Déni de réalité géopolitique : Trump s’oppose au grand Jérusalem

Sous la pression américaine, le gouvernement israélien a, le 29 octobre 2017, décidé de reporter le vote en Conseil des Ministres, du projet de loi sur le « Grand Jérusalem » qui prévoit d’intégrer les implantations de Maalé Adoumim (40 000 habitants), du  Goush Etzion (75 000 habitants), d’Efrat (10 000 habitants), de Beitar Illith (50 000 habitants) et Guivat Zeev (17 000 habitants) dans la circonscription de Jérusalem. En cas d’adoption du texte, la majorité juive serait renforcée dans la capitale éternelle israélienne qui compterait 800 000 habitants dont 330 000 palestiniens (les implantations conserveraient toutefois une autonomie partielle avec des conseils régionaux indépendants). Les implantations juives cesseraient alors d’être isolées et la Loi israélienne pourrait s’y appliquer pleinement.

Dans les faits, le projet d’extension des frontières municipales de Jérusalem a été proposé en 2007 par Yisrael Katz (Likoud), actuellement ministre dans le Gouvernement pour qui l’important est « d’assurer une majorité juive dans la ville unie ». Ce projet n’avait pas, en son temps, vu le jour, compte tenu de la nécessité de « ménager la susceptibilité internationale ». Il a, par la suite, été repensé avec le projet « Save Jewish Jerusalem » (lancé en 2016) qui a immédiatement obtenu le soutien de politiciens, d’universitaires et de nombreux israéliens soucieux de figer définitivement le caractère juif de Jérusalem.

Le projet prévoit, notamment, le déplacement de baraquements bédouins installés, sans autorisation, sur le couloir de la zone E1 reliant la ville de Jérusalem à Male Adoumim. Dans cette zone désertique (mais stratégique), seront aménagées de nouvelles implantations juives. En outre, la facilité des déplacements permettra l’expansion de l’implantation de Kfar Adumim et la construction du mur de séparation jusqu’à Maalé Adoumim.

Notons la mise en place progressive de ce projet, avec notamment l’approbation par les autorités israéliennes, de la construction de 176 logements dans l’implantation de Nof Zion (aménagée il y a six an dans le quartier de Jabel Moukaber) située entre la partie orientale de Jérusalem et la zone C de Cisjordanie.

Le projet de loi (qui doit être approuvé par la Knesset en lecture préliminaire avant trois autres lectures) a, naturellement, reçu un écho très favorable en Israël, notamment pour ce qu’il en est de la souveraineté sur les Lieux Saints du Judaïsme situés dans la vieille ville de Jérusalem : selon un sondage publié le 3 novembre 2017, 72% des israéliens juifs souhaitent qu’Israël y conserve un contrôle exclusif sur la vielle ville de Jérusalem, 68% considèrent (même) que les Juifs doivent être autorisés à prier sur le Mont du Temple, et, plus de 58% soutiennent l’initiative de Katz visant à élargir les limites municipales de Jérusalem pour y incorporer les principales implantations juives limitrophes, au sein d’une seule municipalité.

En revanche, le projet a suscité un tollé chez les palestiniens qui y voient une annexion de facto, par Israël, de grands blocs de territoires situés en zone C de Cisjordanie et, surtout, l’impossibilité d’établir la capitale de la Palestine dans la partie orientale de la vieille ville de Jérusalem (autrefois appelée Jérusalem Est), qui serait définitivement coupée des zone A (20% de la Cisjordanie) et B (20 % de la Cisjordanie) sur les quelles les palestiniens exercent une souveraineté intégrale (zone A) et partielle (zone B).

Le président palestinien Mahmoud Abbas considère la décision illégale et répète en boucle le mensonge international selon lequel les implantations situées en Cisjordanie (qu’il appelle « territoires palestiniens occupés ») seraient illégales au regard du Droit international. Aussi, a-t-il appelé Donald Trump « à intervenir immédiatement pour sauver le processus de paix en panne depuis trois ans ».

En réalité, le projet prévoit le transfert, à l’Autorité palestinienne, de quartiers importants situés (actuellement) dans les limites de la ville de Jérusalem, comprenant 100 000 palestiniens. Mahmoud Abbas pourrait donc très bien décider, dans le futur, d’y établir la capitale de l’Etat palestinien de Cisjordanie.

L’attitude du président américain reste néanmoins ambiguë : d’un côté, l’administration Trump essaie de rassurer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en lui assurant sa loyauté indéfectible et en mettant tout en œuvre pour préserver sa sécurité. Les Etats-Unis exercent également des pressions sur les institutions onusiennes comme l’Unesco ou le Conseil des Droits de l’Homme : l’ambassadeur Nikki Haley conteste les principes adoptés critiquant la présence israélienne en Cisjordanie (pourtant résultant des accord israélo palestinien d’Oslo).

