Secrétaire d’Etat Tillerson : les « milices iraniennes » doivent quitter l’Irak

US State Secretary: 'Iranian Militias’ Must Leave Iraq

Le 22 octobre, le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a déclaré dans une conférence de presse conjointe avec le Ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Jubeir, dans la capitale saoudienne, Riyad, qu’il est temps pour « les milices iraniennes » qui combattent Daesh en Irak, de rentrer « chez elles », selon l’Agence Reuters.

Tillerson A déclaré :  « Les miliceS iraniennes présentes en Irak, maintenant que le combat contre Daesh arrive à son terme, ces milices doivent rentrer chez elles. Les combattants étrangers en Irak doivent rentrer chez eux et permettre au peuple irakien de reprendre le contrôle de leur pays » .

Il a aussi ajouté que tous ceux qui faisaient des affaires avec les Gardiens de la Révolution Iranienne ou leurs filiales commerciales, qu’il s’agisse de l’Union Européenne, de la France de Macron ou de conglomérats comme Total, etc., le faisaient à leurs risques et périls, eu égard aux nouvelles sanctions qui s’annoncent.

Selon Reuters, un responsable américain a expliqué que Tillerson faisait référence aux Unités de Mobilisation Populaire Irakienne (PMU) et aux Forces Quds iraniennes du Corps des Gardiens de la Révolution (CGRI) qui se considèrent comme chez eux en Irak, alors que les premières sont constituées essentiellement de Chiites irakiens, ce qui transforme automatiquement la déclaration de Tillerson en coup d’épée dans l’eau ou, c’est la même chose, en avertissement sans frais. Tillerson dispose donc, soit d’informations extrêmement restreintes voire fausses sur une situation qu’il ne comprend pas du tout, soit il s’agit d’une forme d’effet de manche à l’instention du Premier Ministre irakien, l’incitant à modifier progressivement son approche, considérée comme trop dangereusement pro-iranienne, notamment dans la crise de Kirkouk et lui ouvrant implicitement d’autres perspectives, à condition de cette prise de distance, et d’une incitation à démanteler ces milices, ce qui n’est pas près d’arriver…

Le Premier Ministre irakien Haider al-Abadi, était aussi en Arabie Saoudite au moment où Tillerson a fait sa déclaration un peu vide. C’était la première visite d’Al-Abadi en Arabie Saoudite d’un Premier Ministre irakien à Riyad depuis ces 25 dernières années.

Au cours de sa visite, les responsables irakiens et saoudiens ont discuté de diverses questions, dont la réouverture des frontières entre les deux pays, des formes d’association financière et un travail conjoint contre Daesh et d’autres groupes terroristes. Tillerson a aussi assisté à l’inauguration dui Conseil de Coordination irako-saoudien, qui va essentiellement servir à cette relance des relations suspendues depuis 2003, à cause du danger terroriste à Bagdad, puis du fait de l’orientation exclusivement pro-chiite et pro-iranienne du gouvernement Al Maliki.

“Ne pleurons pas sur le lait renversé. Quoi qu’il se soit passé est déjà dépassé. La bonne nouvelle estque nous sommes tous réunis ici afin de bâtir un avenir propspère et bénéfique pour nos deux pays », a déclaré le Ministre saoudien du commerce et de l’investissement Majid al-Qusaibi à Reuters.

 

Dernièrement, le gouvernement irakien a travaillé à restaurer ses relations avec les pays du golfe arabique, principalement l’Arabie Saoudite. Cependant,le gouvernement irakien cherche clairement à rétablir des relations plus équilibrées avec l’ensemble de ses voisins, sans en exclure l’Iran, mais en le réintégrant dans un ensemble plus vaste et plus diversifié.

Al-Abadi a quitté Riyad, le 22 octobre pour visité l’Egypte, le Premier Ministre devant aussi faire une escale en Jordanie et en Turquie (avec laquelle il est en parfait accord autour de la « question kurde »), dans les jours à venir. Ce faisant, il cherche à reprendre le contrôle sur les éventuels mouvements d’empathie envers la cause kurde qu’il étouffe, sans donner de points à ceux qui trouveraient, chez ce peuple, les talents d’un contre-poidsà l’expansion iranienne en Syrie… et  en Irak. Pour les Etats-Unis, prendre fait et cause pour Erbil dans la crise en cours consisterait à « lâcher la proie irakienne pour l’ombre kurde » et abandonner définitivement Bagdad à Soleimani. On est donc dans une tentative généralisée de rééquilibrage, les Arabes reprenant langue avec Al- Abadi, tout en l’éloignant pas à pas de sa tutelle perse…

D’autre part, Tillerson s’est entretenu avec son homologue saoudien sur la persistance de deux autres crise : celle meurtrière du Yémen et celle diplomatique entre les pays du Golfe et le Qatar, qui s’est rapproché de la Turquie et de l’Iran, dans l’intervalle. Les claculs américains semblent se cantonner, à ce stade, à éviter un jeu de dominos ou des chaises musicales au son de la chanson : « les amis de mes amis » et vice-versa, où chaque crise successive risque de voir un pays anciennement « allié » balancer de l’autre « côté de la barricade », soit du côté de l’Iran, soit du côté de la Russie…

©JForum avec agences.

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