Alexis Corbière (LFI) a dénoncé mardi la réédition prévue, par Gallimard, des pamphlets antisémites de Céline, « de la littérature de merde », exhumée selon lui des « poubelles », et une forme « d’antisémitisme mondain » affaiblissant « toute possibilité de sanctionner d’autres tendances antisémites ».
Gallimard envisage de publier en mai 2018, sous le titre « Écrits polémiques », un volume rassemblant les textes antisémites et racistes de Louis-Ferdinand Céline: « Bagatelles pour un massacre », « L’école des cadavres » et « Les Beaux draps ».
« Il n’y a pas d’un côté l’antisémitisme des quartiers populaires qui doit être condamné, et l’antisémitisme mondain du Quartier latin, devant lequel, parce qu’il y a trois points d’exclamation et trois points de suspension, on doit dire +C’est fabuleux! », s’est indigné Alexis Corbière sur France Inter.
« Pourquoi aller chercher ça dans les poubelles de Céline », alors que l’auteur « s’était lui même opposé », de son vivant, à la réédition?, a demandé M. Corbière.
Alors que « d’autres ouvrages » de l’écrivain, comme « Voyage au bout de la nuit », « doivent être connus », ces pamphlets, « c’est de la littérature de merde, des glapissements antisémites », a-t-il tranché.
De plus, « Céline (…), c’est une ordure qui va continuer à écrire dans des journaux de Collaboration pendant la guerre en appelant au meurtre », a-t-il jugé.
En rééditant les pamphlets, « on affaiblit toute possibilité de sanctionner d’autres tendances antisémites », a aussi argué l’élu de Seine-saint-Denis, citant comme exemples l’essayiste Alain Soral et le polémiste Dieudonné.
« Il y a un coup éditorial que je n’approuve pas, une mode qui est en train de se mettre en place. On a réédité, dans sa totalité +Les décombres+ (de Lucien Rebatet), (…) et demain on va continuer… Pourquoi ne pas éditer +La France juive+ d’Edouard Drumont, (…) +Les Protocoles des sages de Sion+? On va me dire +il y a un appareil critique+, mais d’où vient l’intérêt », a-t-il protesté, dénonçant « un goût morbide ».
« Je ne suis pas pour interdire. Si on cherche ce genre de textes, on peut les trouver, chez des bouquinistes, sur internet », a assuré M. Corbière, refusant toutefois qu’une « grande maison d’édition » apporte « sa forme de caution, de banalisation, de généralisation de ces textes ».
Pour une fois qu’une personne de la France Insoumise a raison, on ne va pas se plaindre !
A la nuance près que l’antisémitisme de Céline n’a rien de « mondain », c’est carrément de l’appel au meurtre, et d’une violence rarement égalée.