Israël s’appuierait sur l’aide aux Syriens, grâce à des groupes rebelles ralliés pour assécher le marigot terroriste (Daesh, Iran) à ses frontières,

jusqu’à 40 km (Hama, Idlib).

La source est un site « d’investigation en ligne » : Intercept, qui se veut indépendant. C’est un magazine en ligne créé par Glenn Greenwald, Jeremy Scahill et Laura Poitras. Lancé en février 2014 par l’organisation First Look Media, il est financé par Pierre Omidyar, entrepreneur franco-américano-iranien fondateur d’eBay. On peut  le situer dans la mouvance Wikileaks- Assange, de « lanceurs d’alerte », qui, parfois, recoupe les intérêts de pays-tiers comme la Russie, l’Iran, au nom des meilleurs principes de « transparence ».

Israel Seeks To Use Free Syrian Army To Establish 40km Deep 'Safe Zone' In Southern Syria – Report

Par Intercept, cliquez pour voir la carte en grand

 

Selon Intercept, Israël emploie plusieurs groupes issus de l’Armée Syrienne Libre (ASL) dans un plan en trois phases destiné à imposer la fameuse « zone de sécurité » d’une profondeur de 40km que l’Etat hébreu n’a pas réussi à négocier avec Moscou et Washington, lors des discussions sur les « zones de non-agression » ou « de déconfliction ».

Selon ce reportage, Israël a déjà accompli la première phase de son plan et travaille actuellement avec différentes ONG israéliennes et américaines, afin de réaliser la deuxième phase. Le but de cet effort est de repousser l’influence des forces du Hezbollah libanais et des milices pro-iraniennes [évaluées à 82.000 hommes sur l’ensemble de la Syrie, dont 3.000 Gardiens de la Révolution Iranienne, selon l’Ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon], à une distance de 40 km de la frontière israélienne. Un commandant anonyme des forces de l’ASL aurait déclaré à Intercept qu’Israël veut même repousser ces forces « aussi loin qu’Hama ».

Selon une source au sein de l’armée régulière d’Assad, un petit groupe d’officiers des renseignements et de l’armée israélienne se sont infiltrés dans l’arrière-pays de Dera’a [dans le triangle frontalier entre la Syrie, la Jordanie et Israël] pour y rencontrer les commandants de deux groupes de l’ASL :  Liwa Jaydour et Jaysh al-Ababil.

En septembre 2017, une autre réunion secrète entre des représentants israéliens et des commandants de Liwa Jaydour, des Fursan al-Joulan [Chevaliers du Golan, groupe plusieurs fois signalés dans les zones-tampons entre Tsahal et Daesh, ou le Hezbollah] et le Front Révolutionnaire Syrien, aurait eu lieu dans la ville frontalière de Rafid, dans l’arrière-pays du sud de Quneitra, toujours selon Intercept.

Abu Amad, un militant de l’opposition syrienne, a confirmé à Intercept que plusieurs groupes rebelles de l’ASL du sud de la Syrie continueraient de recevoir des armes et des financements de la partie israélienne, en particulier depuis que le Centre des Opérations Militaires (ou MOC) à Amman, en Jordanie, a suspendu son soutien militaire aux groupes de l’ASL.

“La Jordanie a arrêté de leur envoyer des armes, et donc, plutôt que de se rendre, ils se sont tournés vers Israël,” déclare Abu Ahmad à the Intercept.

Intercept révèle également que l’armée israélienne aurait commencé à entraîner et équiper une force de Police des Frontières [plus modeste que celle prévue par les Etats-Unis] d’au moins 500 combattants des Chevaliers du Golan (Fursan al-Joulan), pour les préparer à la deuxième phase du plan de zone de sécurité israélien. Cette force  frontalière prévoit de patrouiller le long de la ligne de séparation des forces, allant du sud  de la ville druze de Hader, sous le contrôle du gouvernement syrien d’Assad, et traversant les villes contrôlées par l’ASL de Jabata Khashab, Bir Ajam, Hamadiyah, et Quneitra, tout droit jusqu’à Rafid, dans l’arrière-pays au sud de Quneitra, selon ce reportage.

