Trump se dirige vers un sommet avec Rouhani. Israël s’en étonne, comme pris par surprise

Le président Donald Trump a déclaré mardi soir 31 juillet : «J’ai le sentiment qu’ils vont chercher à nous parler très bientôt. Et peut-être que non, mais c’est OK aussi. ». Ses propos résonnaient exactement comme ceux prononcés avant de rencontrer Kim Jong-un à Singapour le 7 juin. Israël, pris au dépourvu, a fait écho à l’assurance d’un« haut fonctionnaire américain » qu’il n’y a aucun changement dans la politique difficile contre l’Iran. « 

Ce revirement n’aurait pas dû constituer une surprise. Il s’est lancé dans cette voie, il y a deux mois. Le 7 juin, Trump a fait ce commentaire : « L’Iran est un endroit qui est devenu différent de ce qu’il était il y a deux mois, et nous verrons ce qui se passe au fur et à mesure. Et peut-être que, finalement, il se passera quelque chose (de positif) avec l’Iran. » À une autre occasion, il a déclaré : « L’Iran agit d’une manière très différente. Ils ne se projettent plus tellement en Méditerranée. Ils ne s’intéressent pas tellement à ce qui se passe en Syrie, à ce qui se passe au Yémen et dans beaucoup d’autres endroits. » (Propos très surprenants au vu de l’actualité). Puis, dans une large allusion à l’intention qu’il dévoile de plus en plus, il a déclaré : « Ce sont des groupes de dirigeants très différents les uns des autres (radicaux/ »modérés »). Et j’espère qu’à un moment donné, ils viendront à nous et nous nous essaierons (de nous parler). « 

Ce n’étaient pas des commentaires dénués de sens, spontanés et lancés à l’improviste, car les propos de Trump sont souvent traités à la légère par les médias, y compris ceux d’Israël, jusqu’à ce qu’ils reçoivent des mises au point officielles. Ils ont ouvert une fenêtre sur un processus diplomatique solide qui a commencé tranquillement à prendre de l’ampleur. Dès le début du mois de juin, des émissaires américains et iraniens ont tenu des pourparlers exploratoires grâce aux bons offices d’Oman. Les yeux et les oreilles des renseignements et des instances diplomatiques d’Israël sont passés à côté de ce qui se mettait en route, parce qu’ils tenaient pour acquis que l’administration Trump n’adopterait pas une initiative de cette envergure sans en informer Jérusalem.

Mais c’est, pourtant, exactement ce qui est arrivé. Israël aurait dû être alerté par les allées et venues du ministre des Affaires étrangères omanais Yusuf bin Alawi bin Abdullah entre Washington et Téhéran, et par la visite du ministre iranien des Affaires étrangères Muhamed Javad Zarif à Mascate début juillet. Les deux ministres ont été les fils conducteurs, au cours des deux années de diplomatie discrète, qui ont abouti à la signature par l’administration Obama de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran.

Le 30 juillet, DEBKAfile a révélé que de tels contacts étaient en cours, sous l’intitulé : « L’Iran explore secrètement les conditions de Trump pour négocier un nouvel accord nucléaire. » Le lendemain, Trump a déclaré ouvertement qu’il était prêt à rencontrer le président Hassan Rohani, sans conditions.

Pourtant, Jérusalem a été tellement surpris par ces nouvelles que ses officiels ont littéralement été frappés de mutisme pendant deux jours. Puis, mardi soir, un responsable israélien anonyme a fait une première déclaration laconique : « Les hauts responsables américains ont fait savoir à Israël qu’il n’y avait aucun changement dans la politique dure menée contre l’Iran. » Cette phrase, qui montre que Jérusalem est encore hors du coup quand il reçoit ces nouvelles, laisse trois questions encore sans réponse:

  1. L’administration Trump a-t-elle informé Israël du début des échanges diplomatiques secrets avec l’Iran pour la mise en place de négociations sur un pacte nucléaire amendé qui couvrirait également les missiles balistiques et d’autres questions? Ou est-ce que Jérusalem est restée dans le brouillard? Les sources de DEBKAfile pensent que le premier avertissement est venu de la Maison Blanche au plus tôt mardi soir, soit deux mois après le début du processus.
  2. Même cette seule phrase contenait une inexactitude. Le fait même que Trump soit prêt à s’asseoir avec Rouhani est en soi un changement de politique.
  3. Les négociations conduisent inévitablement les parties concernées à des changements de politique afin de parvenir à un terrain d’entente. Alors, que va faire le côté américain pour un accord?
    Dans le même temps, il convient de noter qu’étant donné la propension de Trump à aimer partager les sommets avec les adversaires des Etats-Unis, il n’a pas levé les lourdes sanctions américaines contre la Corée du Nord avant de rencontrer Kim à Singapour, ou contre la Russie avant de rencontrer le président Vladimir Poutine à Helsinki. Le processus amorcé avec l’Iran peut, ou non, se révéler différent.

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Adaptation : Marc Brzustowski

Trump heads for summit with Rouhani. Israel caught by surprise

 

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Masca38

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