Donald Trump a loué mardi 20 mars à la Maison-Blanche sa « grande amitié » avec le jeune prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, sans évoquer à aucun moment devant les caméras les points de friction avec le royaume sunnite, du Yémen au Qatar.

« La relation n’a probablement jamais été aussi bonne, nous nous comprenons l’un l’autre », a lancé le président américain, 71 ans, en recevant le nouvel homme fort du premier exportateur mondial de pétrole, 32 ans.

Déployant devant les journalistes présents dans le Bureau ovale de grands panneaux résumant, photos à l’appui, les ventes d’équipements militaires des Etats-Unis à l’Arabie saoudite, il a longuement insisté sur l’impact de ces dernières sur l’économie américaine. « L’Arabie saoudite est un pays très riche et vous allez j’espère donner une part de cette richesse aux Etats-Unis sous la forme d’emplois et d’achats du meilleur matériel militaire qui soit au monde ».

Avec ce passage dans le Bureau ovale, « MBS », nommé prince héritier en juin 2017 par son père le roi Salmane, entame une vaste offensive de charme qui le mènera à travers les Etats-Unis, d’Est en Ouest, pendant près de trois semaines. Dans une longue interview accordée à CBS diffusée juste avant son arrivée, il a peint une image idyllique d’un royaume en profonde transformation, attaché à l’égalité homme-femme, le respect des droits de l’homme ou encore le règne de la loi.

« Ne pas être envoûté par un roi en devenir »

Mais la purge anticorruption dans laquelle plusieurs princes du royaume ont été retenus dans le luxueux hôtel Ritz-Carlton de Ryad a suscité de réelles interrogations – dans le monde diplomatique comme économique – sur la façon dont le futur roi assoit son pouvoir.

« Il y a beaucoup de questions sur l’impact des détentions du Ritz sur la confiance des investisseurs », souligne Lori Plotkin Boghardt, ancienne analyste de la CIA qui travaille aujourd’hui au Washington Institute for Near East Policy.

La politique étrangère du prince héritier suscite aussi des crispations à Washington. Mettant en relief « la fascination » du magnat de l’immobilier pour les Saoudiens, les anciens diplomates Aaron David Miller et Richard Sokolsky ont exhorté ce dernier à la vigilance et l’exigence, dans une tribune publiée dans USA Today :

« Nous devrions saluer les réformes que MBS promet pour la société saoudienne […] mais nous ne devons pas être envoûtés par un roi en devenir dont les choix politiques très tranchés ne sont pas toujours alignés avec les nôtres ».

Le sommet que Washington espère organiser cette année à Camp David avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pourrait s’avérer difficile à concrétiser en l’absence de sortie de crise avec le Qatar.

Pas un mot sur le Yémen

La sanglante guerre civile au Yémen est un point de tension. Les combats entre les forces gouvernementales, appuyées par l’Arabie saoudite, et les Houthis, soutenus par l’Iran, ont fait près de 10.000 morts et mis le pays au bord de la famine. A Washington, le Sénat américain a rejeté mardi après-midi une résolution qui visait à mettre fin à l’assistance militaire des Etats-Unis à la coalition menée par Ryad.

L’initiative, réclamée par trois sénateurs de la majorité et de l’opposition unis pour l’occasion, aurait déclaré le soutien militaire américain à la coalition illégal, et conduit à son arrêt, en cas d’adoption similaire par la Chambre des représentants. Mais les sénateurs l’ont rejetée, par 55 voix contre 44, certains estimant la tentative bâclée tandis que d’autres jugeaient indispensable de continuer à soutenir l’Arabie saoudite face aux ambitions de Téhéran.

Seule allusion aux tensions passées avec l’Arabie saoudite, Donald Trump a martelé que les Etats-Unis avaient une « tolérance zéro sur le financement du terrorisme ». « Ce ne sera pas autorisé. C’est terminé », a-t-il martelé. Quinze des 19 auteurs des attentats du 11-Septembre étaient Saoudiens.

Après Washington, MBS se rendra à Boston puis à New York à la rencontre des milieux financiers. Il s’entretiendra aussi avec le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Il est ensuite attendu à partir du 30 mars sur la côte Ouest des Etats-Unis, à Los Angeles et San Francisco, auprès des géants des nouvelles technologies comme Google et Apple, du divertissement mais aussi de la défense comme Lockheed Martin. Il se rendra aussi à Seattle, berceau d’Amazon, et enfin, le 7 avril, à Houston à la rencontre de l’industrie pétrolière.

(Avec AFP)

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