Une vidéo récemment diffusée par l’Agence de presse SMART montrait un groupe basé à Dera’a, la Division, utiliser des roquettes que certains sites ont prétendu reconnaître comme provenant d’Israël.

Ce n’est pas la première fois qu’on décèle une coordination entre Tsahal et des groupes de l’ASL dans le sud syrien le site d’opposition syrienne Enab Baladi révélait que l’ASL et Tsahal se préparaient à une attaque contre le groupe local de Daesh, l’Armée Khalid ibn al-Walid dans l’arrière-pays de Dera’a. Les drones d’observation de Tsahal aiguilleraient alors l’offensive des rebelles contre les djihadistes.

Plusieurs sites d’opposition aurait situé le calendrier de cette supposée attaque conjointe vers la fin janvier. Intercept prétend aussi que cela ferait partie du plan israélien de zone de sécurité, ce qui serait logique, car qui aimerait avoir Daesh comme voisin de palier?

Israël pourrait épauler ces groupes de l’ASL dans le sud de la Syrie pour éliminer la menace de Daesh dans l’arrière-pays de Dera’a, dont la présence n’a de sens que pour servir de plaque tournante entre Damas, les groupes refluant du Nord-Est (Raqqa) ou réinstallés par le Hezbollah dans le secteur d’Idlib, et les bases de repli du Nord Sinaï, cherchant à prendre en étau l’armée égyptienne et le sud d’Israël par Gaza et son réseau de tunnels. Actuellement, l’armée syrienne -dont les contingents sont à 80% fournis par les milices chiites-  contrôlerait environ 50% de la ville même de Dera’a et certaines portions de la région.

On a fréquemment entendu des critiques de la part d’experts militaires, affirmant, avec prudence, qu’Israël serait le seul acteur important dans le voisinage de la Syrie, à ne pas participer à cette guerre civile et à ne pas se projeter dans l’après-guerre, censée mener à une redéfinition des enjeux et des sphères d’influence. Cet article, même en exagérant le tableau, tend à laisser entendre qu’Israël travaille aussi en coulisse pour contrer la présence de forces hostiles, qui elles, avancent ouvertement. La question même de la souveraineté syrienne ne sera tranchée que par ses parrains : la Russie et l’Iran. Des pays-tiers comme la Turquie, tâchent depuis août 2016, de se tailler la part du lion, dans la région nord-est, essentiellement au détriment des Kurdes, principaux vainqueurs contre Daesh. Les négociations, -apparemment « stériles » avec Moscou promettant, du bout des lèvres, de tenir l’Iran et le Hezbollah à bonne distance (5 à 10, parfois 20 km) et les récentes déclarations américaines, affirmant qu’après la victoire  (relative) sur Daesh, les bases américaines au Kurdistan de Rojava et à Al Tanf, dans le Sud syrien et proche de la « zone d »influence israélienne » ici suggérée- se traduirait ici par une sorte de « blanc-seing » : il permettrait à Israël de réaliser lui-même la réponse à ses propres besoins sécuritaires, une fois ces négociations annoncées comme « infructueuses », parce que Moscou ne peut ni ne veut froisser ses alliés.

Israël agirait donc sur deux plans :

  • une aide militaire légère (obus de mortiers, quelques M16…), mais riche en renseignements
  • Une aide humanitaire assurant le mieux-être d’une partie accessible de la population du Sud-Syrien lui permettant de se passer de celle des Russes ou/et des Iraniens…

Amaliah est ainsi une ONG fondée par l’homme d’affaires israélo-américain Moti Kahana, impliquée d’abord à Quneitra, dans ce qu’il restait de la zone d’observation et de sécurité des Nations-Unies entre le Golan israélien libéré et sécurisé et le territoire de la « jungle » syrienne, depuis 2016.

Ce groupe à vocation humanitaire travaille à présent avec des partenaires locaux à Dera’a, cherchant à étendre sa mission de création de zone sécurisée plus loin en Syrie. Bien que la plupart des projets d’Amaliah sont basés dans le sud, Kahana dit ne pas être étranger à la région du nord conrrôlée par l’opposition syrienne. Certains reportages médiatiques (israéliens : Makorishon.co.il) ont illustré l’action salutaire d’Amaliah dans l’établissement d’une école dans la ville d’Idlib détenue par l’opposition.

