Shin Bet : le Hamas pourrait frapper fort©

Le rapport sur les menaces terroristes fruit des activités de renseignement d’Israël en 2017 indiquent quel est le principal danger pour ce début 2018: le Hamas tente de mener à bien des attaques à grande échelle en Israël ou en Cisjordanie.

L’Agence générale de sécurité d’Israël, ou comme on l’appelle communément, le Shin Bet, qui est responsable de la prévention des attentats terroristes en Israël et en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans la péninsule du Sinaï, a publié son rapport de 2017 qui dévoile quel est le principal défi auquel il faut s’attendre dans les mois à venir. Les principaux points ont été présentés par son chef, Nadav Argaman, la semaine dernière lors d’une séance à huis clos de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset.

Voici certains points importants du rapport, qui traitent des danger qui risquent d’affecter Israël, l’Autorité palestinienne et le Moyen-Orient dans un proche avenir. Ils sont basés sur des conversations avec des sources au sein du Shin Bet et des Forces de défense israéliennes (IDF) au cours de la dernière semaine.

Concernant l’escalade de la violence après la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, l’évaluation du renseignement israélien est que la violence diminue clairement d’une semaine à l’autre. Le report répété de la visite du vice-président américain Mike Pence à Jérusalem (en raison du vote du Sénat sur le projet de loi sur les réductions d’impôts) a contrecarré les intentions de certains partis de multiplier les protestations.

Selon la Direction des renseignements militaires israéliens (MID), les tentatives de lier la déclaration de Trump aux éléments religieux (islamiques) concernés par le caractère sacré de Jérusalem (à savoir que Trump avait déclaré une guerre religieuse contre l’islam) ont échoué. La déclaration de Donald Trump demeure une question politique lourde et sérieuse, mais ce n’est pas une question religieuse et, par conséquent, la violence potentielle est relativement limitée.

Cependant, les sources du renseignement estiment que la capacité de l’Amérique à passer pour un médiateur honnête entre les Israéliens et les Palestiniens est devenue encore plus ténue, et qu’un manque absolu de confiance règne entre l’Autorité palestinienne et l’administration Trump.

Ces dernières semaines, après la découverte et la démolition par les Forces de Défense Israéliennes d’un certain nombre de tunnels creusés par diverses milices de la bande de Gaza en Israël dans le but de commettre des attentats terroristes, et l’assassinat de nombreux membres de ces milices, les communautés israéliennes ont été visées par des roquettes tirées de Gaza à plusieurs reprises. Ces attaques n’ont causé ni pertes humaines ni dégâts, mais le tir des roquettes a de facto rompu le cessez-le-feu qui prévalait dans la région depuis longtemps.

Néanmoins, le Shin Bet et le MID pensent que le Hamas à Gaza n’est pas intéressé par une nouvelle confrontation militaire significative avec Israël.

Le Hamas à Gaza a arrêté de nombreux membres de mouvements djihadistes rivaux (groupes dissidents salafistes s’identifiant à Al-Qaïda, Daesh, le Jihad islamique et autres) et a même utilisé la violence contre eux pour les empêcher de tirer des roquettes sur Israël.

Le Hamas en Cisjordanie et à l’extérieur des territoires palestiniens a mené un programme totalement contraire de celui de l’organisation terroriste Hamas de Gaza et il serait au contraire extrêmement impatient de mener des méga-attaques terroristes contre Israël.

Leur logique, selon l’évaluation israélienne, est que des actions significatives contre Israël à partir de Gaza provoqueraient une réponse israélienne qui pourrait nuire ou même saper la domination du Hamas dans la bande.

Une opération contre Israël à l’intérieur ou à l’extérieur de la Judée et de la Samarie affaiblirait le contrôle de l’Autorité palestinienne et la capacité de réponse d’Israël serait limitée. Une attaque israélienne contre l’AP dominée par le Fatah aurait un double avantage pour le Hamas. Il y a donc un effort sans précédent en cours de la part du Hamas à Gaza et des branches du Hamas en dehors d’Israël, pour lancer des attaques en Cisjordanie.

Le commandant du Hamas à l’étranger est Salah Arouri. Né dans le village d’Aroura, dans la région de Samarie, il a été chef du Hamas en Cisjordanie. Il a récemment été promu au poste de vice-président de l’organisation, ce qui témoigne de l’importance que le Hamas attribue à cette région.

Arouri passe son temps à voyager entre le Qatar, la Turquie et le Liban. Le renseignement israélien le surveille et étudie les instructions qu’il donne et ses efforts pour lancer des attaques, y compris les attentats suicides dans les centres commerciaux, les bus et autres lieux bondés de civils.

En 2017, le Shin Bet a découvert et démantelé pas moins de 148 cellules du Hamas en Cisjordanie, un nombre énorme selon toutes les normes. L’interrogatoire de ces miliciens a mis en lumière huit plans détaillés d’enlèvement de soldats ou de civils israéliens.

Au total, en 2017, le Shin Bet affirme avoir découvert et déjoué 400 attaques terroristes qui étaient en préparation en Cisjordanie. Lors de sa comparution devant le Comité des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le directeur du Shin Bet, Nadav Argaman, a évoqué un «calme trompeur» qui prévaut actuellement dans la région.

Selon une source de renseignements de haut rang, « Le fait que les bus n’explosent pas tous les jours n’est pas le fait d’un manque de volonté, d’efforts, d’ordres ou d’investissements des ressources du Hamas, c’est plutôt le fruit d’une interdiction … Ce que les chefs du Hamas, ses QG à Gaza et à l’étranger, essaient de faire dès qu’ils se lèvent le matin et jusqu’à ce qu’ils s’endorment la nuit, c’est d’inciter au terrorisme le plus violent possible.

Le succès de ces mesures préventives prouve encore une fois que le Shin Bet bénéficie d’un avantage significatif sur ses adversaires. Cet avantage du renseignement, en coopération avec l’armée israélienne, la police israélienne et l’Autorité palestinienne, est ce qui a rendu possible l’efficacité de la prévention.

Malgré le succès, il y a deux difficultés saillantes qui assombrissent l’avenir et qui devraient être mentionnées. La première est que, bien que l’Autorité palestinienne coopère effectivement avec Israël en combattant le Hamas et en arrêtant ses membres, elle ne poursuit pas les terroristes et ne les garde pas en détention pendant de longues périodes.