Pour autant, Trump est, pour l’heure, opposé à cette incorporation des implantations juives dans le district de Jérusalem pour ne pas perturber ce qu’il appelle son plan de paix au Moyen Orient. Dans les grandes lignes, il serait demandé à Israël de cesser de construire en Cisjordanie, de faciliter la création d’un Etat palestinien en transférant à l’Autorité Palestinienne, le contrôle de nouveaux territoires en Cisjordanie. Pour sa part, l’Autorité Palestinienne reprendrait la coopération sécuritaire avec Israël, patienterait avant d’asseoir sa souveraineté sur un territoire donné et cesserait de rémunérer les familles de terroristes palestiniens.

Manifestement le Président Trump se méprend sur la réalité géopolitique voire, la dénie. La réalité géopolitique est la suivante :

– il n’y a pas de conflit israélo palestinien, juste une volonté pour les palestiniens de détruire Israël (raison pour laquelle Trempe se garde bien d’évoquer la situation des palestiniens de Gaza) : parler du « conflit israélo palestinien » est aussi absurde que faire état d’un « conflit judéo-nazi » au cours de la seconde guerre mondiale.

– les palestiniens ne veulent pas un morceau de terre de Cisjordanie, ils veulent l’ensemble du territoire de la Palestine mandataire : partager le territoire de la Palestine mandataire, est un peu comme si le Président américain avait proposé, en 1939, de partager l’Europe entre un Etat nazi et un Etat juif.

– tous les pays qui optent pour le droit à disposer d’eux-mêmes le font par référendum : il conviendrait, pour Donald Trump, qu’il suggère aux palestiniens d’organiser un tel scrutin et connaître le fond de leur pensée quant au principe d’une coexistence d’un Etat palestinien aux côtés d’un Etat juif (le premier responsable palestinien qui signerait un tel accord serait assassiné le lendemain).

– il n’appartient pas aux Etats-Unis d’organiser un partage territorial entre les Juifs et les palestiniens (qui sont manifestement incapables de s’autodéterminer idéologiquement, financièrement, intellectuellement et matériellement) mais aux intéressés eux-mêmes.

– la capitale éternelle d’Israël est indivisible. Certains quartiers, exclusivement habités par des résidents palestiniens, seront placés sous contrôle palestinien, si le détachement est géographiquement envisageable.

Rien donc ne sert, pour Donal Trump, de s’opposer au grand Jérusalem. La réalité géopolitique s’impose à lui comme à l’ensemble des Nations, unies ou pas.

 

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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Marie-France Legault

Depuis 1948 que ça ne fonctionne pas entre juifs et palestiniens.
La solution: le partage de la terre entre juifs et palestiniens.
Avant le vote aux Nations Unies, la paix existait entre les deux communautés.
Mais les juifs sont arrivés avec leurs « gros sabots » et ont bousculé les habitants
qui vivaient dans la fraternité et l’entente.
Ceux qui ont voté pour la formation de l’État d’Israël étaient loin des problèmes
occasionnés par la création de l’État d’Israël. Quand je suis allée en Israël en 1983,
je me suis aperçue que ça ne me dérangeait pas. Il y a un océan qui nous sépare. Le Canada est très loin des chicanes entre juifs et palestiniens…ça ne fait pas partie de notre vie quotidienne.

David Pasder

La sémantique est extrêmement importante.

« Les implantations de Maalé Adoumim, etc… ». Il n’y a pas « d’implantations » en Judée-Samarie, mais des villes et des villages régis par le droit israélien et en conformité avec le droit international (Cf. Cour de Cassation de Versailles, OLP vs Veolia, Alston, etc…)
« Palestiniens ». Il n’y a pas et il n’y a jamais eu de « Palestiniens arabes ». Il s’agit d’arabes migrants de travail transformés par le chef du KGB Evgeni Primakov, de son vrai nom … Yona Finkelstein, en « peuple » qui n’a jamais existé.
« Le président palestinien Mahmoud Abbas ». « Président » de quoi ? « Élu » il y a 12 ans pour un mandat de 4 ans.

Richard Rybinski

@ Paula Koiran,
installez un anti pub gratuit comme Adblock Plus par exemple, çàmarche très bien.

Dan

On peut comprendre votre démarche d’installer un anti-pub cependant JForum est un journal Indépendant et Gratuit, Jforum ne vit que grâce à la Pub et aux dons de ses lecteurs. En utilisant un anti-pub et en ne « jouant pas le jeu » vous contribuez à mettre Jforum en danger financièrement et peut-être qu’un jour ce média ne pourra plus exister gratuitement.

BERNARD Gilbert

Je pense que c’est un bon moyen, mais pas le seul; car ces gens-là n’écoutent que leurs sentiments et les options de guerre à outrance pour qu’ils la ferment. Donc ils continueront m^me sans dollars à exacerber leur haine structurelle.
Comme pour les propositions-plan récents, encore un truc humain, moins noir qu’obama mais aussi tordu en sous-entendus. Trump na pas dû lire entre les lignes, sinon il aurait stoppé ce simulacre. l’administration US est encore trop polluée par ses anciennes options.
Heureusment il y a un superviseur qui tient TOUT entre ses mains. Vois Psaume 2 ds Ecrits.
gilbert.bernard3@orange.fr évangélique français ami inconditionnel d’Israël

Paula Koiran

La publicité qui cache une partie des articles, et empêche de bien lire, donne envie de sopprimer le journal

Dan

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