Le pays arabe le plus puissant aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, mène la bataille des sunnites contre une prise de contrôle iranienne du Moyen-Orient.
Une fois que le ‘monstre noir’ Daesh aura été éradiqué de la région, le ‘monstre jaune’ Hezbollah deviendra l’organisation terroriste islamique la plus grande et la plus dangereuse au monde, recevant ses ordres directement de Téhéran. C’est inacceptable pour les Saoudiens.
L’Arabie Saoudite a déclaré la guerre au Hezbollah, non pas par amour pour Israël mais pour sa haine de l’Iran. Pas un jour ne s’est écoulé ces derniers mois sans que la presse saoudienne n’attaque l’organisation libanaise et son leader, Hassan Nasrallah.
Une ligne rouge a été franchie la semaine dernière, en ce qui concerne les Saoudiens, lorsque les rebelles houthis au Yémen ont tiré un missile sur Riyad, la capitale saoudienne.. Qu’est-ce que le Hezbollah a à voir avec les Houthis? Le Liban et l’Arabie Saoudite n’ont pas de frontière commune, et l’organisation chiite menace Israël, pas le royaume saoudien. Alors pourquoi l’Arabie Saoudite est-elle si déterminée à détruire l’organisation libanaise?
Le Hezbollah est partout en Syrie

 

Croire que le Hezbollah s’est principalement déployé en Syrie occidentale pour défendre la frontière libanaise, est erroné. Les images publiées jeudi matin révèlent le dessous des cartes de la guerre en Syrie: Le journal al-Mayadeen a publié des photos de débordements « joyeux » de combattants irakiens et syriens à la frontière entre les deux pays après la conquête de la ville d’al-Bukamal dans le gouvernorat de Deir al-Zour. Le titre de l’article, « Rétablir les frontières à leur état antérieur avant Daesh » est trompeur. Car il ne s’agit pas de ça du tout.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les combattants qui posent pour la photo ne sont pas des soldats des armées syrienne et irakienne. Ils agitent des drapeaux du Hezbollah et de l’organisation chiite al-Hashd al-Shaabi (Forces de mobilisation populaire). En d’autres termes, les combattants qui se rencontrent là et célèbrent leur «victoire» appartiennent en réalité à deux milices contrôlées par l’Iran. C’est la réalité à laquelle le monde arabe sunnite est confronté en ce moment. La bataille sunnite contre la prise de contrôle iranienne du Moyen-Orient est menée par le royaume saoudien, qui est aujourd’hui le pays arabe le plus fort économiquement et militairement.

Le Hezbollah au Yemen

Il y a environ un an et demi, l’Arabie saoudite a déclaré la guerre aux Houthis chiites soutenus par l’Iran au Yémen, suite à leur tentative de prendre le contrôle du pays. L’Arabie saoudite prétend protéger les navires qui transitent par les ports du Yémen afin  d’empêcher l’Iran de contrôler 10% du commerce mondial qui passa par la ville portuaire d’Aden et le détroit de Bab-el-Mandeb.  Il y a environ un an, des sources saoudiennes et des sources qatariennes (avant leur conflit avec l’Arabie saoudite) avaient révélé que le Hezbollah offrait non seulement un soutien idéologique et des moyens de communication aux Houthis au Yémen, mais les aidait aussi avec des conseils et une formation de leurs troupes par des combattants du Hezbollah.

Hassan Nasrallah. Hezbollah is training the Shiite Houthi rebels in Yemen and offering them advice

Il y a quelques jours, les Houthis ont démontré l’augmentation de la portée de leurs missiles en tirant un missile sur la capitale saoudienne de Riyad. Il y a environ un an, les Houthis ont tiré un missile sur le site le plus sacré de l’Islam, La Mecque. Dans la vidéo documentant l’attaque de Riyad, on entend les lanceurs de missiles scander le slogan Houthi: « Mort aux Juifs, victoire à l’Islam ».

Les liens du Hezbollah avec les Houthis sont tactiques, religieux et idéologiques. Ils sont tous les deux des satellites de l’Iran et ils coopèrent. Selon l’Arabie saoudite, le Hezbollah coopère également avec l’organisation irakienne al-Hashd al-Shaabi et avec d’autres organisations chiites subversives dans le monde arabe, comme l’opposition chiite à Bahreïn (un pays sunnite pro-saoudien où les chiites représentent 60% de la population).