« Quand j’ai commencé à aider les Syriens vers la fin 2011, j’i commencé à Idlib », dit Kahana. « Cela a pris longtemps avant que mon rôle ne soit reconnu publiquement dans le nord. Personne ne voulait être associé avec un Israélien ».

Quand des informations ont circulé sur cette école,les militants de l’opposition à Idlib ont démenti toute implication israélienne dans le secteur, et l’école a également contacté à Kahana, en lui demandant de démentir toute implication, dit-il.

« Ils étaient effrayés, à cause des réactions d’Al-Nusra (devenu Hay’at Tahrir al-Sham (« Organisation pour la Libération du Levant »), puisque c’est ce groupe djihadiste qui domine la région », déclare Kahana. « Mais à présent, c’est l’école qui me demande de dire que j’y suis impliqué, avec l’espoir que cela stoppera les bombardements russes dans la zone »…

Pendant ce temps, dans le sud, Amaliah, en partenariat avec les autorités israéliennes est en mesure de travailler, relativement sans entraves, avec les conseils de l’opposition locale, ce qui débouche sur ce que Kahana décrit comme la mise en place réussie et complète de la « phase un » de cette zone de sécurité – une zone s’étendant sur une dizaine de km de profondeur en territoire syrien, où les ONG et le personnel de l’armée israélienne son en mesure d’opérer.

« Dans le sud, c’est plus facile » selon Kahana. « Je reçois des listes de l’intérieur (de cette zone) et les Israéliens également, viennent vers moi avec des requêtes. C’est un peu plus facile pour moi, parce que les Israéliens sont engagés et ils connaissent très bien les locaux, ils leurs parlent déjà depuis longtemps. Même si je reçois la liste (de besoins) de l’intérieur, je la communique également aux Israéliens parce qu’ils savent pertinemment ce qu’il en est ».

Actuellement, Israël serait occupé à travailler à l’instauration de la seconde phase de cette zone de sécurité, avec son expansion dans la province de Dera’a, selon Kahana.

« Je peux dire que oui », répond Kahana à la question de l’expansion de cette zone tampon. « Il y avait des questions politiques et culturelles de fond, parce Dera’a est une région où il est difficile de concevoir un partenariat avec les Israéliens », ajoute t-il, en citant des griefs et une animosité substantielle contre Israël, comme principal obstacle pour les groupes d’opposition et les civils résident dans le sud-ouest de la province. « C’était un peu difficile pour eux d’accepter un approvisionnement passant à travers la frontière israélienne et même, tout simplement, de travailler avec les Israéliens, mais j’ai dit aux groupes locaux de prendre en compte tout ce que nous avions pu réaliser dans la première phase de la zone de sécurité et de ses réussites ».

Kahana atteste qu’il a une bonne relation de travail avec plusieurs groupes locaux de l’opposition à Dera’a, ainsi qu’avec des ONG locales, comme Rahma Relief et des médecins locaux sur le terrain.

« Pour 2018, je veux établir deux écoles, une à Dera’a, une autre à Quneitra, ainsi que disposer d’un hôpital, construit et fonctionnel, à l’intérieur de Quneitra », dit Kahana, ajoutant que l’hôpital se fera en partenariat ave la Socéité Médicale Américano-Syrienne, une des ONG dominantes à composante Syro-américaine, qui travaille dans les zones contrôlées par l’opposition. « J’ai déjà commencé les vérifications nécessaires dans ce secteur ».

 

23 janvier 2018, 3:27 p.m.

theintercept.com

Adaptation : Marc Brzustowski (avec édulcoration des passages à connotations négatives, antisémites, ou de simple dénigrement politiquement orienté, faisant reposer l’essentiel de ce plan sur l’argent et le caractère « facile à corrompre » de la population et de l’opposition syrienne et mettant totalement en sourdine leur exaspération à l’égard du pouvoir d’Assad, et de ses alliés oppressifs iraniens et russes, par voie de bombardement. Le point de vue, ici, est de rappeler que l’influence militaire ou l’aide humanitaire israélienne vaut bien -et est même qualitativement supérieure – celle de n’importe quel acteur, comme la Russie, les Etats-Unis, ou actuellement, la Turquie )…

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