spontanée, mais il s’agit en réalité d’une opération commanditée par Goebbels.

La politique antisémite s’intensifie

Désormais, plus rien ne retient les nazis dans la voie de la persécution. La vague d’émigration s’accentue.

Fin novembre paraissent de nouvelles ordonnances : les Juifs n’ont plus le droit de pénétrer dans les théâtres, les cinémas, les salles de concert, les cirques, les expositions, les plages, les stations estivales et les jardins publics.

Les enfants ne peuvent plus fréquenter les écoles allemandes.

Au cours de l’année 1939, les mailles du filet se resserrent encore. Au mois de janvier, un bureau central du Reich pour l’émigration juive est créé à Berlin. Les nazis inondent les états voisins de réfugiés.

Leur but est triple : créer par l’afflux des populations rejetées des situations économiques difficiles dans les pays en cours d’annexion, intensifier l’antisémitisme par l’arrivée massive de réfugiés déversés partout dans les pires conditions et, enfin acculer le Royaume Uni à prendre des mesures draconiennes contre l’immigration juive en Palestine.

Toutefois, l’émigration ne constitue plus aux yeux des dirigeants nazis la solution de la question juive. Selon Goering : « La question juive ne sera pas résolue, lorsque le dernier Juif aura quitté le sol allemand « .

Le but de l’action allemande est une « future solution internationale de la question juive, qui ne serait pas inspirée par une fausse pitié pour la minorité religieuse pourchassée mais qui serait dictée par la mûre compréhension de toutes les nations au sujet du danger que représente le judaïsme pour l’existence nationale des peuples».

Le 30 janvier 1939, à l’occasion du sixième anniversaire de son avènement au pouvoir, Hitler annonce au Reichstag la Solution finale en Europe. Il déclare la « guerre » aux Juifs : « Je le prophétise, une nouvelle guerre mondiale signifierait l’extermination des communautés juives en Europe. »

Le 4 juillet 1939, est constituée une Union des Juifs du Reich placée sous la surveillance du Ministère de l’intérieur et de la police à laquelle doivent obligatoirement appartenir tous les Juifs résidant en Allemagne quelle que soit leur nationalité.

HG

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