Les Saoudiens n’ont que faire de la menace que le Hezbollah fait peser sur Israël. L’hostilité des Saoudiens envers l’organisation chiite est liée à la crainte d’une expansion du Hezbollah sur la Syrie et le Liban.The missile fired at Riyadh by the Houthis in Yemen (Photo: Reuters)

En 2015, le régime syrien était sur le point de s’effondrer grâce au soutien saoudien et qatari aux organisations de l’opposition sunnite. Mais l’intervention russe de cette année a renversé la tendance. Après l’élimination des rebelles modérés et du Front al-Nosra en Syrie occidentale, et le rétrécissement significatif de l’Etat islamique (EI) dans l’est de la Syrie, le vide créé a été comblé par l’armée de Bashar Assad, les partisans du régime syrien, mais également les milices chiites iraniennes qui aident le régime d’Assad, dirigé par le Hezbollah.

Le territoire qui préoccupe le plus Israël se sont les hauteurs du Golan, où les Iraniens cherchent à recruter les Druzes et les chrétiens (par exemple, les cellules de Mughniyah et de Kuntar, qui ont été assassinées ces dernières années). Les Saoudiens, cependant, sont globalement plus préoccupés par la prise de contrôle de l’organisation de la région entière.

Hariri ne fait que dire la vérité vraie

L’annonce de la démission du Premier ministre libanais Saad al-Hariri samedi dernier, lors d’une visite en Arabie saoudite, a surpris le peuple libanais. Ce qui les a le plus surpris a été la déclaration publique de Hariri, dans laquelle il a dit tout ce que pensent les Libanais tout bas mais qu’ils craignent d’exprimer à voix haute : le Hezbollah contrôle le Liban, et le rôle du Premier ministre et du Parlement est nul. En d’autres termes, le Liban est un pays sous occupation iranienne.

Hariri, comme son collègue Druze, Walid Joumblatt, ont dû avaler des couleuvres pendant de nombreuses années. Hariri a été obligé de serrer la main des hommes du Hezbollah, tachés du sang de son père assassiné, le Premier ministre libanais Rafic Hariri, afin de survivre et de regagner le poste de Premier ministre. Jumblatt a été contraint de se rendre à Damas il y a plusieurs décennies et de serrer la main de l’ancien président syrien Hafez Assad, qui a assassiné son père Kamal Jumblatt, afin de protéger le statut de la communauté druze au Liban.Resigning Lebanese Prime Minister Saad al-Hariri said what most Lebanese have been afraid to say, that their country is under Iranian occupation (Photo: AP)

La plupart des commentateurs arabes pensent que le moment choisi par Hariri pour annoncer sa démission, coïncide avec les informations que l’Arabie Saoudite a dooné au Premier ministre libanais – pas seulement celle du soutien du royaume pour lui et pour les sunnites du Liban mais aussi sur les mesures anti-Hezbollah que le le royaume envisage de prendre dans un proche avenir.

Le Hamas va-t-il devenir le Hezbollah de Gaza ?

Ce n’est pas par hasard si le président palestinien Mahmoud Abbas s’est rendu en Arabie saoudite immédiatement après la visite du Premier ministre libanais démissionnaire. Abbas s’est probablement rendu là-bas pour recevoir une aide économique de l’Arabie saoudite et discuter du danger qu’il y a à ce que le Hamas devienne « le Hezbollah des Palestiniens ».

Le Hamas s’est récemment rapproché de l’Iran et l’aide iranienne à l’organisation palestinienne a été reconsidérée. Les Saoudiens sont préoccupés par cette relation, car le Hamas pourrait devenir une autre aile iranienne à la frontière de l’allié de Riyad, l’Egypte. Le même slogan est maintenant proféré en choeur à la fois par le Hezbollah et le Hamas: « L’arme de makauma (résistance) ne doit pas être touchée ». Au Liban, personne n’oserait essayer de confisquer les armes du Hezbollah. La réconciliation palestinienne prendra également fin une fois que le Fatah aura tenté de confisquer les armes du Hamas.

Les tambours de la guerre se font déjà entendre

Le monstre noir, Daesh, est sur le point de disparaître de la carte, et l’Arabie Saoudite et ses alliés préparent maintenant la guerre contre le monstre jaune-Hezbollah. Après la disparition de l’État islamique, le Hezbollah se positionnera comme l’organisation terroriste islamique la plus grande et la plus dangereuse au monde.

