Une terouma est une offrande mais les commentateurs ont fait, à propos des trois premiers versets de cette péricope des remarques grammaticales pour essayer d’expliquer à tous le sens caché de ce texte d’apparence très simple et pourtant d’un niveau si élevé.

En prenant en considération les quatre niveaux d’acception de la Torah que l’on désigne sous le sigle « PaRDèS » c’est-à-dire Pshatt le sens simple ou littéral, le Rémez ou le sens par allusion, le Drash ou sens par paraboles et le Sod ou sens caché, nous allons pouvoir disséquer le mot TEROUMA qui nomme la parasha et en effet : le texte de la Torah nous enseigne :
וידבר ה’ אל משה לאמור : דבר אל בני ישראל ויקחו-לי תרומה מאת כל-איש אשר ידבנו לבו תקחו את-תרומתי : וזאת התרומה אשר תקחו מאתם זהב וכסף ונחושת :
L’Eternel parla à Moïse en disant : Parle aux enfants d’Israël qu’ils prennent pour moi un prélèvement de tout homme que portera son cœur, vous prendrez mon prélèvement. Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux, l’or, l’argent et le cuivre.

Rashi fait remarquer que la racine du mot Terouma est « larom » (en hébreu actuel élever se dit leharim להרים ) c’est-à-dire élever tout comme dans le mot prélèvement fait-il remarquer en signalant aussi que terouma c’est également « hafrasha » qu’est-ce à dire ? Lorsque l’on fait une offrande, on prélève on prend une partie d’un tout et on sépare cette partie du tout c’est une hafrasha –raison pour laquelle certains désignent la halla que l’on prélève de la pâte à pain comme une terouma-.

Quel est le sens donc de ces mots soulignés en bleu dans le texte qui nous ordonne de prendre une offrande et ce de différentes façons ? S’il s’agit d’une offrande elle n’est pas à prendre il faut attendre qu’elle soit donnée et s’il faut la prendre presque de force c’est que ce qui est pris ne nous appartient pas.

En effet, même si nous vivons dans le leurre que quelque chose est à nous, en réalité, il ne nous appartient pas, rien ne nous appartient, tout est à D car c’est D qui nous a permis d’avoir les facultés d’arriver à ce que l’on est car c’est D qui nous a permis d’avoir ce dont nous disposons et non pas ce que nous avons.

Les biens terrestres dont il nous est permis de jouir ne sont qu’un prêt pour lequel nous aurons des comptes à rendre le moment venu, car comme il en est question dans la parasha précédente « mishpatim », l’homme doit procéder au maasser c’est-à-dire de prélever la dîme pour faire la tsedaka qui n’est pas une charité comme on le traduit souvent mais qui est une tentative si on peut s’exprimer ainsi de rétablir la justice entre les hommes pour essayer de faire en sorte que celui qui en a les moyens puisse aider celui qui n’a pas les moyens à subvenir à ses besoins.

Si donc ce que nous « avons » ne nous appartient pas comment ferons-nous une offrande ? C’est que nous avons le devoir d’essayer de nous élever, d’élever notre âme, vers des sommets de sainteté, car nous devons nous efforcer de nous élever de lever nos bras comme si nous avions voulu nous élancer vers l’Absolu et c’est dans ce sens que nous devons faire une offrande.

C’est par ce raisonnement que nous pourrons comprendre pourquoi le texte répète à trois reprises le mot offrande et le verbe « prendre » tout en présentant de légères différences car il y a une condition à cette terouma : אשר ידבנו ליבו. C’est que chaque individu présente son offrande de « bon cœur » : l’offrande doit se faire volontiers (du mot nedava don) et par amour pour le Créateur. En ce sens un autre mot vient nous parler de la façon que l’on met à donner : selon son cœur. C’est donc par amour pour D que nous devons chercher à nous élever par le biais d’une offrande jusqu’aux sphères supérieures.
Ces offrandes qui sont obligatoires sont minimes de manière à mettre pauvres et riches au même niveau c’est pour cela aussi que le dénombrement (voir parashat shekalim) le demi shekel (mahatsit hashekel) est imposé et c’est avec lui qui aura été offert par tous, que les bêtes présentées aux sacrifices seront acquises, de même que les vêtements sacerdotaux et tout ce qui servira au fonctionnement quotidien du Temple.

Les offrandes sont à prendre de tout un chacun et, pour la troisième terouma chacun aura le devoir d’offrir parmi les fournitures énumérées ce qu’il aura envie d’offrir, encore une fois, selon ses moyens.
Le midrash nous rapporte d’ailleurs une très belle histoire en nous confiant que les femmes ont offert pour la construction du Temple, des ustensiles en cuivre parce que, lorsque les Hébreux étaient encore en Egypte et que les maris rentraient chez eux harassés par le labeur quotidien, les femmes se servaient de leurs ustensiles en cuivre pour se faire belles et encourager leur mari à procréer.

C’est pour honorer la vertu de ces femmes que des ustensiles en cuivre offerts par les femmes eurent une part dans la construction du Temple.
Ce Temple qui va être la Maison de D. Mais n’est-ce pas un contre-sens de construire une maison pour D ? En fait, le Temple va servir à permettre aux humains de mieux se concentrer ou mieux d’imaginer que D siégeant au-dessus du Sanctuaire, l’homme va se hisser vers la Sainteté, vers l’Ineffable.
Le Zohar va nous donner son interprétation du mot Terouma. Le Zohar va décomposer le mot en tarom ha c’est-à-dire élève le HE qui est l’une des lettres du Tétragramme (ou nom de D qui s’écrit en 4 lettres hébraïques et que le Zohar scinde en deux parties : les deux premières qui résideront dans les sphères supérieures et les deux dernières dans ce monde-ci parmi les hommes) la réflexion du Zohar nous permet de comprendre le mot terouma en tarom hé c’est-à-dire élève le hé de la deuxième partie du Tétragramme des sphères inférieures vers les sphères supérieures. C’est ainsi que D va séjourner parmi Ses enfants qui s’efforceront à s’élever vers la Sainteté.

 

Caroline Elishéva REBOUH

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