La parasha de cette semaine, Terouma,  aborde le sujet de la construction du « Temple » qui accompagnera le peuple juif dans toutes ses pérégrinations jusqu’à ce que le roi Salomon construise le premier Temple à Jérusalem.

Afin que chaque personne se sente attachée au Temple (ambulant ou fixe), HaShem demande des offrandes de la part de chacun, selon son cœur et de chacun selon ses possibilités matérielles. La différence lexicologique entre l’un et l’autre des verbes latet et litrom est très significative. Nous tenterons, ici, d’en extraire le sens.

La Torah énonce :

וְיִקְחוּ-לִיתְּרוּמָה: מֵאֵתכָּל-אִישׁאֲשֶׁריִדְּבֶנּוּלִבּוֹ, תִּקְחוּאֶת-תְּרוּמָתִידַּבֵּראֶל-בְּנֵייִשְׂרָאֵל

Invite les enfants d’Israël à me préparer une offrande de la part de quiconque y sera porté par son cœur, vous recevrez mon offrande.

Dans le verset hébraïque est employé le verbe « prendre »  ( ויקחו) et non pas le verbe « donner » (לתת). Que cela veut-il nous enseigner ?

Tout ce qui existe est à notre disposition de par la grâce divine  y compris les moyens dont nous disposons pour notre subsistance mais, rien n’est garanti à aucun d’entre nous et tout est éphémère.

Lorsque D met Sa confiance en quelqu’un et met chez quelqu’un, en dépôt, une somme d’argent c’est, en quelque sorte, pour examiner la conduite de ladite personne en possession de cet argent : va-t-il en profiter pour s’enrichir et tout garder par devers lui ? Ou bien, va-t-il en profiter pour  donner du bien-être à ceux qui n’en ont pas ? Va-t-il aider les plus faibles et en profiter pour renforcer ceux qui étudient la Torah ?

En ce cas, celui qui donne de son argent, en recevra aussi en retour comme l’affirment les commentateurs du célèbre verset de la Torah  dans la parasha de Ki Tissa à propos du mot « venatenou » que l’on peut lire de la même façon à l’endroit ou à l’envers car cela signifie que ce que l’on donne revient  vers soi en signe de bénédiction :

כִּיתִשָּׂאאֶת-רֹאשׁבְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, לִפְקֻדֵיהֶם, וְנָתְנוּאִישׁכֹּפֶרנַפְשׁוֹלַיהוָה, בִּפְקֹדאֹתָם

Le mot לתת en hébreu montre de façon graphique avec la lettre lamedsuivie de deux fois la lettretavque celui qui donne au nom d’HaShem (valeur du Tétragramme =26[1]) et, comme on peut le voir, les deux lettres tav sont écrites comme si l’une donne la main à l’autre.

De plus, la mitsva du demi-shekel que chacun doit donner (en signe de dénombrement et, utilisé pour le fonctionnement du Temple se dit en hébreu : מחצית השקל (mahatsithhashekel). En découpant le mot « mahatsith » nous trouverons des indications troublantes venant confirmer  le demi verset des Proverbes de Salomon : « la Tsedaka sauve de la mort » (Mishlé X, 2 ou XI, 4).

En effet, le mot demi s’écrit ainsi: מחציתla lettre qui s’inscrit au centre du mot est le tsadik initiale du mot tsedakade chaque côté de cette lettre se trouvent le heth et le youd qui forment le mot hay (vivant)  et, plus loin de la lettre tsadik se trouvent les lettres mem et tav qui, ensemble, forment le mot  met (mort)  ce qui revient à dire qu’en faisant la tsedaka on compte parmi les vivants et que, de plus, la tsedaka peut sauver la personne de la mort.

La tsedaka ne se donne pas sans compter : la Torah fixe des limites : de 10 à 20 % du revenu net après avoir payé ses impôts et autres frais fixes.

Pourquoi est-il spécifié que chacun doit faire une offrande selon son cœur ?

On donne avec sa main et on offre avec son cœur et, en aucun cas, ici, n’intervient la pensée.  L’empathie doit intervenir et le souhait d’aider à rétablir une justice sociale en pratiquant la tsedaka mot que l’on traduit indument par charité. Pourquoi la Torah demande-t-elle : de prendre pour HaShem une offrande ?  Car, on pratiquera une offrande sur ce qu’HaShem nous donne pour faire un prélèvement. Ce mot se rapproche vraiment du mot hébraïque terouma car dans ce vocable se trouve la racine « rom » qui signifie élever comme dans prélèvement se trouve la racine lever. En faisant un prélèvement, on élève l’offrande à un niveau spirituel (רוחני) en la vouant à un degré de sanctification.

La terouma tout comme la tsedaka est un acte qui, le rappelle Maïmonide est participatif ainsi, lorsque le Créateur a voulu détruire Sodome et Gomorrhe, D a annoncé Son intention à Abraham dont la vertu de défendre son prochain était telle que D a voulu entendre le patriarche se porter à  la défense  de ces créatures qui avaient d’ores et déjà été condamnées mais l’important était l’intention.

Dans la liste des matériaux qu’il est possible d’offrir se trouve l’or. L’or est l’illustration de la rigueur et de l’attribut de Jugement (מידת הדין[2]). Pendant que Moïse recevait la Torah au Sinaï, certains se sont tristement illustrés par tout ce qui a concerné le veau d’or.  Lors de la sortie d’Egypte, les enfants de Jacob, qui, pendant les 210 années d’esclavage, n’avaient pas perçu de salaire, s’étaient remboursés avec les vases d’or et d’argent des Egyptiens.  Néanmoins, ils s’empressèrent de donner tout cet or nécessaire à l’érection du Tabernacle.

Abordons, à présent, un verset qui n’est pas souvent interprété comme nous le verrons ci-dessous :

ועשו לי מקדש ושכנתי בתוכם

Ils me feront un sanctuaire et Je résiderai au milieu d’eux

Ici, on explique ce verset par le tsimtsoum de la Shekhina[3]. En réalité, laShekhina ne se trouve pas seulement dans le mishkan mais aussi elle se trouve au milieu de chacun d’entre nous et qu’ainsi chacun puisse se forger un « intérieur » doté de bonté et de piété afin que D puisse trouver dans le cœur de chaque être humain un lieu où résider en pureté et sainteté car Il a créé l’homme  בצלם אלוקים : à l’image de D.

Caroline Elishéva REBOUH

 

 

 

[1] La lettre lamed dont la valeur est de 30 n’a une valeur graphique que de 26 car elle est formée d’un kaf et d’un vav (20+6=26).

[2] Lorsqu’une jeune-fille va prendre époux on a coutume de ne la parer que de bijoux en argent qui représente la Miséricorde pour que cette union qui sera consacrée se fasse sous les meilleurs auspices.

[3] La Présence divine se contracte à un point qu’elle peut être contenue dans le Mishkan (Tabernacle).

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