Saudi King Salman with his son, Crown Prince Mohammad bin Salman (Photo: MCT)

Il sera plus facile pour l’Arabie Saoudite de mobiliser les États-Unis de l’ère Trump, car le président américain est déterminé à combattre l’Iran. Les Etats-Unis ont un compte à régler avec l’organisation chiite. Les Etats-Unis et la France n’ont pas oublié l’attaque du Hezbollah de 1983 contre les Marines américains à Beyrouth, qui a coûté la vie à 241 soldats américains et à 58 soldats français.

Toute menace à la vie de Hariri à son retour au Liban pourrait provoquer un embrasement régional. Le meurtre de son père en 2005 a entraîné des pressions internationales sur la Syrie et le retrait de son armée du Liban la même année. Et l’enquête sur le meurtre a mené jusqu’à des membres du Hezbollah. Les commentateurs du monde sunnite ont-ils raison de prédire que le Liban se retrouvera bientôt dans une situation de guerre?

Une coalition Anti-Hezbollah est-elle possible ?

Thamer al-Sabhan, ministre saoudien des affaires du Golfe, a évoqué il y a deux semaines la pertinence de mettre sur pied une coalition contre le Hezbollah, à l’instar de la coalition contre les Houthis et contre l’Etat islamique. Le moment serait opportun, car le Hezbollah est toujours au coude à coude dans la guerre en Syrie et devrait se battre sur plusieurs fronts. L’idée est probablement au menu des conversations entre l’Arabie saoudite, les États-Unis et l’axe des États sunnites modérés.

Saudi King Salman with Resigning Lebanese Prime Minister Saad al-Hariri (Photo: EPA)

Géographiquement, le Liban a une frontière avec la Syrie partout sauf au sud, où le pays du cèdre a une frontière avec Israël. Comme certains des pays qui devraient faire partie de la coalition n’ont aucun lien diplomatique avec Israël, ils seraient probablement favorables à une attaque par la mer. Mais ce n’est pas seulement une opération compliquée et difficile, elle pourrait également rencontrer l’opposition russe.

En outre, Israël paierait le plus lourd tribut à une telle guerre, car le Hezbollah répondrait probablement par un tir massif sur Israël. Nasrallah, qui est censé assumer le rôle de «l’adulte responsable», a annoncé dans les médias que les Libanais n’avaient rien à craindre et que la paix (autrement dit, la poursuite de l’occupation iranienne) serait maintenue au Liban.

Si la paix est maintenue, ce ne sera pas grâce à Nasrallah. Le Liban a survécu au printemps arabe parce que ce qui effraie le peuple libanais par-dessus tout c’est le spectre d’une guerre civile (après deux guerres civiles que le pays a traversées dans le passé).

 Aucune menace extérieure n’est à craindre non plus, à la lumière du commentaire du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi la semaine dernière, disant qu’il est contre une guerre au Liban. L’Egypte serait censée être le principal partenaire de l’Arabie saoudite dans la coalition anti-Hezbollah. Donc, tant que la coalition ne sera pas formée, les Saoudiens devront se contenter de la guerre traditionnelle dans laquelle ils ont excellé jusqu’à présent : la guerre économique.

Yaron Friedman – YNET  traductionhj JFORUM

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NirItshak

Que Bibi arrête de compter sur les autres pour régler la sécurité d’Israël, qu’il se rappel de M Begin ce n’est que par la guerre préventive que la sécurité est assurée et non par le statut quo ou tortiller .

[…] 15 novembre 201715 novembre 2017 jforum.fr Le pays arabe le plus puissant aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, mène la bataille des sunnites contre une prise de contrôle iranienne du Moyen-Orient. Une fois que le ‘monstre noir’ Daesh aura été éradiqué de la région, le ‘monstre jaune’ Hezbollah deviendra l’organisation terroriste islamique la plus grande et la plus dangereuse au monde, recevant ses ordres directement de Téhéran. C’est inacceptable pour les Saoudiens. Lire la suite sur jforum.fr […]

Aaron le Rachid

Non, je pense que l’action de l’Arabie Saoudite est un pari, en jouant la carte Israël (le seul à posséder la bombe dans la région et qui ne laissera pas une 2e shoah se perpétrer) est un pari gagnant, parce qu’ils ont un ennemi commun : le hezbollah pour Israël, le chiisme pour l’Arabie.
Avec les Sunnites, Israël peut discuter, jamais avec les Chiites qui sont des fanatiques.
D’ici peu, nous aurons la guerre, elle sera portée au Liban contre le hezbo sur le terrain et l’Iran par l’aviation, et les Saoudiens sur le terrain en direction de l’Iran avec les Sunnites Irakiens et peut être jordaniens
La Syrie ne bougera pas, elle est exangue